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Brésil 1995-1996 Une situation économique à consolider Courant 1996, le doute persistait sur l'état de l'économie brésilienne, que le plan...

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« Brésil 1995-1996 Une situation économique à consolider Courant 1996, le doute persistait sur l'état de l'économie brésilienne, que le plan de stabilisation de Fernando Henrique Cardoso avait pourtant sensiblement transformé, depuis l'été 1994.

Certes, le second semestre 1995 s'est clos sur quelques bons indices.

L'inflation a poursuivi sa décrue: tombée à 28 %, elle a atteint son plus bas niveau depuis 1957.

Les recettes fiscales ont progressé d'un tiers par rapport à 1994.

Le montant des investissements étrangers (28 milliards de dollars) ont représenté environ 70 % du total de ceux opérés en Amérique du Sud.

Quant aux réserves monétaires, elles ont battu leur record historique (50 milliards de dollars).

Surtout, la valeur du real, nouvelle unité monétaire adoptée le 1er juillet 1994, est demeurée, malgré quelques menues dévaluations et un différentiel d'inflation négatif, supérieure à celle du dollar (il valait un dollar à sa création).

Des six monnaies introduites au Brésil entre1986 et 1994, elle aura ainsi été la seule à conserver à peu près sa parité par rapport à la devise américaine.

Ces chiffres ont cependant leur revers.

Ainsi, la surévaluation du real par rapport au dollar s'explique avant tout par une politique de crédit qui, à moyen terme, pourrait ruiner la stabilisation engagée et priver les Brésiliens les plus pauvres de la progression du pouvoir d'achat (environ 30 %) que leur a apportée le "plan real". Des taux d'intérêt exorbitants Mis en place durant l'été 1994, le "plan real" avait fait brutalement chuter l'inflation (elle était passée de 1 % par jour à 4 % par mois) et dopé la croissance.

Ces résultats prometteurs avaient du reste largement aidé le social-démocrate F.H.

Cardoso, concepteur de ce plan, à remporter l'élection présidentielle le 3 octobre 1994.

Mais au printemps 1995, plusieurs effets pervers étaient apparus.

La population, comme frustrée par des décennies d'inflation, avait soudainement recouvré confiance en l'avenir et s'était remise à consommer.

Délaissant l'épargne, elle s'était ruée sur le crédit.

Cette fulgurante progression de la demande (28 % au premier trimestre 1995) avait rendu la balance commerciale déficitaire. Souhaitant enrayer d'urgence cette tendance, le gouvernement taxa lourdement cent dix produits d'importation (notamment les automobiles) et, surtout, augmenta le loyer de l'argent.

Cette dernière mesure était d'autant plus nécessaire aux yeux des autorités qu'au même moment éclatait la crise mexicaine; l'État voulait absolument éviter la fuite des capitaux spéculatifs afin de compenser le déséquilibre de la balance courante (17,8 milliards de dollars fin 1995, soit 3,2 % du PIB) et de soutenir la monnaie.

Toutefois, les taux d'intérêt devenant parmi les plus élevés au monde (18 points de plus que ceux pratiqués sur les principales places internationales), ils interdisaient une croissance forte. De fait, alors que le taux de croissance du PIB avait progressé de 10,4 % au premier trimestre, il stagna à 0,2 % au quatrième trimestre et ne représenta finalement que 4,0 % sur l'ensemble de l'année.

Or si une telle croissance aurait pu satisfaire bien des pays occidentaux, elle demeurait insuffisante pour réduire le chômage.

D'autre part, les gains de productivité exigés par la compétition mondiale se sont une nouvelle fois soldés par des licenciements massifs.

Selon les experts, une baisse du chômage aurait exigé au moins 6 % de croissance.

Ce taux n'ayant pas été atteint et le secteur informel commençant à montrer des signes de saturation (38,6 % de la population active exerçaient en 1995 une activité économique non déclarée), l'emploi se dégrada rapidement: le taux de chômage était de 13 % dans l'État de São Paulo, pourtant fer de lance de l'économie du pays. En outre, les déficits des comptes publics se sont encore accentués (4,9 % du PIB fin 1995).

80 % à 90 % du budget fédéral et des États fédérés étant consacrés aux traitements des fonctionnaires, les autorités ont le plus souvent puisé dans les importantes réserves de la Banque centrale via des emprunts réalisés à des taux prohibitifs pour financer les indispensables programmes de développement, d'éducation (19 % de la population âgée de sept ans et plus est analphabète) et d'aide sociale (21 % des Brésiliens vivent dans l'extrême pauvreté). La dette interne s'est donc considérablement accrue (170 milliards de dollars en janvier 1996, soit 221 % de plus qu'en janvier 1995), hypothéquant d'autant plus les chances d'une stabilisation durable, que le Brésil - très dépendant à l'égard des capitaux étrangers - ne semblait pouvoir envisager une baisse rapide de ses taux.... »

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