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Chili 1983-1984 Le dialogue piégé Les cinq cents journalistes étrangers partis pour Santiago en septembre 1983 sont rentrés déçus du...

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« Chili 1983-1984 Le dialogue piégé Les cinq cents journalistes étrangers partis pour Santiago en septembre 1983 sont rentrés déçus du voyage.

Ils s'y rendaient afin d'assister aux derniers jours du régime du général Pinochet, qui après dix ans de règne incontesté semblait cette fois près de s'écrouler définitivement.

Mais le grand événement ne s'est pas produit.

Faisant preuve d'une grande habileté tactique, le régime était parvenu à désamorcer une situation devenue explosive. De là à conclure que la dictature était réinstallée pour une longue période, il n'y a qu'un pas que certains observateurs ont franchi, un peu hâtivement.

Si 1983 n'a pas été l'année décisive, elle aura toutefois marqué un revirement majeur par rapport à la période précédente.

Le régime a en effet perdu sa capacité d'initiative.

Sous le poids de la crise économique, son projet de "révolution capitaliste" a tourné court.

Stratégiquement, la dictature a atteint le seuil de l'épuisement.

D'un régime qui n'avait pas de délais mais seulement des objectifs, on est vite passé à un régime qui n'a plus qu'un seul but: tenir jusqu'en 1989, échéance légale fixée par le referendum truqué de 1981.

Les principaux événements survenus en 1983 en témoignent. La crise économique ouverte en 1981 s'est nettement aggravée.

À une chute record du PNB (-14% en 1982), a succédé en 1983 une nouvelle régression (-0,5%).

Le niveau de production de l'économie chilienne a été ainsi ramené à celui de 1970 et son revenu par habitant au niveau de ...

1960.

Le taux de chômage a atteint des proportions considérables: un tiers de la population active! Quant à la dette extérieure (environ 18 milliards de dollars à la fin de 1983) elle était une des plus élevées du monde par habitant.

Le "miracle chilien", proclamé par le régime et loué par la grande presse économique internationale, a débouché sur une catastrophe.

La nationalisation de facto ("intervención") des principaux établissements financiers le 13 janvier 1983, trois jours seulement après la signature de l'accord standby avec le Fonds monétaire international, a mis en évidence la faillite du modèle importé de l'école de Chicago.

Le montant des crédits accordés par les banques chiliennes dépassait en effet largement celui de leur capital et de leurs réserves, mettant en péril l'ensemble du système financier. D'où l'intervention de l'État: c'est la "voie militaire vers le socialisme", ont ironisé certains commentateurs... La débâcle économique a sérieusement ébranlé la base sociale de la dictature et renforcé l'opposition. L'époque de la consommation effrénée de toutes sortes de biens importés par les couches sociales les plus favorisées était bien révolue.

Dans ce contexte, la contestation sociale est devenue de plus en plus massive.

L'ampleur de la première journée nationale de protestation (11 mai 1983), convoquée par les travailleurs du cuivre, a dépassé les pronostics les plus optimistes des organisateurs.

Les casseroles mobilisées par la droite au temps de l'Unité populaire se sont mises de nouveau à résonner, cette fois-ci pour exprimer le mécontentement de la population à l'égard des militaires.

Les journées de protestation se sont ensuite succédé régulièrement tous les mois.

Surpris, le gouvernement a tardé à réagir.

Après quelques mois d'hésitation, il choisit la politique de la carotte et du bâton.

Lors de la quatrième journée de protestation (11 août), dix-huit mille soldats descendaient dans les rues de la capitale pour disperser les manifestants.

On dénombrera une centaine de morts parmi la population, notamment celle des bidonvilles..... »

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