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Chine 1992-1993 Prémices d'un retour en force En Thaïlande, la Bangkok Bank, première banque commerciale d'Asie du Sud-Est, appartient à...

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« Chine 1992-1993 Prémices d'un retour en force En Thaïlande, la Bangkok Bank, première banque commerciale d'Asie du Sud-Est, appartient à un Chinois émigré en 1927.

C'est un Teochiu, tout comme le patron du plus gros conglomérat industriel de Thaïlande.

Bangkok Land, autre conglomérat possédé par un Teochiu, va construire entre 40 000 et 80 000 appartements à Pékin! Les Chinois d'outre-mer sont trente millions.

Ils sont enracinés dans des pays bien différents.

Le groupe ethnique des Hakkas, émigrés qui déjà en Chine étaient considérés comme de pauvres hères sans pénates, au point qu'on les appelait et qu'on les appelle encore péjorativement Kejia, les "hôtes", dans leurs régions d'accueil, ont donné un maître à la Birmanie, le général Ne Win, un président à Singapour, Lee Kuan-yew, le président de Taïwan, Lee Teng Hui.

Et, avant la Seconde Guerre mondiale, le banquier Song de Shanghaï, qui avait marié l'une de ses filles à Tchiang Kaishek, chef du Guomindang, et une autre, Song Ching-ling, à Sun Yatsen, fondateur de la République en 1911, qui, devenue veuve, devait finir ses jours comme vice-présidente de la Chine populaire.

Teochiu et Hakkas, mais aussi bien d'autres émigrés ont été depuis les années soixante-dix des piliers de la croissance économique des "petits dragons", si ce n'est son principal moteur. L'ouverture de la Chine continentale offre aux dizaines de milliers de leurs descendants, entrepreneurs et banquiers, l'occasion de revenir au pays de leurs racines et d'y faire des affaires encore plus prometteuses que celles qui avaient permis à leurs pères de bâtir des fortunes considérables.

Le produit brut annuel engendré par les Chinois d'outre-mer, Taïwan et Hong Kong compris, a été estimé en 1992 à 400 milliards de dollars, soit presque autant que celui de la Chine populaire ou que celui de toute l'Asie orientale non communiste, Japon exclu! Il est apparu que ces Chinois seraient bien capables, si Pékin les laissait faire comme on le croit, de dynamiser à son tour l'immense Chine continentale.

L'appréhension de la complexité des relations familiales, claniques, provinciales, les liens entre condisciples, a semblé essentielle à la compréhension en profondeur du fonctionnement des transformations économiques à l'oeuvre. Dynamisme économique et conservatisme politique La Chine populaire n'aurait cependant besoin des anciens émigrés qu'à la marge, car elle s'est mise toute entière à fonctionner comme eux.

A partir de 1991, la croissance économique du pays a étonné.

Elle a été de 12,8% en 1992 (prévision: 6%).

L'objectif a été révisé à la hausse (8,5%) pour 1993, mais au premier trimestre elle arrivait déjà à 14%.

Celle de Shangaï a atteint 27% en 1992, celle de la Chine du Sud entière 32%.

Les hommes d'affaires mondiaux ont recommencé à crier au marché chinois "inépuisable".

55 milliards de dollars de contrats ont été signés avec l'étranger en 1992.

Cette même année, la Chine a effectué 60% de ses échanges à l'intérieur de l'Asie, ne dépendant plus, comme précédemment, des États-Unis, voire de l'Europe pour se développer.

Par ailleurs, elle a laissé se développer le commerce frontalier avec la Russie, voire la pénétration de commerçants chinois dans le chapelet des villes qui jalonnent le parcours du Transsibérien.

Profitant de la dépréciation continue du rouble alors que le yuan est resté stable, on a vu des négociants issus du Heilongjiang acheter maisons et magasins à Krasnoïarsk ou Novosibirsk.

Il est ainsi apparu clairement que la stratégie à long terme du pays dériverait inéluctablement de ce qu'il a entrepris de mettre en place: une économie de plus en plus performante, une puissance militaire et commerciale de niveau équivalent, chacun des trois secteurs devant à terme être en rapport avec le poids de la démographie. Le 14 e congrès du Parti communiste chinois (PCC), en octobre 1992, a dominé l'année 1992.

D'aucuns avaient espéré qu'il ouvrirait des perspectives politiques claires.

Il s'est clos sur un bilan en demi-teintes. Des "conservateurs" ont été mis à l'écart, mais les conservateurs sont demeurés présents dans les plus hautes instances du Parti, c'est-à-dire le Comité permanent (7 membres) du Bureau politique (20 membres) issu du Comité central (189 membres).

Ancrés dans la pyramide à degrés de pouvoir descendant, constituée de 52 millions de membres du PCC (avec les familles, au bas mot 150 millions de personnes), constituant toujours la seule force politique de ce pays de 1,155 milliard d'habitants (officiellement) tant que l'armée lui restera associée et tant que la paysannerie ne grondera pas.

C'est du Parti communiste qu'ont encore relevé des décisions relatives aux investissements étrangers et la file:///F/Lycée/angui/450381.txt[13/09/2020 01:05:06] direction à tous les niveaux de l'État, bien qu'il ait condamné en 1980 le principe d'un Parti-État. Suffisamment de "réformistes" ont été promus au faîte du pouvoir pour établir un équilibre.

Deux seulement sont "montés" au Comité permanent, mais de taille: l'ancien maire de Shangaï, Zhu Rongji, après avoir pris en charge l'économie, a occupé la fonction de premier vice-Premier ministre.

L'ancien responsable chargé de réparer les erreurs de la politique chinoise au Tibet, Hu Jintao, est devenu pour sa part secrétaire du Comité central, poste stratégique.

Deng Xiaoping a donc réussi, sans surprise, le placement de son jeu.

En fin joueur de bridge qu'il est, il pouvait ainsi en toute sécurité occuper symboliquement la place du mort et surveiller d'un oeil attentif le jeu de ses partenaires. Conversion des esprits au capitalisme La majorité des dirigeants a été réunie en une mouvance "centriste", le centre, au plus près de la ligne générale, étant le lieu où il est le plus facile de virer à gauche ou à droite, au vent des événements.

Une première grande leçon du 14e congrès pouvait déjà être retenue: faute d'imaginer une nouvelle politique, on s'est borné à maintenir les acquis sociaux des privilégiés.

Car, contrairement à l'accent mis dans les médias chinois sur l'apparition d'une nouvelle "théorie de l'économie de marché socialiste", il n'y a rien eu de neuf dans la pratique; toujours le passage d'un socialisme délabré à un capitalisme encadré, testé progressivement à partir des années soixante-dix. La nouveauté est apparue ailleurs: la victoire du capitalisme s'est faite totale dans les esprits.

Son extension généralisée a perverti ce qui subsistait encore des grands idéaux socialistes.

Il a été clairement observable, à partir de mars 1992 et à la suite du voyage fortement médiatisé de Deng Xiaoping dans les provinces du Sud, que les derniers freins aux ambitions de la bourgeoisie bureaucratique ont été desserrés.

Dans tous les domaines de l'économie, voire de la contrebande, dans toutes les grandes corporations - sortes de holdings destinés à remplacer les bureaux des ministères -, dans toutes les banques, partout où l'on trouvait de quoi s'enrichir, des membres influents du Parti et leurs familles occupaient les meilleurs postes.

Dans nombre de provinces, les entreprises d'État les plus rentables ont été transformées en sociétés par actions et se sont trouvées gérées par les cadres du régime.

Les entreprises en déficit sont demeurées, elles, à la charge du budget. Dans le monde rural, cette invasion d'un capitalisme ni philosophique ni légal a.... »

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