Chine 1985-1986 Un bilan mitigé A l'euphorie qui prévalait en 1984 a succédé, en 1985, une certaine inquiétude des dirigeants...
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Chine 1985-1986
Un bilan mitigé
A l'euphorie qui prévalait en 1984 a succédé, en 1985, une certaine inquiétude des dirigeants chinois face
à la surchauffe qui s'est emparée de l'économie en début d'année.
Concilier le développement d'une
économie de marché avec le maintien d'un système de planification, poursuivre la politique d'ouverture
tout en limitant les ravages de la "pollution idéologique capitaliste et bourgeoise", tels sont les problèmes
qui se sont posés à la direction chinoise à la veille de l'adoption du septième Plan quinquennal.
Les dangers de la "surchauffe"
En novembre 1985, Deng Xiaoping a réaffirmé son espoir de voir la valeur de la production industrielle et
agricole quadrupler d'ici à l'an 2000, le produit national brut de la Chine devant atteindre alors 1 000
milliards de dollars.
Dans les campagnes, les réformes structurelles qui devaient aboutir au
démembrement des 54 000 communes populaires et à leur remplacement par 90 000 gouvernements
cantonaux uniquement chargés des questions administratives sont pratiquement achevées.
Le système
de responsabilité mis en place en 1980 a été renforcé.
Au début de l'année 1985, le système de livraison
de quotas obligatoires à l'État a été aboli, ce dernier ne conservant qu'un rôle de régulateur du marché,
grâce à des achats importants de céréales et de coton.
La diversification des activités dans les campagnes
a été encouragée ainsi que l'installation de petites entreprises industrielles et commerciales dans les
bourgs et les petites villes.
Les transferts de technologie ainsi que le recours aux investissements
étrangers pour la réalisation de grands projets comme la mise en valeur de la grande plaine du Nord
constituent l'un des objectifs du gouvernement.
De 1980 à 1985, la valeur de la production agricole
chinoise a augmenté en moyenne de 10,2% par an.
1985 a vu également l'extension de la réforme économique des campagnes aux villes.
La décision en
avait été prise au XIIe congrès du Parti communiste en octobre 1984.
L'autonomie financière des
entreprises a été accrue, les financements par crédits bancaires devant peu à peu remplacer les
investissements directs par l'État.
C'est ainsi que pour drainer des capitaux, la Banque industrielle et
commerciale de Shanghai a émis pour la première fois, le 1er novembre 1985, pour 15 millions de yuans
d'obligations.
Les plans indicatifs et le système de régulation par le marché devraient progressivement se
substituer aux plans de production impératifs fixés par l'État.
Si de 1980 à 1985, la production industrielle
a augmenté, en moyenne, de 11% par an, cette augmentation a dépassé 23% pendant les six premiers
mois de l'année 1985 par rapport à la même période de l'année précédente.
En 1985, les investissements
dans la construction de base ont dépassé de 44% le montant prévu par le sixième Plan quinquennal.
Pour soutenir la libéralisation de l'économie, le gouvernement chinois a entrepris en 1985 une importante
réforme du système des prix.
Le but de cette réforme était de remédier à la lourdeur et à l'irrationalité de
l'ancien système de fixation des prix par les organes centraux, en espérant que les lois du marché
suffiraient à éviter des hausses trop importantes.
Cependant, en 1985, la hausse des prix aurait été de
9% en moyenne, avec des pointes de 50% dans les grandes villes, mal compensées par les subventions
accordées aux citadins.
Parallèlement, la politique d'ouverture sur l'étranger s'est poursuivie.
Les
provinces ont reçu une autonomie beaucoup plus grande pour traiter directement avec les investisseurs
étrangers.
De 1978 à 1985, 17,2 milliards de dollars de capitaux étrangers ont été investis en Chine.
En
1985, 900 entreprises à capitaux mixtes ont été installées.
En dépit de résultats économiques très encourageants, les dirigeants chinois ont laissé pointer un certain
pessimisme dans leurs déclarations.
Si le Vice-Premier ministre Li Peng a affirmé le 18 novembre 1985,
devant l'Assemblée populaire nationale, que l'économie chinoise avait connu de 1978 à 1985 ses années
les plus productives depuis la fondation de la République populaire de Chine, il a aussi insisté sur les
retards et les inégalités de développement qui subsistaient.
Les discours des dirigeants chinois ont surtout
porté sur la nécessité de ne pas rechercher un rythme de croissance trop élevé.
En effet, certains
dysfonctionnements du nouveau système économique sont apparus en 1985.
Dans l'agriculture, la course au profit a entraîné une baisse de la production céréalière de 25 millions de
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tonnes par rapport à 1984, au profit de productions plus rentables comme le coton, la canne à sucre, les
oléagineux, le tabac ou le chanvre.
Les inégalités de développement se sont accrues entre les régions et
entre les paysans riches et pauvres.
80% de la population des campagnes fait encore partie de la
catégorie des paysans pauvres et les discours dithyrambiques sur les "familles à 10 000 yuan" se sont fait
plus mesurés.
L'État a prévu pour le septième Plan quinquennal un accroissement de 3,4% par an de la
production céréalière et songe à accorder des subventions aux producteurs de grain.
Dans l'industrie, les goulots d'étranglement traditionnels de l'énergie et des transports ont freiné le
développement des entreprises.
De janvier à mars 1985, la production industrielle a augmenté de 23%
par rapport à la même période de l'année précédente, alors que la production énergétique n'a augmenté
que de 11%.
De plus, la Chine a beaucoup de mal à attirer les capitaux étrangers vers ces secteurs vitaux
pour elle, mais peu rémunérateurs.
Le problème des transports s'est fait particulièrement sentir dans les
régions traditionnellement peu développées de l'Ouest de la Chine.
94% de la production industrielle et
agricole est concentrée dans les provinces orientales plus accessibles.
Dans les zones côtières, le développement rapide mais quelque peu anarchique des zones économiques
spéciales et des villes ouvertes, très gourmandes en devises, a entraîné certaines remises en cause.
Si la
zone économique spéciale de Shenzhen conserve un rôle important de référence pour le reste du pays,
un certain ralentissement de l'activité s'y est fait jour à partir du mois de septembre 1985.
La politique
des villes ouvertes mise en oeuvre en 1984 a été fortement freinée.
Plusieurs contrats avec des firmes
étrangères ont été annulés en 1985.
Désormais, seules quatre villes sur les quatorze initialement prévues
sont concernées par cette politique.
Il s'agit de celles qui étaient déjà dotées des infrastructures les plus
complètes: Canton, Dalian, Shanghai et Tianjin.
La chute brutale des réserves en devises qui sont
tombées de 16,3 milliards de dollars en 1984 à 7 milliards de dollars au mois de novembre 1985 a poussé
le gouvernement à faire preuve de plus de prudence dans ses projets de développement de régions
encore trop peu équipées.
Les limites de la politique d'ouverture
Le problème principal pour la Chine reste cependant celui du déficit du commerce extérieur qui s'est élevé
à 7,6 milliards de dollars en 1985.
Si de janvier à juin 1985, les importations ont augmenté de 70,4% par
rapport aux six premiers mois de l'année 1984, les exportations ont baissé de 1,3%.
La satisfaction des
besoins les plus immédiats et l'amélioration du niveau de vie ont entraîné une demande accrue de
produits importés.
Les "quatre choses essentielles" ne sont plus la montre, la machine à coudre, la radio
et la bicyclette, mais la télévision, la machine à laver, le réfrigérateur et le....
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