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Chine 1987-1988 Rééquilibrages La perspective du XIIIe congrès du Parti communiste chinois (PCC) a exacerbé, tout au long de l'année...

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« Chine 1987-1988 Rééquilibrages La perspective du XIIIe congrès du Parti communiste chinois (PCC) a exacerbé, tout au long de l'année 1987, les conflits entre réformistes et conservateurs.

Si les deux courants s'accordent sur la nécessité de poursuivre la politique de réforme, ils divergent sur l'ampleur et le rythme de celle-ci. Prenant prétexte des manifestations étudiantes qui avaient secoué les grandes villes de Chine à la fin de l'année 1986, les conservateurs, groupés autour du président de l'Assemblée nationale, Peng Zhen, ont obtenu, au mois de janvier 1987, l'éviction de Hu Yaobang de son poste de secrétaire général du PC. Soutenus dans un premier temps par Deng Xiaoping, ils ont pu lancer une offensive dans les domaines idéologique et politique. L'offensive conservatrice Dès le début de l'année 1987, une campagne de lutte contre le "libéralisme bourgeois" fut bruyamment orchestrée dans la presse du Parti.

Les conservateurs exigeaient que l'accent fût mis sur le respect des "quatre principes fondamentaux" menacés par les réformes: soutien à la direction du Parti communiste, à la pensée Mao Zedong et au marxisme-léninisme, à la dictature populaire et au socialisme.

Ils cherchèrent à accroître le contrôle du Parti sur les étudiants en rétablissant les critères politiques de sélection à l'entrée des universités ainsi que l'entraînement militaire. Se développant dans un contexte de problèmes réels, l'offensive conservatrice se porta également dans le domaine de l'économie: défense de l'économie planifiée, du secteur d'État, niveau de la production de grains, autant d'objectifs visant à garantir le caractère socialiste des réformes.

Le rythme de celles-ci, selon les conservateurs, devait être ralenti afin d'éviter des taux d'investissement et de croissance (+9,2% en 1987) mal contrôlés. Aux yeux de ses détracteurs, la dualité de fait du système économique, écartelé entre un secteur d'État et un secteur marchand, est source de déséquilibres.

Dans l'industrie, le secteur d'État s'est montré beaucoup moins dynamique que les secteurs collectif et privé, pouvant faire craindre à long terme pour sa survie.

En 1986, les entreprises d'État représentaient 70% de la production, mais leur croissance n'avait été que de 6,2% pour l'année.

Les entreprises collectives ("coopératives"), en revanche, ne représentaient encore que 30% de la production, mais leur croissance avait été de 16,7% pour l'année. Quant au secteur privé, très dynamique, il ne représentait que 1% de la production.

Le problème principal des entreprises d'État reste leur mauvaise gestion, paralysée par les ingérences du Parti et de l'administration.

A la fin de l'année 1986, plus de 20% des entreprises d'État étaient déficitaires. Dans l'agriculture, les conservateurs déploraient la baisse de la production de grains.

En 1987, la récolte de céréales a en effet été à peine supérieure à 400 millions de tonnes.

L'État a pris des mesures d'encouragement, mais les prix d'achat à la production n'ont pas été augmentés dans une mesure suffisamment incitative.

Dans ces conditions, les paysans ont continué de s'orienter vers des cultures plus rentables.

Les gains de productivité, qui ont été très rapides dans les années 1980 à 1984, plafonnent.

La mécanisation reste faible et la pénurie d'engrais se fait sentir.

Les plans de production d'engrais pour 1987 n'ont pas été respectés.

Cependant, la baisse de la production de grains correspond également à une réalité nouvelle apparue en Chine avec la progression des réformes.

Le niveau de vie a augmenté, entraînant une sophistication des besoins alimentaires.

La surproduction de grains entraînerait des problèmes de stockage et des pertes importantes.

L'État ne garantit plus l'achat de toute la production et, du fait du goulet d'étranglement des transports, on ne peut pas parler de véritable marché national. Moins de 30% de la production céréalière est commercialisée, le reste sert à l'autoconsommation.

Ainsi, pour les réformistes, la réduction de la production de grains est apparue plutôt comme une adaptation rationnelle aux nouveaux mécanismes du marché. L'inflation, qualifiée de "défi économique de l'année" dans la presse chinoise a été le troisième cheval de bataille des conservateurs.

Pour l'année 1987 le chiffre a été, officiellement, de 7,2%.

Cependant, file:///F/Lycée/angui/450376.txt[13/09/2020 01:05:06] l'inflation est beaucoup plus importante dans les grandes villes pour les produits alimentaires et de grande consommation.

Ces derniers auraient augmenté de 15,3% pour l'année.

Cette inflation urbaine alimente un mécontentement qui pourrait éclater en conflits sociaux si elle n'était pas maîtrisée.

A ce phénomène, les conservateurs ont opposé le mot d'ordre "vie simple et travail ardu", exigeant que l'on axe la lutte contre la demande exagérée, génératrice de pénurie. Dans un premier temps il semble que cette offensive conservatrice ait rencontré un certain succès.

Le 9 avril 1987, le Premier ministre et secrétaire général du PC, Zhao Ziyang, a prononcé devant l'Assemblée populaire nationale un rapport économique très modéré.

Très rapidement, cependant, un rééquilibrage s'est produit et, dès le début du mois de mai, Deng Xiaoping a déclaré que, pour la Chine, le danger principal était le "gauchisme".

A partir de ce moment, l'offensive conservatrice est allée en déclinant jusqu'au début de l'automne 1987, veille du XIIIe congrès. Le XIIIe congrès du PC Celui-ci s'est tenu du 25 octobre au 1er novembre 1987, et, contrairement à ce que l'on pouvait penser, il n'a pas entériné un recul considérable des réformistes.

L'offensive brutale des conservateurs semble avoir effrayé les congressistes.

L'élection des membres du nouveau Comité central, qui pour la première fois a eu lieu avec un nombre de candidats supérieur au nombre de sièges à pourvoir, a reflété cette inquiétude.

Sur les 175 membres et 110 suppléants élus, les conservateurs les plus dogmatiques ont été sanctionnés.

Wang Renzhi, chef de la propagande du Parti, est celui qui a été élu avec le moins de voix. Deng Liqun, qui avait lancé la campagne contre la "pollution spirituelle" en 1983 n'a pas reçu suffisamment de suffrages pour pouvoir être réélu.

En revanche Hu Yaobang, symbole du réformisme, a obtenu un nombre important de suffrages. En quittant volontairement le Comité central, Deng Xiaoping a donné l'exemple aux conservateurs les plus âgés (Chen Yun, Peng Zhen, Hu Qiaomu, Li Xiannian) qui ont enfin accepté d'abandonner toute fonction au sein du Parti communiste.

Deng Xiaoping et Chen Yun ont conservé cependant un statut de "semiretraités".

Deng Xiaoping jouera certainement jusqu'à sa mort un rôle pivot déterminant dans l'équilibre délicat qui s'est constitué entre conservateurs et réformistes.

Comme symbole et garant de sa puissance, "il n'a pu refuser d'accepter" sa réélection à la présidence de la commission militaire du Comité central. Chen Yun (82 ans), représentant des vétérans, a remplacé Deng Xiaoping à la présidence de la très confucéenne commission centrale des conseillers.

Lors de sa première session plénière, le 2 novembre 1987, le Comité central a élu Zhao Ziyang au poste de secrétaire général ainsi que les membres du Bureau politique (BP).

Profondément remanié et rajeuni de cinq ans (65 ans de moyenne d'âge), le BP qui comprend 17 membres a vu son pouvoir renforcé par rapport à un secrétariat du Comité central réduit à quatre membres au lieu de dix.

La composition du comité permanent du BP, véritable centre collectif du pouvoir, reflète le nouvel équilibre entre les tendances réformistes et conservatrices (ou "planificatrices"). Zhao Ziyang, 68 ans, entré au PC en 1938, réformiste "sous surveillance", a vu son pouvoir de secrétaire général dilué au sein du comité permanent du Bureau politique.

Il lui sera difficile d'imposer son projet de réduction radicale de la part du secteur d'État dans l'économie, qui, selon lui, devrait être ramenée à 30% de la production dans un délai de deux ou trois ans..... »

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