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Chant d,automne (I) Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres; Adieu, vive clarté de nos étés trop courts ! J'entends...

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« Chant d,automne (I) Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres; Adieu, vive clarté de nos étés trop courts ! J'entends déjà tomber avec des chocs funèbres Le bois retentissant sur le pavé des cours. 5 Tout l'hiver va rentrer dans mon être: colère, Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé, Et, comme le soleil dans son enfer polaire, Mon cœur ne sera plus qu'un bloc rouge et glacé. J'écoute en frémissant chaque bûche qui tombe; 10 L'échafaud qu'on bâtit n'a pas d'écho plus sourd. Mon esprit est pareil à la tour qui succombe Sous les coups du bélier infatigable et lourd. Il me semble, bercé par ce choc monotone, Qu 'on cloue en grande hâte un cercueil quelque part... 15 Pour qui ? - C'était hier l'été; voici l'automne ! Ce bruit mystérieux sonne comme un départ. In Les Fleu'rS du Mal Spleen et idéal. QUESTIONS 1 - Obseroez l'emploi des pronoms personnels et des adjectifs possessifs de la première personne dans le poème.

Que constatez-vous ? La constatation la plus évidente concernant l'emploi des pronoms personnels et des posses~ifs est la suivante : dans les deux premiers vers du poème c'est la première personne du pluriel qui est employée : "Bientôt nous plongerons", "nos étés trop courts".

Puis c'est la disparition définitive du pluriel pour le singulier: ''.J'entends déjà", "j'écoute", "mon être", "mon coeur".

Le passage de "nous" à "je" marque le rapide abandon de considérations générales pour l'expression d'une angoisse individuelle. 2 - Qu 'ont en commun les deux expressions "enfer polaire" et "bloc rouge et glacé"? Les deux expressions "enfer polaire" et "bloc rouge et glacé" ont ceci de commun qu'elles sont constituées de termes antithétiques : "enfer" et "rouge" renvoient à l'idée de chaleur, tandis que "polaire" et "glacé" évoquent le froid.

Nous avons affaire à des alliances de mots ou -oxymores. - - - - COMMENTAIRE COMPOSÉ - - - Introduction - Présentation du texte -Annonce du plan Abondamment exploité par les écrivains français, de Rousseau à Laforgue en passant par Chateaubriand, Lamartine et Verlaine, pour ne citer que les plus célè-bres, le thème de l'automne a souvent été l'occasion de compositions lyriques où s'exprime un accord teinté de mélancolie entre le poète et le paysage.

Une sympathie secrète entre le promeneur méditatif et un décor portant la marque du déclin donne lieu à des réflexions où la tristesse se nuance d'un sentiment de communion avec la nature panaché d'un soupçon de complaisance.

Avec le Chant d'automne de Baudelaire où l'automne s'annonce, du fond d'une chambre, par le bruit des bûches qu'on rentre en vue de la saison froide, la mélancolie cède la place à la révolte et à l'angoisse.

Ces sentiments s'expriment notamment par des termes, des images et des sonorités à partir desquels s'organisent trois thèmes dominants et successifs : la chute, l'invasion, et la mort. 1-La chute La chute, qui est d'abord celle des bûches déchargées des chariots, se trouve développée et amplifiée dès le premier vers où elle prend une dimension collective et catastrophique, comme si le globe terrestre était au bord de sombrer corps et biens dans un abîme 1-Le bord de glacial et obscur : placé à l'hémistiche, le terme "plonl'abîme gerons" est dramatique à souhait, ainsi que le mot "ténèbres", opportunément disposé à la fin du vers ; enfin, "la clarté de nos étés" encadré par les groupes de deux syllabes Adieu" et "trop courts" offre un contraste propre à souligner le caractère irréversible de la plongée dans la nuit. La chute des bûches apparaît ainsi comme un signe avertisseur de notre disparition imminente dans l'abîme, menace dont la présence est soulignée, au fil du 2 - Effet d'accépoème, par un effet d'accélération : ainsi, "Bientôt" se lération trouve repris par "déjà" (au vers 3), relayé par le futur immédiat du vers 5, "va rentrer"; c'est enfin le présent du vers 15, "on cloue en grande hâte", et l'annonce du vers 15, "voici l'automne". Ce thème de la chute réapparaît, en outre, dans la strophe 3 à travers l'image de "la tour", assimilée à 3- La tour l'esprit de !'écrivain, qui va proprement s'effondrer sous les assauts d'un "bélier". Cette chute, cependant, n'est pas seulement physique, elle est aussi morale : à l'instar du soleil, en effet, 4 - Chute morale qui va rejoindre son "enfer polaire", expression où le terme d'enfer est à prendre dans son sens étymologique (sous la terre) et théologique (lieu de désespoir et d'expiation), le poète lui-même va subir une dégradation morale, un rétrécissement, réduit qu'il sera à la dureté et à la froideur : "Mon cœur ne sera plus qu'un bloc rouge et glacé".

Le caractère saisissant de cette chute est bien exprimé par les deux alliances de mots que sont "enfer polaire" et "rouge et glacé". C'est ainsi que se trouve développée, à _partir de la sensation auditive du choc des bûches, l'idée d'une chu- Conclusion partielle et te physique et d'une chute morale qui intéressent aussi transition bien l'univers que la personne du poète lui-même.

Le thème de la chute, cependant, cède la place, à partir de la deuxième strophe à celui de l'invasion. II - L'invasion 1-Première image 2-Deuxième image 3 - Dimension morale 156 Cette invasion se trouve évoquée par le biais de deux images essentielles dont l'une appartient plutôt au registre du naufrage et du viol, l'autre au monde de l'art militaire.

La première, qui est développée vers 5 et 6, suggère une coque totalement envahie par l'eau froide ("Tout l'hiver" ainsi que l'expression "dans mon être" indiquent bien que l'individu est irrémédiablement.... »

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