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«
CHAPITRE XIII
i;lii-i•J&ii
Fabrice, qui a retrouvé à Bologne la petite Marietta, se
met à vivre «dans une joie et une sécurité profondes.
» Il se
demande si c'est là enfin ce qu'on appelle l'amour.
Cependant, une « misérable pique de vanité» va
l'entraîner
à courtiser
l'une
des premières
chanteuses· d'Italie, la Fausta, dont la voix l'a
enchanté.
L'entreprise lui paraît d'autant plus grisante
qu'il la lui faut ravir à un jeune comte suffisant et jaloux qui,
pour se débarrasser de ce rival inattendu, cherche refuge à
Parme.
Pris au jeu, Fabrice le suit.
Au diable la prudence!
La Fausta finit par parler à son pro-.
tecteur de ce jeune
homme qu'elle prend pour un prince.
La vanité et la
passion de son protecteur s'en trouvent aiguisées.
li
joue à Fabrice une méchante farce en le faisant enlever
au vu et au su de tout le monde, et promener dans Parme,
escorté d'une cinquantaine d'hommes portant livrées et
torches, proclamant partout le nom supposé du · prince
héritier.
Fabrice réussit cependant à s 'échapper e t gagne
Bologne à bride abattue.
Trois jours plus tard, il retrouve
l'amant de la Fausta qui se cache à son tour, le provoque
en duel, se venge puis se sauve à Florence.
Il y reçoit les
lettres de reproches de la duchesse.
Mais il obtient
son pardon en confessant combien l'amour véritable
était absent de cette rocambolesque aventure!
COMMENTAIRE
Le jeu de l'amour
Aux personnages principaux et secondaires du roman stendhalien
s'ajoutent les personnages de rencontre tels que Marietta ou la
Fausta.
Très succinctement décrits, ils ne font qu'une courte apparl•
lion, disparaissent comme ils sont venus, mals restent présents dans
la mémoire du lecteur.
Comparses de voyages rencontrés au hasard
de l'aventure, ils ne sont pas convoqués pour soigner la mise en
scène fidèle et réaliste de l'Italie du XIXe.
Ces personnages sont de
toutes les époques, ils s'apparentent plus à des types et ne sont
appelés dans le récit que par la seule loi de la fantaisie.
Ce sont, selon
Maurice Bardèche «des passagers embarqués pour quelques chapitres
(...) semblables à des lutins qui apparaissent un moment dans les fée·
ries de Shakespeare.
Ils traversent la scène en courant; ils dansent
pendant deux ou trois chapitres.• Ces silhouettes, dessinées d'un trait
ne SBfVent qu'à donner la réplique à Fabrice, lui offrir l'occasion d'un
duel, l'opportunité d'une leçon, d'un conseil, ou d'une amourette.
Une écritu re en liberté
Cette manière stendhalienne de vivre dans l'instant, affranchi des
décors, des événements, des personnages, pour s'abandonner à
quelques moments heureux devient aussi une manière d'écrire.
Ces
bifurcations ou impulsions du récit rappellent la liberté du voyageur qui
aime à •suivre l'impulsion du moment• (Promenades).
Stendhal détes•
tait les plans 01 écrit en marge de Lucien Leuwen: •faire des plans me
glace•).
Aussi ses compositions sonl·elles capricieuses autant que
logiques, poétiques autant que narratives.
Comme ses personnages
qui s'oublient parfois dans le bonheur lors des moments de détente,
Stendhal oublie son roman, puis avec désinvolture reprend la trame
essentielle.
Mais tout est dans ces pauses romanesques où Bardèche
voit la poésie même de La Chartreuse: • Fabrice se réfugie à Bologne:
il y retrouve par hasard la petite Marietta.
El ils mènent tous les deux
quelques semaines de vacances bien jolies, ils ont une voiture de
louage et deux petits chevaux, ils font des promenades aux environs,
des goûters sur l'herbe et Fabrice suit des cours d'astronomie: on
dirait des jeunes mariés en vacances.
L'imprévu qui, chez Balzac.
ne
mène qu·au coup de théâtre, est pour Stendhal une voie vers la poé·
sie.
Ses rencontres servent moins à tirer d'affaire son héros qu'à lui
faire passer une matinée inoubliable,....
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