CHAPITRES XX ET XXI Une nuit, de sa fenêtre, Fabrice aperçoit dans la cam pagne des signaux lumineux qui sont...
Extrait du document
«
CHAPITRES XX ET XXI
Une nuit, de sa fenêtre, Fabrice aperçoit dans la cam
pagne des signaux lumineux qui sont un message de la
duchesse à lui destiné.
Ainsi apprend-il que depuis quatre
mois on essaie d'entrer en communication avec lui.
Son
évasion a été décidée.
Cela assombrit notre prisonnier car
il n'imagine pas pouvoir vivre désormais loin de Clélia.
Mais celle-ci lui répète que sa vie est toujours menacée et
l'exhorte à fuir.
Comme Fabrice s'y refuse par amour pour
elle, elle va jusqu'à se compromettre en lui accordant une
entrevue secrète.
Déchirée, elle exige qu'il obéisse à la
duchesse «ou demain matin je me réfugie dans un couvent
et je vous jure ici que de la vie Je ne vous adresserai la
parole.
» Un courrier catapulté par la fenêtre de sa cellule
précise les détails pratiques de l'évasion.
Celle-ci presse;
le comte Mosca vient en effet d'apprendre par Rassi que le
prince est décidé à faire périr Fabrice.
(chapitre XX)
Nous revenons une année en arrière...
Un jour qu'elle se
promenait dans les bois de Sacca, la duchesse est abor
dée par un inconnu «jeune, fort bel homme, mais horrible
ment mal mis» qui se jette à ses pieds.
Ferrante Palia,
c'est son nom, l'un des plus grands poètes du siècle, libé
ral convaincu, donc farouche adversaire du prince, déclare
à la Sanseverina son amour exalté.
Après l'arrestation de
son neveu, il lui assure qu'il n'hésiJera pas à mourir pour
sauver Fabrice ou le venger.
Le prince devra être empoi
sonné, exige la duchesse, mais seulement quand elle en
donnera l'ordre.
C'est Ferrante Palia qui suggère l'évasion
de Fabrice.
Lors du mariage de la sœur du marquis Cres-
1
cenzi, la duchesse remet à Clélia les cordes nécessaires.
On profite de l'occasion pour endormir le gouverneur qui
est reconduit à la citadelle par des hommes de main; à leur
tête, le fidèle Ludovic.
Clélia s'affole, croit son père empoisonné et, «pénétrée de remords", fait serment d'épouser le
marquis dès que son père sera sauvé: elle ne reverra
.
jamais plus Fabrice.
C'est ce qu'elle lui annonce dans une
lettre où figurent les dernières recommandations pour son
évasion.
(chapitre XXI)
COMMENTAIRE
Ferrante Palla
De tous les personnages secondaires, Ferrante Palia est peut-être un
des plus attachants el des plus pittoresques.
Balzac adorait ce •médecin fibéral condamné à mort, parcourant l'Italie, où il accomplit sa tâche
de propagandiste.
Ferrante Palla est un grand poète; comme Silvia Pelfico, Il est républicain radical.• C'est en effet sous le visage subversif du
libéralisme dans l'Europe de la Restauration que ce hors-la-loi magnanime, • tribun du peuple• apparaît au chapitre V1; le duc de Sanseverina
Taxis n'est-il pas suspect pour lui avoir prêté vingt-cinq napoléons et
pour s'être abonné, par son intermédiaire, au journal libéral Le Constitutionnel? Il vit pauvrement, exerce le métier de voleur (mais sans excéder
cent francs.
par mois...) afin de nourrir une femme et cinq enfants qui
habitent dans les bois près de Sacca.
Comme I'Altamira du Rouge et le
Noir, Il cristaUise la fascination stendhalienne pour les proscrits, opposants irréductibles au pouvoir établi, qui puisent à l'énergie farouche du
xv1e siècle, et à la vigueur de ses crimes ostentatoires, leur trempe
romanesque.
Mais faut-il faire de ce poète révolté, révolutionnaire plébéien, un authentique carbonaro ? Balzac lu-même, sensible au génie
politique, nuançait: •Ne nous occupons pas de la foi de cet homme...
tout ce qu'il fait, tout ce qu'il dit est sublime.• Sublime, c'est-à-dire
stendhalien: que penser des dimères aristocratiques de ce tribun du
peuple qui déclare: • la pauvreté me pèse comme laide: j'aime les
beaux habits et les mains blanches...
• De fait, l'amour des duchesses
met en péril la vertu révolutionnaire.
•Ma....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓