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CHAPITRE Il: ADRIENNE Des rêveries aux mirages: privilèges d'un instant ? ■ij:j.iljf'ii:j Le héros-narrateur rentre se coucher, mais il ne...

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« CHAPITRE Il: ADRIENNE Des rêveries aux mirages: privilèges d'un instant ? ■ij:j.iljf'ii:j Le héros-narrateur rentre se coucher, mais il ne peut dor­ mir; sommolant à demi, il est assailli par ses souvenirs.

Il se remémore un « château du temps de Henri IV», avec une grande place, au moment du soleil couchant.

Il y a une ronde de jeunes filles qui chantent; il s'y revoit avec Sylvie.

Selon les règles de la danse, il doit donner un baiser à la belle Adrienne, et celle-ci doit chanter.

La nuit descend sur le pay­ sage embrumé.

Le héros est sous le charme ...

Il couronne Adrienne de lauriers.

La jeune fille, d'ascendance royale, rentre au château pour, le lendemain, rejoindre son couvent. C'est le drame: Sylvie pleure de jalousie.

Le rêveur retrou­ vera son collège parisien, ému par une double image.

Celle d'Adrienne l'emporte, mais il ne la reverra plus; elle est consa­ crée désormais à la vie religieuse. Le titre de ce chapitre diffère du précédent: c'est un premier nom de personne, et nous verrons la personne; et, à travers elle, le pays pour la première fois nommé dans le texte : le Valois. Rêverie plutôt que rêve Dans son lit, le héros-narrateur ne parvient pas à se reposer; ce moment est important puisqu'il est noté non à l'aide d'imparfaits descriptifs, mais avec des passés simples ponctuels.

L'absence de sommeil permet une activité spécifique de l'intellect que Nerval définit comme la rêverie (en utilisant le présent gnomique ou de vérité générale) ; «l'esprit résiste» aux « bizarres combinaisons du songe» : cela suppose volonté et lucidité pour déjouer les illusions, les mensonges de l'irrationnel.

Il existerait, notons-le, un bon usage de la rêverie car elle « permet souvent de voir se presser en quelques minutes les tableaux les plus saillants d'une longue période de vie»; c'est-à-dire qu'elle s'accompagnerait d'un phénomène de concentration temporelle au cours duquel le passé laisserait entendre ses échos (conséquence vraisemblablement de cette concentration : ce rappel des événements d'autrefois est encore indistinctement daté- mais, relativement au plan temporel zéro de la narration et des faits racontés depuis le début de la nouvelle, ce souvenir d'Adrienne nous fait remonter plusieurs années en arrière, à l'époque où le narrateur faisait ses études).

Nous passons donc ici du souvenir, revécu à la fin du chapitre I, aux rêveries ; rêverie mnémonique consciemment recréée, puisqu'il s'agira d'une représentation. Dans cet «état» de demi-somnolence ou de demi-veille, le narrateur-rêveur fait surgir un décor aux composantes typiquement nervaliennes: - « un château du temps de Henri N » ; le château est le lieu d'une quête toujours recommencée chez cet écrivain; - une place au moment où le soleil se couche ( et enflamme le feuillage; nous retrouvons la thématique du feu); les événements ont lieu en effet le soir, comme au chapitre précédent ; ces heures vespérales qui précèdent la nuit sont propices au rêve ou aux rêveries ; - une ronde de jeunes filles qui chantent - le cercle est un schème qui obsède Nerval; - les « vieux airs » qui renvoient au passé de ce « pays du Valois où, pendant plus de mille ans, a battu le cœur de la France » ; origine, tradition et généalogie sont liées dans ce culte des airs anciens - n'oublions pas que Sylvie se termine par tout un développement sur les « Chansons et Légendes du Valois»; - puisqu'ils sont transmis de mère en fille; c'est la voix mélodieuse qui, sur un thème ancien, provoquerait le sentiment d'un resurgissement vif du passé ; sentiment tout autant de sa permanence. Voilà donc les motifs génériques -jeunes filles qui dansent en rond, vieux chants des ancêtres, terre illustre du Valois qui seront développés dans la scène de l'apparition d'Adrienne. Baiser mystique? L'événement rapporté sera unique; instant sans avenir, mais non sans conséquences.

« De ce moment» date une rupture (on verra laquelle), une opposition irréductible entre deux jeunes filles, entre un avenir et un passé.

Il va finir par remarquer (l'expression s'impose, car il n'y a rien là d'un coup de foudre) Adrienne.

Il y a en effet deux portraits contrastés dans ce passage : Sylvie a les « yeux noirs » et la « peau légèrement hâlée» ; Adrienne est «blonde».

Quand il se retrowe face à elle au centre de la danse, il insiste sur leur parité de taille; il doit lui donner un baiser; « un trouble inconnu» s'empare de lui quand elle chante. Le narrateur fait part de noweau de son goût pour les vieilles chansons, mais ici le développement est plus riche.

Il a aimé la voix d'Adrienne, «voilée» « comme celle des filles de ce pays brumeux » ; cette jeune fille est donc un personnage qui incarnerait un paysage, celui du Valois.

La voix, on l'a dit, serait fondamentale comme médium d'accès au passé.

Mais médium plus que relatif et fragile peut-être, car il ne donne le sentiment d'une permanence que dans l'imitation par les voixjeunes de« la voix tremblante des aïeules».

La traversée du Temps grâce aux powoirs enchanteurs de la voix seraitelle une illusion? Adrienne chante une ancienne romance pleine « de mélancolie et d'amour», qui seront l'un des tons et l'un des thèmes de Sylvie.

Ton et thème explicites dans le sujet de la chanson qui raconte « les malheurs d'une princesse enfermée dans sa tour par la volonté d'un père qui la punit d'avoir aimé».

Remarquons, en tout cas, qu'avec la tour et la princesse, nous revenons au château, et constatons en outre que c'est le père qui réprime les sentiments.

Ce sont essentiellement les caractères de la romance et la personnalité de la Valoisienne qui vont marquer les paragraphes suivants et susciter le mirage. Vaporisation et divinisation d'Adrienne Pendant qu'Adrienne chante, la nuit tombe; moment de mystère par excellence.

La jeune fille est isolée du centre de la ronde par l'ombre du soir et, tout à la fois, par les « rayons pâles de la lune ».

Sa blondeur se détache sur la nuit ; elle paraît alors baignée dans une lumière ombrée.

La transfiguration divine opère grâce à cette diffusion conjuguée et progressive de l'ombre et de la lumière («À mesure que descendait, naissait, tombait, déroulaient ...

»).

Le paysage semble s'irréaliser dans ces « faibles vapeurs condensées », et ces « blancs flocons sur les.... »

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