Chine 1988-1989 Crise et répression Les graves tensions économiques et sociales que la Chine a connues en 1988 et au...
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Chine 1988-1989
Crise et répression
Les graves tensions économiques et sociales que la Chine a connues en 1988 et au début de l'année 1989
ont provoqué à Pékin le soulèvement populaire le plus important depuis la fondation de la République
populaire de Chine (1949).
L'écrasement du mouvement dans le sang a sonné le glas, sans doute
provisoire, des espoirs de démocratisation du régime qui s'étaient exprimés place Tien Anmen, à Pékin,
pendant près de deux mois.
Dès l'annonce de la mort de Hu Yaobang, qui avait été évincé de son poste de secrétaire général du Parti
communiste en 1987, l'agitation avait commencé dans les universités et les premières manifestations
avaient eu lieu devant le siège du Parti et du gouvernement, à Pékin.
Face à la corruption d'une partie
importante du personnel politique, à l'immobilisme, les étudiants chinois réclamaient une réforme
politique que les dirigeants les plus conservateurs n'avaient jamais acceptée, la liberté de parole, la
liberté de la presse, une lutte effective contre la corruption.
Dix années de réforme économique et
d'ouverture les avaient sensibilisés aux valeurs "occidentales" de liberté et de démocratie, et l'exemple
des réformes en Europe de l'Est - la promesse d'un certain multipartisme en Hongrie, la déstabilisation et
la tenue d'élections "libres" en URSS - leur semblaient un modèle de ce qui aurait pu être fait en Chine.
En dépit de la publication d'un éditorial très dur dans le Quotidien du peuple, les dirigeants chinois ont
choisi dans un premier temps, avant la venue à Pékin de Mikhaïl Gorbatchev (en mai), de ne pas
intervenir.
Les pétitions et les manifestations d'étudiants et de journalistes qui se succédaient ont pris de
l'ampleur, rencontrant les préoccupations et la sympathie de la population de Pékin.
Le 13 mai, devant le
refus de dialogue du gouvernement, 3 000 étudiants commençaient une grève de la faim.
Un pouvoir divisé
La visite de Mikhaïl Gorbatchev, très perturbée par les manifestations et l'occupation de la place Tien
Anmen a sans doute exacerbé les réactions des dirigeants chinois les plus conservateurs.
L'appel des
manifestants à M.
Gorbatchev et la confusion qui régnait à Pékin sous les yeux de centaines de
journalistes étrangers sont apparus aux dirigeants chinois comme "une atteinte à l'image internationale et
au prestige de la Chine".
Dès après le départ de la délégation soviétique, le secrétaire général du parti, Zhao Ziyang, qui avait
accepté de se rendre auprès des étudiants grévistes de la faim disparaissait, sans doute placé en
résidence surveillée.
Après un discours très dur du Premier ministre Li Peng ayant à ses côtés le général
Yang Shangkun, vice-président de la Commission militaire centrale, la loi martiale était proclamée le 20
mai sans pouvoir, dans un premier temps, être appliquée.
Alors que l'occupation de la place Tien Anmen,
les manifestations de masse et les scènes de fraternisation avec les troupes de Pékin chargées de faire
appliquer la loi martiale se poursuivaient, une lutte au sommet semblait se dérouler, en l'absence de
toute apparition publique des dirigeants chinois.
Après l'élimination de Zhao Ziyang dont le programme de
radicalisation des réformes politiques inquiétait les conservateurs, le pouvoir s'est trouvé rassemblé entre
les mains de la vieille garde "traditionaliste", soudée par un passé révolutionnaire commun et par de
nombreux liens de parenté.
Deng Xiaoping, attaché à ses idéaux communistes et au pouvoir, a accepté
d'écraser dans le sang un mouvement qui lui apparaissait comme une tentative de manipulation et de
coup de force des réformistes radicaux.
Mouvement que lui-même avait su utiliser en 1976, puis en 1979,
pour imposer son retour au pouvoir.
La nomination de Jiang Zemin, ancien ministre de l'Électronique et responsable de la Commission d'État
pour l'import-export et les investissements étrangers, au poste de secrétaire général du PC à la place de
Zhao Ziyang - accusé d'être directement responsable des événements -, a pu apparaître comme une
tentative de compromis entre les tenants d'une ligne dure, prêts à abandonner toute réforme et à fermer
à nouveau la Chine aux influences étrangères, et Deng Xiaoping, qui espérait que des réformes
économiques - ralenties - et, surtout, la coopération avec l'étranger pourraient se poursuivre après le 4
juin 1989.
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La loi martiale, et surtout l'intervention sanglante de l'armée, ont créé un choc et une perte de confiance
totale dans le Parti et dans "l'armée du peuple".
En dépit des exécutions et d'une répression sévère, le
pouvoir ne pourra que difficilement rétablir la confiance nécessaire au développement du pays.
Si les
campagnes n'ont pas participé au mouvement, il n'est pas certain que le monde paysan, confronté à son
tour à de graves problèmes de production et d'approvisionnement, soutienne à l'avenir sans réserve un
pouvoir symbolisé par des fonctionnaires corrompus.
Les réactions hostiles aux États-Unis et en Europe occidentale sont venues menacer la stratégie
d'ouverture que la Chine avait engagée dix ans plus tôt.
L'annulation de prêts prévus par les
gouvernements japonais et américains et par la Banque mondiale, ainsi que l'embargo sur les
exportations de technologie et de matériel militaire en provenance des États-Unis ont souligné les risques
qui pourraient à l'avenir peser sur les investissements étrangers.
Les événements du printemps 1989
n'ont fait que mettre en évidence, d'une manière dramatique, une crise économique et sociale qui couvait
en Chine depuis le début de l'année 1988.
Crise économique et sociale larvée
Sous la direction du secrétaire général du Comité central Zhao Ziyang, les économistes les plus favorables
à des réformes radicales avaient pu imposer leurs conceptions au début de l'année 1988.
Dans un
premier temps, les prix du porc, des légumes, des oeufs et du sucre étaient libérés, augmentant
soudainement de 30 à 60%.
Il était prévu d'étendre, au mois de juin 1988, la réforme des prix aux
matières premières en dépit de l'existence de pénuries chroniques dans ce secteur.
Cependant, malgré une subvention de dix yuans par mois accordée aux citadins pour compenser les
effets de la réforme, les villes ont rapidement eu à souffrir d'une inflation importante de 30 à 50% dans
certains cas.
Au cours de l'été, les citadins ont vidé leurs comptes d'épargne et procédé à de massifs
achats préventifs, signe de l'inquiétude et du malaise ressenti par la population urbaine.
Dans les campagnes, moins touchées par ce phénomène inflationniste, le gouvernement chinois a eu à
faire face, pour la quatrième année consécutive, à une diminution de la production de grains.
En 1988, la
récolte est tombée à 393,79 millions de tonnes.
Ainsi, la volonté exprimée par Li Pang d'obtenir une
récolte exceptionnelle en 1989 et de faire passer le taux de croissance agricole de 3% à 4% est-elle
apparue comme très illusoire.
Il n'est pas certain que les pressions administratives, accompagnées d'une
augmentation de 18% du prix d'achat des céréales par l'État en 1989 permettront de renverser cette
tendance.
Le gouvernement chinois est également confronté à la dégradation continue et à l'inefficacité du secteur
industriel d'État.
En dépit des subsides et des prêts avantageux qui lui sont accordés, celui-ci, qui
regroupait encore en 1988, 98 000 entreprises et comptait pour 60% de la production industrielle
globale, éprouve de plus en plus de difficultés à soutenir la comparaison avec le dynamisme du secteur
collectif (37% de la production industrielle) et du secteur privé (3%).
Depuis 1984, les réformes visant à
développer le système de responsabilité et l'autonomie des entreprises d'État se sont succédé,
abandonnées avant même d'être pleinement appliquées.
L'accroissement du déficit budgétaire public....
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