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Chine 1984-1985 Réformes Réformer: tel a été, en 1984, le maître-mot de la vie politique et économique chinoise. Cinq ans...

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« Chine 1984-1985 Réformes Réformer: tel a été, en 1984, le maître-mot de la vie politique et économique chinoise.

Cinq ans après la décision du Parti communiste de mettre fin graduellement au système des communes populaires et de favoriser des modes d'exploitation familiale des terres associant propriété collective et intéressement individuel, les autorités de Pékin se sont résolues, non sans hésitations, à s'attaquer au secteur industriel. La nouvelle politique économique C'est en octobre 1984, à l'occasion du troisième plénum du Comité central issu du XIIe Congrès, qu'a été adoptée la réforme d'ensemble du système économique.

Il s'agissait non seulement d'instaurer une véritable stimulation (les Chinois disent "responsabilité") personnelle des salariés, mais de modifier quelques-uns des fondements mêmes de l'économie socialiste, tels que le Plan, les salaires et les prix, la gestion du personnel, l'organisation commerciale.

L'ambition d'un tel projet, unique par son ampleur dans un pays se réclamant de l'idéologie marxiste-léniniste, ressemble bien à une nouvelle "révolution", comme l'a dit Deng Xiaoping, le patriarche et l'homme fort du régime chinois. Animés par l'obsession de la modernisation, les dirigeants de Pékin, en adoptant cette réforme, ne se sont pas fait d'illusions quant aux obstacles de tous ordres que cette politique audacieuse allait rencontrer, voire susciter.

Dans quelle mesure un socialisme de marché, tel qu'il a été apparemment conçu par Deng Xiaoping et ses amis, est-il applicable dans un pays aussi vaste (vingt fois la France), aussi peuplé et arriéré, et où la tradition centralisatrice, bureaucratique et égalitaire reste si forte? Dans cette aventure, le PC chinois manque à la fois de points de repère - les systèmes yougoslave ou hongrois ne peuvent servir de comparaison - et d'expérience.

La réussite de la politique agricole, qui a permis un relèvement sensible du niveau de vie dans les campagnes depuis 1980, et une production record (400 millions de tonnes de céréales, 5,5 millions de tonnes de coton en 1984), a dû, assurément, peser lourd dans le débat. La réforme vise à introduire plus de souplesse dans les mécanismes économiques tout en accroissant considérablement l'efficacité de l'appareil industriel.

Sa pierre angulaire est le "réajustement" du système des prix et des salaires, jugé "irrationnel".

Ses principaux points d'application sont les suivants: - le Plan: à partir de 1985, la planification quantitative ne doit plus s'appliquer qu'aux produits de base (soixante dans l'industrie, dix dans l'agriculture).

Une deuxième catégorie de produits doit se conformer aux grandes orientations du Plan, les autres suivant "les lois de l'économie" ; - les relations entre l'État et les entreprises: depuis le 1er octobre 1984, la plupart des entreprises sont, en principe, assujetties à l'impôt sur les bénéfices (d'un montant d'environ 80%).

Elles sont autorisées à disposer librement du solde à des fins de redistribution ou d'investissement.

Cette réforme a mis fin au système des dotations annuelles de l'État aux entreprises, en contrepartie du versement par ces dernières au budget central de la totalité de leurs profits.

L'État compte se débarrasser ainsi d'un certain nombre de "canards boiteux" ; - intéressement matériel: les salaires doivent être, partiellement, fonction de la production.

Celle-ci est organisée sur la base de contrats passés entre les unités de base et la direction des entreprises.

Ces dernières disposent de plus de liberté pour recruter et licencier une partie de leur personnel ; - les salaires et les prix: en matière de salaires, il s'agit d'appliquer le principe "à chacun selon son travail", et en matière de prix, de se rapprocher de la vérité.

La réforme, sur ce dernier point, doit commencer par la modification des prix agricoles, l'État cessant d'être l'acheteur et le vendeur exclusif des produits de la terre.

La régulation doit se faire par le marché.

Le gouvernement se propose, en outre, de décloisonner le système commercial en supprimant les barrières existant entre villes et campagnes, entre provinces ou encore entre ministères. file:///F/Lycée/angui/450373.txt[13/09/2020 01:05:05] Un tel programme, s'il s'inscrit dans la continuité de la politique d'ouverture vers l'extérieur et de réhabilitation du secteur privé (le droit à l'existence d'entreprises privées est désormais inscrit dans la Constitution), n'en constitue pas moins, pour les autorités chinoises, un formidable pari.

De même que l'accroissement des échanges avec les pays capitalistes ou la création de zones économiques spéciales ont fait entrer dans les villes et les provinces chinoises une grande bouffée d'air frais, de même l'introduction de méthodes de gestion plus rationnelles, le respect des compétences et les responsabilités plus grandes données aux techniciens aux dépens des fonctionnaires de l'économie devraient contribuer, aux yeux des dirigeants, à dépoussiérer et dynamiser un appareil productif passablement vieillot.

Mais les risques d'une telle politique sont énormes. Les résultats économiques de l'année 1984, présentés au début de 1985 par le Premier ministre Zhao Ziyang, ont confirmé certaines craintes.

Au lieu des 4% prévus, la croissance de la valeur de la production industrielle et agricole a été de l'ordre de 14% et cette tendance s'est apparemment accentuée au début de 1985.

Les crédits bancaires ont fait un bond spectaculaire, progressant de 29% par rapport à 1983. Les revenus individuels ayant, parallèlement, notablement augmenté aussi bien dans les campagnes que dans les villes, un phénomène inflationniste est apparu.

Masqué par les autorités, qui ont avancé le chiffre de 4% de hausse des prix, il n'en a pas moins été vivement ressenti par une population habituée à plus de stabilité.

Certains troubles sociaux ont été notés ici et là. Cette surchauffe de l'économie a mis en évidence, pour les autorités, la nécessité d'opérer les transitions avec prudence et par étapes.

Ainsi, les subventions aux produits de première nécessité ont été maintenues.

En mars 1985, les présidents des deux plus importantes banques du pays, la Banque de Chine et la Banque du peuple, ont payé de leur poste leur laxisme en matière de crédits.

Une reprise en main momentanée par les organismes centraux n'était pas à exclure, au printemps 1985. Prudence et fragilité Simultanément, le parti a renforcé sa lutte contre la corruption, la contrebande et autres crimes économiques qui ont eu tendance à se multiplier à la faveur de la nouvelle politique.

Le responsable de la propagande au secrétariat du Parti, Deng Liqun, qui avait subi une éclipse au printemps 1984, en raison des excès de la campagne contre la "pollution des esprits", a fait sa réapparition vers la fin de l'année.

De nouveau, les dirigeants ont multiplié les mises en garde contre les "tendances malsaines" parmi les cadres politiques et dans la société: abus de pouvoir, prévarication, extorsion de fonds, pratiques frauduleuses, dissimulation des bénéfices par les entreprises. La substitution d'une philosophie d'enrichissement par le travail à une philosophie de totale disponibilité envers l'État et le parti a causé un tel choc sur les esprits qu'elle ne s'est pas opérée sans dérapages.

La règle interdisant à un petit entrepreneur privé ou à un artisan d'employer plus de sept assistants est de plus en plus souvent dépassée.

Ainsi a-t-on découvert en Mandchourie un individu qui était devenu propriétaire d'une mine d'or et avait sous ses ordres soixante-dix salariés.

Les mêmes abus ont été signalés à la campagne, où l'on est allé jusqu'à décerner des diplômes de "paysan riche".

Ceux-ci étaient, il est vrai, considérés par certains dirigeants comme "les représentants des forces productives d'avantgarde" dans le monde rural. Ces libertés prises avec le dogme et avec la morale ont fourni aux adversaires de bouleversements trop brutaux des motifs d'inquiétude et de contre-attaque.

Les réformateurs s'opposent aux nostalgiques d'un maoïsme plus traditionnel, mais aussi à ceux qui préféreraient voir se développer une planification centralisée à la soviétique, plutôt qu'un système mixte intégrant de plus en plus d'éléments du marché. L'opposition entre ces différentes thèses a parfois affleuré dans la presse.

En décembre 1984, le Quotidien du peuple, organe central du Parti, après avoir écrit que "les oeuvres de Marx et de Lénine ne peuvent résoudre les problèmes actuels de l'économie chinoise", s'est vu contraint de publier une mise au point et de préciser que la théorie marxiste-léniniste n'était pas forcément adaptée à.... »

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