Devoir de Philosophie

CHAPITRE IV L'armée est en déroute quand Fabrice se réveille. Pressé d'en découdre, li suit un caporal et tue, tout...

Extrait du document

« CHAPITRE IV L'armée est en déroute quand Fabrice se réveille.

Pressé d'en découdre, li suit un caporal et tue, tout joyeux, son premier Prussien.

Mais la débâcle emporte tout dans le désordre et le tapage.

Parmi les fuyards, Fabrice retrouve sa cantinière et fait route quelque temps avec elle ; celle-ci lui conseille de déguerpir.

En guise de réponse, Fabrice lui abandonne son cheval.

Puis, dans des escarmouches d'arrière-garde, il ferraille contre des hussards insoumis et se fait blesser. COMMENTAIRE Le sens d'une bataille L'importance du cheval dans le monde stendhalien s'explique par la survivance du rêve chevaleresque.

Mais dans la féodalité, cheval et chevalier ne font qu'un : jamais de cavalier sans monture, laquelle n'est pas interchangeable.

Ici, Fabrice est sans cesse désarçonné ou à la recherche d'un cheval.

À cet égard, la bataille de Waterloo est plus qu'un baptême du feu.

Elle est rencontre de la réalité.

Le traitement anti-chevaleresque des héros, soumis à la loi impitoyable de la chute est une façon ironique de briser leurs rêves de gloire, symbolisés par l'Aigle. Leur ardeur est vite refroidie par le contact avec la dureté du sol, l'enlisement dans la boue quand elle n'est pas simplement arrêtée par la nécessaire attention qu'il faut porter à tout ce qui se passe à ras de terre.

À l'inverse du haut qui renvoie au romanesque, le bas chez Stendhal est lié au prosaïque dont la chute semble dire la victoire: mieux, elle paraît être l'expiation momentanée du désir de s'élever. Tous les personnages en font l'expérience : Lucien Leuwen à Nancy, sous les fenêtres de Madame de Chasteller; Julien, dans la scène de brutalité avec son père; Fabrice enfin.

Le destin de tout héros stendhalien peut dès lors se lire comme une réponse au traumatisme de la chute.

li leur donne à comprendre que la véritable élévation n'est pas d'ordre héroïque.

À l'image de leur auteur, les personnages •tend(ent) leur filet trop haut•.

Ils doivent en rabattre.

C'est à ce prix qu'ils se débarrassent de leur imaginaire encombrant qui les détourne de leur vérité profonde. Waterloo sera donc une étape décisive dans le roman, qui évolue contre son incipit : le 18 juin 1815 ne tient pas les promesses du 15 mai 1796.

Le rendez-vous avec Napoléon a été pris pour être manqué.

Comme l'écrit Juli~ Gracq •encore adolescent, (Fabrice) a été saisi par le vent de !'Histoire, il a couru à Waterloo; à peine revenu en Italie - il n'a pas encore vingt ans - tout est oublié à jamais.

Le voilà donc dès lors devenu •un étrange retraité adolescent de la grandeur.• À peine ouverte, l'épopée s'est donc refermée.

À Waterloo brûlent les dernier$ feux d'un monde révolu.

Fabrice, en définitive, n'est pas plus avantagé que les héros précédents: c'est aussi en dehors de !'Histoire qu'il se construira. CHAPITRE V l;J:J..1•JMli Fabrice trouve refuge dans une auberge où la maîtresse de maison et ses filles, notamment la belle Aniken, le soignent avec tendresse.

Cependant, menacé d'être fait prisonnier, il est contraint de s'enfuir.

Fabrice quitte à regret ses charmantes hôtesses dont la complicité lui est précieuse.

Définitivement guéri, il gagne Paris, où l'attendent · de nombreuses lettres de sa mère et de sa tante: on le presse de rentrer.

En route par la Suisse, il apprend qu'il a été dénoncé par son frère Ascagne comme espion au service de Napoléon.

La plus grande prudence s'impose. Aussi, c'est de nuit, et déguisé cette fois en chasseur, qu'il parvient enfin à Grianta où il est accueilli par des transports de tendresse.

Mère, tante et sœurs décident de pa·rtir à Milan cacher leur joie commune.

En route, la voiture est arrêtée par des gendarmes qui recherchent le général Fabio Conti.

Celui-ci débouche d'un sentier encadré par des gendarmes, avec sa fille, Clélia, touchante enfant de douze ans dont la beauté singulière frappe Fabrice.

À Milan, Gina se dépense sans compter pour tirer d'affaire son neveu, lequel, pour se faire oublier quelque temps de la police autrichienne, se réfugie en Piémont. COMMENTAIRE Le jeu sur les identités La fréquence des métamorphoses, des changements de nom, et des déguisements est frappante dans le premier tiers du roman qui recouvre la période d'adolescence de Fabrice.

Il part du château natal avec les papiers et le nom de Vasi (belle injonction au départ!) marchand de baromètres, Une géôlière lui donne une feuille de route et l'habit d'un certain Boulot sous l'identité duquel Il participera à la bataille, ce qui risque à ses yeux d'oblitérer l'expérience du sceau de l'inauthentique.

À Waterloo, il ne vit que d'identités empruntées; il.... »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓