Chapitre vu (Pierre et Jean, pages 170-171) s 10 15 20 Puis quand on fut rentré dans le salon,Jean ouvrit...
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Chapitre vu
(Pierre et Jean, pages 170-171)
s
10
15
20
Puis quand on fut rentré dans le salon,Jean ouvrit brus
, quement la porte de gaucht.
et on aperçut la salle à manger
ronde, percée de trois fenêtres, et décorée en lanterne japo
naise.
La mère et le fils avaient mis là toute la fantaisie dont
ils étaient capables.
Cette pièce à meubles de bambou, à
magots, à potiches, à soieries pailletées d'or, à st�res trans
parents où des perles de verre semblaient des gouttes d'eau,
à éventails cloués aux murs pour maintenir les étoffes, avec
ses écrans, ses sabres, ses masques, ses grues faites en
plumes véritables, tous ses menus bibelots de porcelaine, de
bois, de papier, d'ivoire, de nacre et de bronze, avait l'aspect
prétentieux et maniéré que donnent les mains inhabiles et
les yeux ignorants aux choses qui exigent le plus de tact, de
goût et d'éducation artiste.
Ce fut celle cependant qu'on
admira le plus.
Pierre seul fit des réserves avec une ironie un
peu amère dont son frère se sentit blessé.
Sur la table, les fruits se dressaient en pyramides, et les
gâteaux s'élevaient en monuments.
On n'avait guère faim; on suça les fruits et on grignota les
pâtisseries plutôt qu'on ne les mangea.
Puis, au bout d'une
heure, Mme Rosémilly demanda la permission de se retirer.
INTRODUCTION
1 Situer le passage
Le soir, au retour de l'excursion à Saint-Jouin, Jean fait à sa famil
le, ainsi qu'à Mme Rosémilly, les honneurs de son nouvel apparte
ment.
Le lecteur sait combien, au cours des semaines précédentes,
la décoration des lieux a occupé Jean et sa mère.
Mais il ignore
quelles décisions ils ont fini par prendre.
Ce n'est donc pas sans
curiosité qu'il découvre l'univers de Jean.
Les personnages visitent d'abord le vestibule, la galerie vitrée, le
petit salon, puis le salon de consultation et la chambre à coucher.
À
présent, ils pénètrent dans la salle à manger en rotonde, où les attendent fruits et pâtisseries.
1Dégager des axes de lecture
Rien n'est inutile dans cette description des lieux parfaitement
intégrée au mouvement du récit.
Ce passage est par ailleurs un
moment privilégié dans lequel le narrateur établit avec le lecteur une
complicité amusée.
PREMIER AXE DE LECTURE
UNE DESCRIPTION INTÉGRÉE AU RÉCIT
Maupassant sait que les longues descriptions risquent de lasser
l'attention du lecteur.
Aussi, quand, dans Pierre et Jean, le narrateur
évoque un lieu - ce qui est rare -, il est tenu de ne peindre que les
endroits dont la connaissance importe à l'intrigue.
Il prend soin
d'éveiller la curiosité du lecteur.
Il emprunte, même au cœur de la
description, le rythme du récit.
1Un passage important pour l'intrigue
L'appartement de Jean est au centre de la rivalité entre les deux
frères.
Il a été convoité par Pierre, avant d'être loué par Jean.
Aussi
la réaction des visiteurs est-elle lourde de conséquences.
L'admiration de M.
Roland et de Mme Rosémllly (1.
14-15} consacre la victoire
de Jean.
Celui-ci est cependant
«
blessé » par les
«
réserves » et
l'« ironie un peu amère» (1.
15-16} de Pierre.
Ces précisions préparent la scène d'explication entre les deux frères.
Leur violent affrontement, qui marque un tournant dans le récit, se situe en effet
quelques lignes plus bas.
Cette description de la salle à manger est
donc un passage important du roman.
t t 6
LECTURES MÉTHODIQUES
1La curiosité mise en éveil
Pour susciter l'intérêt du lecteur, le narrateur a déjà, à deux
reprises, signalé l'existence de la pièce dans laquelle il nous fait
pénétrer.
Au chapitre 111, lors de sa visite de l'appartement, Pierre
avait remarqué la « délicieuse salle à manger en rotonde ayant vue
sur fa mer » (p.
99).
Puis, au chapitre N, Mme Roland avait parlé d'une
« petite salle à manger en rotonde tout à fait coquette pour un garçon » (p.
119).
Le lecteur a donc été prévenu par le narrateur : fa
pièce dans laquelle if pé-nètre est le joyau de l'appartement.
L'intérêt du lecteur est également relancé par le geste théâtral du
héros : « Jean ouvrit brusquement la porte de gauche » 0- 1-2).
La
remarque selon laquelle « la mère et le fils avaient mis là toute la fantaisie dont ils étaient capables " (1.
4-5) contient évidemment une
réserve.
Elle met cependant le lecteur en appétit.
Il s'attend à une
heureuse surprise.
t!
1Le rythme du récit
La description adopte le rythme du récit.
Les lieux, en effet, sont
1
évoqués àu moment....
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