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Canada 1990-1991: Requiem pour un fédéralisme désuet? Pendant que le Canada s'enfonçait dans la récession économique, au printemps 1990, seule...

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« Canada 1990-1991: Requiem pour un fédéralisme désuet? Pendant que le Canada s'enfonçait dans la récession économique, au printemps 1990, seule la saga constitutionnelle retenait l'attention.

L'accord du lac Meech - signé le 3 juin 1987 et qui vise à réintégrer politiquement le Québec dans la Constitution fédérale - échouait deux jours avant la fête nationale du Québec.

Cet énième rejet des revendications québécoises, au demeurant fort modestes cette fois-ci, devait y provoquer une fièvre nationaliste sans précédent, qui put s'exprimer fort joyeusement lors d'un défilé monstre à Montréal le 24 juin, jour de la fête nationale.

La nation québécoise semblait tout entière en marche. Cet été fleurdelisé prit fin abruptement, le 11 juillet 1990, avec l'assaut de la Sûreté du Québec contre les barricades érigées à Oka (en banlieue nord de Montréal) par les Mohawks, qui voulaient empêcher la construction d'un terrain de golf sur des terres qu'ils considèrent les leurs, même si la Justice en avait décidé autrement.

L'assaut se solda par la mort d'un policier et fut un échec total.

Les Mohawks de la réserve indienne de Kahnawake, en banlieue sud de Montréal, réagirent en dressant leurs propres barricades, bloquant ainsi l'accès au pont Mercier. Cet été indien permit au grand public de mieux connaître les frustrations amérindiennes: droits historiques bafoués, piètres conditions de vie, paternalisme blanc...

Le gouvernement canadien est juridiquement le tuteur des Amérindiens (au nombre d'environ 500 000) qui vivent sur des réserves, avec un régime fiscal et social différent. Une partie de l'intelligentsia du Canada anglais devait en profiter pour dénoncer le "racisme" des Québécois à l'égard des nations amérindiennes, alors que leurs conditions de vie au Québec sont les moins mauvaises du Canada.

La couverture généralement biaisée de l'été indien par la presse française devait également irriter l'opinion québécoise.

La Warrior Society, faction armée de la nation mohawk, contrôlait les barricades et les négociations avec les Blancs.

Mais leurs méthodes ont été très contestées à l'intérieur même de la nation mohawk et leurs revendications territoriales ont été jugées fantaisistes. La décision fédérale de donner les terres d'Oka aux Mohawks n'a pas suffi à désamorcer la crise. L'intervention de l'armée canadienne fut nécessaire pour mettre fin, en septembre 1990, à l'occupation du pont Mercier et aux barricades d'Oka.

Malgré des moments de grande tension, aucun coup de feu ne fut tiré.

Mais il fallut attendre mai 1991 pour que l'État fédéral annonce une révision complète de sa politique à l'égard des Amérindiens, dont les revendications autonomistes risquent de peser encore sur le débat constitutionnel. Constitution: retour à la case départ? Septembre 1990 devait réserver une surprise de taille.

Le Premier ministre de l'Ontario, David Peterson, déclencha des élections anticipées qu'il croyait pouvoir gagner facilement.

Mais le mécontentement à l'égard des hommes politiques "traditionnels" lui joua un mauvais tour et le NPD ontarien (Nouveau parti démocratique, social-démocrate) de Bob Rae remporta une nette majorité des sièges, quoique seulement 38% des voix.

Ainsi, la province la plus puissante du Canada distançait les Premiers ministres canadien (Brian Mulroney) et québécois (Robert Bourassa), le couple meurtri par l'échec de l'accord du lac Meech. Cela n'arrangea pas les choses au plan constitutionnel et économique.

Malgré la récession qui a frappé durement le coeur industriel du pays, Bob Rae n'a pas voulu oublier ses engagements: son premier budget a stupéfié les milieux d'affaires, car le déficit provincial est passé de 2,5 à 9,7 milliards de dollars. Brian Mulroney mit plusieurs mois à émerger de l'échec constitutionnel, tandis que le Québec menait la danse.

Robert Bourassa avait déjà créé le comité Allaire, au sein du Parti libéral, pour rechercher une alternative en cas d'échec des négociations du lac Meech.

Il dut également mettre sur pied une vaste commission, composée de parlementaires et de représentants en vue de la société québécoise, pour étudier l'avenir politique du Québec.

Une courte majorité de fédéralistes y siégeait.

Mais la fin du fédéralisme rentable, liée à la crise budgétaire du gouvernement fédéral, de même que les nombreux dédoublements administratifs entre Québec et Ottawa ont fait souffler un fort vent nationaliste sur les milieux d'affaires francophones, comme dans l'ensemble de la société.

De sorte que les souverainistes ont file:///F/Lycée/angui/3/450590.txt[13/09/2020 02:24:51] facilement remporté la ronde des audiences publiques. Mais Robert Bourassa est passé maître dans l'art de gagner du temps.

Pour faire taire la clameur publique réclamant un référendum sur la souveraineté du Québec dès 1991, il a fait accepter l'idée d'un référendum...

en 1992, à la fois par son parti et par la commission Bélanger-Campeau (commission parlementaire élargie mise en place après l'échec de la négociation de l'accord du lac Meech), puisqu'il convenait de laisser au Canada "une dernière chance" de faire au Québec une offre intéressante de renouvellement du fédéralisme canadien. Cependant, le rapport Allaire (la nouvelle position constitutionnelle du Parti libéral du Québec adoptée en mars 1991) a réclamé un fédéralisme.... »

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