Césarisme Le terme «césarisme» fut employé pour la première fois par François Auguste Romieu dans L'Ere des Césars, en 1850....
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«
Césarisme
Le terme «césarisme» fut employé pour la première
fois par François Auguste Romieu dans L'Ere des Césars,
en 1850.
Il désigne un système de gouvernement comparable à celui qui fut instauré par César: le pouvoir d'origine démocratique est exercé sans partage par un
homme.
Il diffère donc de la monarchie française en ce
qu'il a son fondement non point dans le droit divin, mais
dans une désignation populaire.
Le concept a été utilisé par Mommsen.
dans son Histoire romaine et, au XIXe comme au xxe siècle, par ceux
qui entendaient disqualifier un pouvoir qu'ils réputaient
trop personnel.
Ainsi, le reproche de césarisme a été
souvent adressé au premier et au second Empire français.
Le mot évoque évidemment d'abord Jules César, qui
d'ailleurs fut dictateur sous la république, et tous ceux qui
lui succédèrent après un intervalle d'une quinzaine d'années, mais il porte aussi à réfléchir sur la notion plus
ancienne et plus générale de tyrannie, et d'abord sur le
type de royauté que connut l'antiquité gréco-romaine.
La royauté
La royauté primitive avait, en Grèce comme en Italie, un caractère sacerdotal.
Les premiers rois ne s'imposèrent point par la force, mais leur autorité était liée.
à l'origine de la cité.
Dans La Cité antique, Fustel de
Coulanges constate: « L'autorité découla, ainsi que le
dit formellement Aristote, du culte du foyer.
La religion
fit le roi dans la cité comme elle avait fait le chef de
famille dans la maison.
La croyance, l'indiscutable et
impérieuse croyance, disait que le prêtre héréditaire du
foyer était le dépositaire des choses saintes et le gardien
des dieux.
Comment hésiter à obéir à un tel homme? »
On voyait dans le roi un intercesseur auprès des
dieux et, la religion prescrivant que le fils succédait au
père pour entretenir le foyer - dans une famille
comme dans une cité - la royauté fut naturellement
héréditaire.
Puis les croyances sur lesquelles ce système politique
était basé s'affaiblirent.
Les hommes qui se trouvaient
exclus du système devinrent de plus en plus nombreux.
Les rois furent renversés successivement, dans les
diverses cités grecques, entre la fin du VIIIe et le
ye ·siècle.
Les familles royales d'ailleurs, quand elles
subsistèrent, demeurèrent honorées en raison de leur
caractère sacré.
On fera mention particulière de Sparte : deux rois
appartenant à des familles différentes (les Agides et les
Euripontides), prétendant chacune descendre d'Héraclès, y régnaient en même temps.
Leur pouvoir héréditaire passait au fils né après l'avènement du père ou, à
défaut, au plus proche parent de la branche masculine.
Réunissant au début tous les pouvoirs (religieux, militaire et judiciaire), les rois de Sparte ne conservèrent
par la suite que des attributions honorifiques (la constitution de la cité, élaborée, pense-t-on, par Lycurgue au
IXe siècle avant J.-C., demeura à peu près inchangée
jusqu'à la domination romaine).
L'époque de la royauté à Rome (753-509 avant J.-C.)
demeure mal connue: l'histoire a été souvent déformée
par les grandes familles romaines dans le souci de
rehausser l'éclat de leurs origines.
Après Romulus, le
fondateur, Rome connut six rois: le dernier; Tarquin le
Superbe, fut chassé par le peuple et la république fut
proclamée.
Le roi n'était pas· héréditaire mais proposé par le
sénat après consultation des dieux et élu par les
comices (voir à Forum).
Il était le chef de l'armée et de
la diplomatie, pouvait présenter: des projets de lois,
condamner, sans recours possible, à la prison ou à
l'amende, et il faisait les sacrifices les plus solennels.
II
circulait en char, portait toge de pourpre, couronne
d'or et sceptre.
Les autres insignes de son pouvoir
étaient la chaise curule, sorte de pliant démontable en
ivoire, et les faisceaux - .
verges liées autour d'une
hache, symbolisant son droit de vie et de mort sur ses
sujets - portés par douze licteurs ou appariteurs (le
mot «fascisme» provient de ces faisceaux romains).
La tyrannie
Dans les cités grecques, après la disparition des rois,
il arrivait fréquemment qu'un groupe limité de citoyens
riches et puissants contrôle le pouvoir et en abuse.
Alors, pour s'en défaire, le peuple se donnait un chef
que l'on appelait tyran: c'était un monarque qui tenait
son autorité non d'une fonction religieuse, mais de
l'élection ou de la force.
L'apparition des tyrans dans la
vie politique grecque illustre un principe nouveau: des
hommes obéissent à un autre homme sans que le pouvoir de celui-ci soit lié à l'exercice d'un culte.
II y avait
certainement des raisons économiques à la tyrannie.
Claude Massé retient la crise agraire comme un facteur
de déséquilibre dans le monde grec du vne siècle avant
J.-C.: la situation dégradée des petits paysans, les boule.versements économiques et structurels résultant du
développement de la production marchande expliquent
souvent le recours aux tyrans.
Ceux-ci se posent en
défenseurs du peuple, mais aussi, ils se conduisent en
despotes.
Un tyran de Corinthe ayant demandé un jour
des conseils sur le gouvernement à un tyran de Milet,
celui-ci coupa les épis de blé qui dépassaient les autres
dans un champ: ce geste signifiait qu'il fallait frapper
les têtes s'élevant au-dessus du lot, l'aristocratie.
Le
peuple détestait souvent la société aristocratique, fondée sur les liens du sang et dont il était exclu: pour
cela, il mettait en place une tyrannie qu'en général il
n'aimait guère et qu'il ne conservait pas longtemps.
« Le tyran, dit Aristote, n'a pour mission que de
protéger le peuple contre les riches; il a toujours
commencé par être un démagogue et il est de l'essence de
la tyrannie de combattre l'aristocratie.»
Le tyran était donc l'ennemi des riches, mais
contraint, pour se maintenir au pouvoir, de toujours
donner aux pauvres, il se trouvait immanquablement
porté à gouverner avec violence et cruauté.
Il était un
homme seul, vivant dans une petite cité, au milieu de
ses sujets, sans intermédiaires, et exerçant directement
et personnellement tous les pouvoirs.
Pratiquement,
toutes les cités grecques connurent la tyrannie à un
moment de leur histoire.
II y eut toutefois quelques
tyrans bienveillants: Pisistrate, par....
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