CHAPITRE VI 1 La comtesse Gina est loin d'être insensible au charme de son neveu. «S'il eût parlé d'amour, elle...

« CHAPITRE VI 1 La comtesse Gina est loin d'être insensible au charme de son neveu.

«S'il eût parlé d'amour, elle l'eût aimé ; n'avaitelle pas déjà pour sa conduite et sa personne une admiration passionnée? ...

».

Mais sans Fabrice, la vie à Grianta · est monotone.

C'est dans ces dispositions qu'elle fait la connaissance, à la Scala de Milan, du comte Mosca, ministre de Parme.

La compagnie de cet homme d'esprit, sa simplicité, sa liberté de ton lui deviennent bientôt nécessaires: il distille à la comtesse ravie tous les petits secrets de la Cour de Parme.

Finalement, Mosca tombe amoureux; ses quarante cinq ans et ses cheveux poudrés ne semblent pas devoir l'empêcher d'être aimable.

Il propose à Gina de venir le rejoindre à Parme et lui arrange un mariage avec le vieux duc Sanseverina qui, en échange d'une ambassade et d'un grand cordon, accepte de làisser à la future duchesse palais, fortune et liberté.

Gina est présentée à la cour et fait forte impression sur le prince. Mosca, devenu premier ministre, propose un plan de carrière pour Fabrice : après trois années de théologie à Naples, il se charge de le faire évêque quelque part, puis archevêque à Parme.

Quant à la duchesse qui s'amuse de cette existence de cour, elle a tôt fait, grâce à son aisance et à son esprit, de devenir la femme la plus brillante: même le _souverain s'est déplacé à l'un de ses «jeudis». .COMME"{TAI RE,· L'opéra.

La Scala de Milan On se souvient que l'opéra a été la grande passion de la vie de Stendhal.

Mozart, Rossini sont des musiciens qu'il a durablement appréciés èt auxquels il a consacré des biographies.

C'est à Cimarosa qu'il dut sa révélation de la musique.

À lvrea, il eut le coup de foudre pour une actrice qui chantait Le Mariage secret; elle avait une dent cassée sur le devant mais cela importe-Hl au coup de foudre? Barthes écrit à propos de cette •scène de départ fixée» que Stendhal «la reproduit sans cesse; comme un amoureux qui veut retrouver cette chose capitale qui règle tant de nos actions : le premier plaisir.• Il existe donc, dans l'univers stendhalien, un espace clos privilégié, l'intérieur des théâtres lyriques, dont la Scala est le modèle.

Le bonheur chez Stend hal est toujours lié à la musique, .mais aussi à la topologie du lieu : terrasses des donjons, cellules aériennes, cages des observatoires offrent au héros un bonheur intime tout en lui ouvrant de vastes panoramas à l'horizon: de même à l'opéra, la retraite étroite d'une loge s'ouvre sur la perspective d'une scène et d'une salle qu'on domine sans être vu. On peut, en outre, y jouir de soi au milieu du monde.

Mais Gina, parce qu'elle n'est pas étrangère au plaisir de la mondanité, qu'elle aime l'esprit (ce mot est parfois connoté péjorativement chez Stendhal, cf. Lucien Leuwen: «son esprit était le bouffon de son.... »