« Car la poésie est dans la vie ». Pensez vous comme Eluard que « la poésie s'accommode (...) des...
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«
« Car la poésie est dans la vie ».
Pensez vous comme Eluard que « la
poésie s'accommode (...) des chevelures décoiffées, des mains rugueuses, des
victimes puantes, des héros misérables (...), toutes sortes de chiens, des balais,
des fleurs dans l'herbe, des fleurs sur les tombes » ?
Analyse du sujet et problématisation :
Paul Eluard est connu en tant que membre du groupe surréaliste, mais aussi en tant
que poète engagé, poète de la résistance, combattant la guerre et cherchant à redonner
un sens à la vie par sa poésie : la poésie est pour lui un véritable art de vie.
Ainsi affirmet-il que « la poésie est dans la vie » et qu’elle « s’accommode […] des chevelures
décoiffées, des mains rugueuses, des victimes puantes, des héros misérables […], de
toutes sortes de chiens, des balais, des fleurs dans l’herbe, des fleurs sur les tombes ».
A travers ces mots, Eluard envisage la poésie comme reflet sans détour de la vie
dans ce qu’elle a de plus vil et laid ( « chevelure décoiffées », « mains rugueuses »,
« victimes puantes », « chiens… balais »), dans ce qu’elle a de plus sombre et triste comme
le malheur et la mort ( « victimes…héros misérables… fleurs sur les tombes »), mais aussi
dans ses lueurs d’espoirs, lueurs représentées par l’évocation des « fleurs dans l’herbe ».
Notons que cette conception de la poésie se rapproche de la conception baudelairienne
d’une poésie de la modernité.
Problématique : La poésie doit-elle être un reflet fidèle de la vie, sans
artifices ni embellissement ?
Ce sujet met finalement en jeu la possibilité de la laideur et du quotidien en poésie
et la possibilité d’une poésie de la réalité non transfigurée.
I)
La poésie : une recherche du Beau, voire du Sublime, loin de
la médiocrité du réel
1)
La suprématie du « Verbe »
La poésie, venant du grec poïen signifiant « faire, créer », se présente à l’origine
comme le genre de la création verbale et de la suprématie du signifiant.
La poésie est l’art
de manier le langage afin d’en extraire originalité et beauté.
Elle est la recherche d’une
perfection formelle.
Le poète est un artiste et la poésie ne doit pas être utile, ne doit pas
se mêler du vulgaire.
La poésie, en tant que discipline artistique à visée essentiellement
esthétique se présente comme une fin en soi.
Ex :
·
Les théoriciens et praticiens de l'art pour l'art, partageant la conviction que
« l'art vit de contraintes et meurt de liberté », comme le dira Paul Valéry.
·
Mallarmé et son désir de « donner un sens plus pur aux mots de la tribu »
et de relever des défis formels ( cf.
Le sonnet en X)
2)
« De la musique avant toute chose »
La musicalité apparaît comme ce qui fonde le genre poétique, et comme la meilleure
mise en valeur des mots.
La poésie est donc musique, comme l’affirme Verlaine dans son
Art poétique.
On note une importance du rythme et de la rime dans la tradition poétique.
La poésie est marquée par l'oralité et la musique de ses origines puisque la recherche de
rythmes particuliers, comme l'utilisation des vers, et d'effets sonores, comme les rimes,
avait une fonction mnémotechnique pour la transmission orale primitive.
La poésie est
placée à la fois sous l’égide d’Apollon (dieux des arts, jouant de la lyre et patron des Muses)
et d’Orphée (symbolisant la musique avec sa flûte).
Cette tradition du mètre et de la rime
poétiques se retrouve des origines de la poésie jusqu’à nos jours.
Ex :
·
L’emploi de certaines figures de style comme l’assonance ou l’allitération ainsi
que la présence de refrain dans certaines poésie (ex : Le Pont Mirabeau
d’Apollinaire) témoigne de cette musicalité de la poésie.
·
La poésie verlainienne des Romances sans Paroles
è la poésie semble donc être uniquement dans la musique
3)
Le poète : un transfigurateur du quotidien et un découvreur de
merveilles
La poésie n’est pas à trouver dans la vie même, mais elle sert à transfigurer le
quotidien, en proposant une évasion de la morosité de la vie.
Le poète se présente donc
comme un transfigurateur du quotidien et un découvreur de merveilles.
La poésie vise à
une transfiguration de la réalité par le langage, par le pouvoir des mots.
Elle a une fonction
métaphorique et une puissance d’évocation qui tendent à transporter le lecteur dans un
monde imaginaire.
Elle cherche donc à transcender le monde quotidien par les images
qu’elle invente.
La poésie est donc souvent une « invitation au voyage », pour reprendre
le titre du poème Baudelairien.
Ex : Etudier le poème de Baudelaire « L’invitation au voyage » véhiculant un
exotisme sensuel.
Cette dimension artistique de la poésie est aussi traditionnellement associée au "
don de poésie ", c'est à dire à une fonction quasi divine du poète inspiré, en relation avec
le sacré, qui se présente comme un décodeur de l'invisible, éclairant les hommes sur les
vérités du monde.
Ex : Rimbaud et sa conception du poète-voyant : le poète, « voleur de feu » et
déchiffreur de l’inconnu.
( étudier ici la Lettre à Paul Demeny, dite « Lettre du
Voyant »)
II)
Cependant, la poésie est souvent un reflet fidèle de la vie…
La poésie évoque souvent les différents âges et moments de la vie dans un désir
d’universalité.
1)
La poésie lyrique : une évocation à vocation universelle des
différents moments de la vie
La tradition lyrique fait souvent de la poésie le lieu de l’évocation des grands
moments et sentiments de la vie.
Le poète lyrique transmet son expérience personnelle
mais, à travers celle-ci, il vise une expérience universelle : « quand vous je parle de moi,
je vous parle de vous » affirme Victor Hugo dans la préface des Contemplations.
Les grands
thèmes lyriques sont ainsi la naissance de l’amour, le désespoir amoureux, le rapport au
temps et à la mort.
Ex :
·
La poésie ronsardienne : l’évocation de la blessure amoureuse
dans « comme un chevreuil » (Les Amours de Cassandre) ou de la mort
dans « Je n’ai plus que les os » ( Derniers Vers), poème où Ronsard élève
l’évocation....
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