CHAPITRE XI : RETOUR Répliques du Temps 4 Q4ii@j:1 Sylvie et le narrateur arrivent à Châalis, dans« un paysage de...
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CHAPITRE XI : RETOUR
Répliques du Temps 4
Q4ii@j:1
Sylvie et le narrateur arrivent à Châalis, dans« un paysage
de Walter Scott» comme le dit Sylvie.
Le héros lui reproche
ses lectures.
Elle « phras[e] » maintenant des airs d'opéra!
juge-t-il, déçu.
li revoit la pelouse où ils dansaient.
Comme
il fait des remarques sur l'histoire des lieux, sur les armoiries,
c'est maintenant la jeune fille qui lui reproche ses vastes
connaissances.
Mais il est tout à sa stratégie pour retrouver
l'éphémère intimité du matin; mais le petit ânier est tou
jours là en tiers importun ...
Le héros s'est enferré en racon
tant à Sylvie l'apparition de Châalis.
li s'empêtre encore dans
ses «effusions» romanesques.
Devant les « murs de Saint
s...», il ne peut s'empêcher de s'enquérir d'Adrienne.
Sylvie,
agacée, répond, que « cela a mal tourné».
li dénonce alors
le manque de discernement des femmes.
La jeune fille est
«comme une sœur» pour lui.
li repense tout à coup à l'actrice,
Aurélie, qui doit jouer un rôle touchant de princesse avec
un«jeune premier tout ridé ...» Sylvie - se rendant compte
qu'il est plongé dans ses réflexions - chante enfin un vieil
air.
Lui, surpris et ravi, regrette qu'elle s'y soit refusée aupa
ravant.
Celle-ci déclare pouvoir en retrouver s'il venait plus
souvent mais il faut penser« au solide»: lui à Paris, elle ici:
« li faut que demain je sois levée avec le soleil.»
Différences et répétition
De quel retour s'agit-il?
G•MMIM•Ml;Ji
Avec Nerval l'expérience du monde s'impose dans sa sin
gularité quand les événements semblent se répéter jusqu'à satu
ration.
Ce onzième chapitre est, à plusieurs niveaux, une suite des
précédents.
Il relate évidemment la poursuite de la promenade ;
celle-ci fait écho aux courses qui, du chapitre vm au chapitre
x, avaient conduit et ramené le narrateur à Loisy : chapitres
qui, eux-mêmes, étaient déjà l'écho des chapitres IV et v.
De
plus, ce « retour» doit être mis en perspective avec la prome
nade à Othys en compagnie de Sylvie, et enfin avec l'étrange
souvenir d'une soirée à Châalis, réminiscence qui précédait
immédiatement le retour actuel du héros-narrateur dans le
Valois après un oubli de trois ans; retour qui s'achève ici, bien
plus que la simple excursion commencée à la fin du chapitre
précédent.
Enfin, cette excursion nous fait revenir sur les lieux
d'un décor en partie constitué en type dès le début de la nouvelle.
Car, outre le cloître, la chapelle, la tour, on retrouve surtout un (petit) château associé au roi Henri IV et aux amours
de ce dernier avec Gabrielle ; les teintes sont encore celles du
soleil couchant ( « rougeurs du soir») et de la végétation ( « le
vert sombre de la forêt»).
Retour plein de tristesse en l' occurrence, dans un paysage qui évoquerait, selon Sylvie, ceux de
Walter Scott; mais les souvenirs chevaleresques ont vécu ...
Ils
ne relèvent guère plus que de l'imagerie (comme chez l' écrivain écossais d'ailleurs).
Dissonances culturelles
Mais Sylvie, il faut le noter, vient d'user de la référence
livresque pour dialoguer avec le narrateur.
Y a-t-il là un désir
de complicité ou le soin d'apaiser celui qui souffre? ...
En tout
cas elle se heurte à une déconvenue : « Et qui vous a parlé de
Walter Scott? lui dis-je.
Vous avez donc bien lu depuis trois
ans! ...
» Le héros, si prompt à recourir d'habitude aux références culturelles, s'est-il senti exclu par un passé de Sylvie qui
lui est étranger? Voudrait-il soudainement faire l'économie de
toute représentation ? Cette dernière intention ne peut être
qu'une velléité.
En effet il fera part (comme au chapitre VII) « par amour-propre», dit-il, par calcul pour se retrouver en
accord avec cette Sylvie cultivée? - de ses connaissances historiques et héraldiques.
La jeune fille est impressionnée par ce
savoir qui l'éloigne du visiteur.
Celui-ci perçoit du reproche
dans sa voix...
Nouvelle dissonance! Il persévèrera néanmoins
dans son être savant quand il fera montre (au lecteur simplement?) de ses connaissances toponymiques - qu'ignorent les
paysans du coin.
Personne n'est au diapason dans ce couple, chacun cherchant
maladroitement peut-être le ton juste au cours de cette confrontation sourde des souvenirs et du présent.
Il lui demande de
chanter « la chanson de la belle fille enlevée au jardin de son
père, sous le rosier blanc».
Là, tous les deux pourraient être à
l'unisson dans leurs références (dans leurs désirs?).
Ils sont
encore à contretemps.
Sylvie chante « des airs d'opéra» ! Il se
dit déçu.
Quelle ambivalence, alors, dans la réflexion de la jeune
fille: « Pourquoi vous plaindre?» Derniers efforts pour complaire à l'homme cultivé qu'elle a aimé quand ils étaient enfants,
ou ironie de celle qui a souffert? Il se rappelle les danses d'autrefois sur la pelouse(« entourée de tilleuls et d'ormeaux»).
Mais
de quelle fille se souvient-il? Quel type de chant veut-il vraiment entendre? Le héros, à l'évidence, a un but - qui le trahit
car il est inavoué: «J'avais jusque-là cherché l'endroit convenable pour renouveler le moment d'expansion du matin[ ...
]»
Mais à quelles fins? L'ânier est-il vraiment gênant? ...
Le narrateur ne cesse de manquer les occasions.
En fait son esprit
est ailleurs ; ses attitudes sont perpétuellement calculées, car il
est entraîné par une compulsion, parfaitement compréhensible:
il ne réagit qu'en fonction d'une obsession qu'il n'arrive pas à
refouler, qui fait sans cesse retour dans le réel.
Il évoque évidemment le souvenir le plus vain : la réminiscence paramnésique* de « l'apparition de Châalis ».
Et il fait répéter à Sylvie
le récitatif pompeux d'Adrienne.
- «C'est bien triste! » - «C'est
sublime ...
», échange éloquent s'il en fût.
Le héros dit l'origine
de cette pièce d'opéra religieux toutes références qui, une fois
encore, sont mal venues.
Le dialogue de sourds se poursuit entre
deux êtres bien loin l'un de l'autre.
Car le....
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