Chine 1991-1992 Métamorphose économique Pendant toute l'année 1991-1992, le gouvernement chinois a continué de gérer les conséquences désastreuses du printemps...
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Chine 1991-1992
Métamorphose économique
Pendant toute l'année 1991-1992, le gouvernement chinois a continué de gérer les conséquences
désastreuses du printemps de 1989 (écrasement des manifestations d'étudiants place Tian An Men).
Installés au pouvoir, les conservateurs avaient tenté en vain, en décembre 1990, de faire leur le VIIe
plénum du Comité central du PCC (Parti communiste chinois).
Il n'en résulta qu'un gel de la situation, les
influences des uns et des autres s'annulant, et les factions, organisées depuis longtemps en clientèles au
sein du Parti, équilibrant leur poussée pour parvenir à une égale impuissance.
Le projet de VIIIe Plan,
proposé au début de 1992, n'avait pu que mêler des projets de développement contradictoires.
La
répression policière et idéologique avait, de son côté, réussi à geler les évolutions souhaitées par la
majorité de la population urbaine, la seule dont le poids puisse compter face aux institutions.
Il ne restait
donc que trois domaines dans lesquels le gouvernement pouvait agir: économique, diplomatique,
militaire.
Nonobstant tous les discours, la politique économique a changé au cours de 1991.
Contre les efforts des
conservateurs, il a été à nouveau question des réformes et du développement de l'économie de marché.
Les villes ont repris leur croissance alors que, à la mi-1992, les restructurations envisagées dès 1988 par
les conservateurs n'avaient même pas été ébauchées (blocage de l'autonomie financière, accroissement
des prélèvements d'État, freinage de la croissance...).
Le secteur des productions non agricoles a repris
sa marche en avant, dans le même désordre qu'auparavant.
L'équation démographique
Les contradictions dans le domaine démographique ont continué d'accumuler les problèmes pour l'avenir.
La croissance globale de la population, si elle est demeurée dans des limites raisonnables (1,3% par an,
au début des années quatre-vingt-dix, avec 2,3 enfants par femme en moyenne au lieu de 5,8 en 1970),
s'est néanmoins poursuivie plus vite que ne le souhaitaient les dirigeants.
Chaque année, neuf millions
d'enfants "noirs" survivent à des naissances clandestines et commencent une vie qui sera marquée par la
marginalisation, la "non-existence" puisque leurs parents n'ont pas voulu les déclarer pour éviter des
sanctions.
Il ne semble pas que la Chine puisse éviter de compter 1,5 milliard d'habitants en 2025.
Les
dirigeants souhaitaient limiter la population à 1,2 million en l'an 2000: elle était déjà officiellement de
1,16 au début de 1992.
Les quotas familiaux et le maintien du slogan de l'"enfant unique" ont fait passer
en dix ans le ratio filles/garçons à la naissance de 100/105 à 100/115.
600 000 filles "disparaissent" donc
chaque année, que ce soit dans les statistiques ou dans l'étouffement à la naissance.
Le succès même de
la politique économique de la décollectivisation et l'enrichissement des familles paysannes dans l'Est leur
permettent de payer des amendes exorbitantes (de 10 000 à 80 000 yuans pour un salaire moyen officiel
de 150 yuans par mois) et de conserver ainsi les garçons nés "hors plan" (un sur deux dans les dix
provinces côtières).
L'échec patent dans les campagnes de la politique de l'"enfant unique", entreprise en 1981, rend
nécessaire à terme une autre politique.
Il a commencé à se dire que la politique de planification
centralisée et autoritaire de la population ne peut réussir puisqu'elle est couplée à la politique
d'enrichissement des paysans.
La solution pourrait être de s'attaquer pour de bon au grand problème de
la retraite et des assurances sociales dont la réforme entraînerait une refonte complète du budget (plus
de 80% des Chinois n'ont ni retraite ni protection sociale), une refonte de l'entreprise (qui prend
aujourd'hui sur son chiffre d'affaires les assurances maladie, décès, invalidité, maternité, sans compter le
logement): bref une réorientation complète du système économique vers le libéralisme, en sens contraire
du souci idéologique et politique des dirigeants.
A terme, cependant, le Parti pourra officiellement éviter une telle mutation s'il veut en même temps
maintenir sa politique de modernisation et entrer véritablement dans le système international.
La seule
démographie peut l'y contraindre indirectement: entre 1982 et 1990, 127 millions de nouveaux actifs ont
dû être intégrés dans l'économie.
Le nombre total d'actifs était de 680 millions en 1990.
Il devrait être de
775 millions en l'an 2000.
Mais, malgré la politique d'industrialisation et de développement des ateliers et
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manufactures des petits bourgs, le nombre d'actifs agricoles s'accroît toujours plus vite que celui des
autres secteurs.
Ainsi la transformation de l'économie chinoise en un système moderne est encore à
venir.
Seules quelques régions privilégiées ont connu des progrès sensibles dans ce domaine.
La
démographie reste donc l'une des inconnues majeures de l'évolution de l'économie.
L'année 1991-1992 aura été une année faste.
Les taux de croissance, qui mesurent la réussite de la
relance de la production, et l'absence de "surchauffe" semblable à celle de 1985 ont placé la Chine devant
les "petits dragons" de l'Asie du Sud-Est, performance non négligeable eu égard à sa taille.
Avec, en
1991, un PIB en croissance de 7,3% (3,7% en 1990), une production industrielle en forte augmentation
(14% en 1991, contre 4,8% seulement en 1990), une production agricole en progrès (3%) malgré les
inondations catastrophiques de l'été 1991, une inflation maintenue à 3,4% (21,4% en 1989, 20% en
1990), la situation économique est apparue bonne.
L'existence de stocks excessifs, le maintien d'un
déséquilibre budgétaire important sont plus inquiétants, d'autant qu'ils résultent de la structure même de
l'économie.
Ces problèmes ne seront pas résolus tant que la réforme de la gestion des entreprises
(acceptation des faillites, suppression du sous-emploi déguisé - 20% des travailleurs de l'industrie
seraient inutiles), de la formation des prix, et le démantèlement du système des allocations centrales de
ressources et de matières premières ne seront pas effectifs.
Néanmoins, l'équilibre des finances
extérieures a été rétabli en 1991.
Le....
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