CHAPÏTRE Ill Sur l e champ de bataille, Fabrice aborde une cantinière, laquelle, attendrie par ce «beau je4ne homme», lui...
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CHAPÏTRE Ill
Sur l e champ de bataille, Fabrice aborde une cantinière,
laquelle, attendrie par ce «beau je4ne homme», lui donne
de précieux conseils et veut lui apprendre le métier de sol
dat.
Un moment anéanti par la vue d'un cadavre défiguré,
Fabrice est cependant impatient de se battre.
Une ving
taine de hussards galopent non loin de lui, il se joint à eux,
et voilà notre héros dans l'escorte d'une troupe de géné
raux, parmi lesquels se trouve le maréchal Ney.
Il franchit
des fossés pleins d'eau, piétine des cadavres dans la
boue, est étourdi par le tumulte du canon: tout à la décou
verte de sa première bataille, Fabrice ne songe pas à avoir
peur.
Pour s'attirer la bienveillance des sold.
a ts qu_'il
accompagne, il offre de l'eau-de-vie; e nivré lui-même, il ne
peut .re connaître !'Empereur qui passe sous ses yeux.
L'escorte suit maintenant le général Comte d'A...
, qui n'est
autre que le lieutenant Robert.
Renversé avec sa monture,
le général dépossède Fabrice de son cheval.
Abandonné
sur le champ de bataille et indigné, notre héros défait «ses
beaux rêves d'amitié chevaleresque.» Épuisé, il finit par
retrouver «sa» cantinière et s'endort dans sa voiture.
COMM ENTAIRE
Le rêve d'une bataille
Tous les héros stendhaliens rêvent d'une bataille: Julien ne peut
que transférer sur la vie amoureuse son goût des stratégies militaires.
Lucien, dans son ennui à Nancy, •avait fait faire une immense table de
sapin et sur cette table, de petits morceaux de bois de noyers (...}
représentaient les cavaliers d'un régiment sous tes ordres du maréchal
des logis; Il faisait manœuvrer ces soldats deux heures par jour.• Seul
Fabrice connaît une vraie bataille, mais pour être historique, Waterloo
n'en demeure pas moins pour lui un jeu.
En pleine déroute napoléonnienne, notre héros se croit à la chasse : • il lui semblait être à l'espère,
à la chasse à l'ours, dans la montagne de la Tramezzina, au-dessus
de Grianta.
li lui vint une idée de chasseur...
»
Don Quichotte
Sa constante méprise sur le réel l'assimile au don Quichotte.
On
sait que la découverte de çe livre, le seul qui lui rendît le rire après la
mort de sa mère, fut pour Stendhal •la plus grande époque de [sa]
vie•.
À l'instar du héros de Cervantès, Fabrice investit le réel comme
un espace chevaleresque, la tête farcie de modèles héroîques: • il
commençait à se croire l'ami intime de tous les soldats (...} Il voyait
entre eux et lui cette noble amitié des héros du Tasse et de l'Arloste...
Le décalage entre son enthousiasme et la débâcle historique .
s'explique par la méprise de Fabrice sur le réel: la gravité des phénomènes est abolie au profit de la lecture amusée et métaphorique (mals
erronée) qu'il en a: le bruit du canon est perçu •comme un chapelet•,
il ressemble à •celui d'un torrent lointain•.
De la réaUté, il ne sait voir
que des effets de surface qui l'enchantent Qes mottes de terre volent
autour de luQ parce qu'il est incapable de remonter aux causes.
D'où
quelques déconvenues - nécessaires à l'initiation - quand avec une
insistante....
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