Chine 1996-1997 Le retour de Hong Kong La mort de Deng Xiaoping, le 19 février 1997, n'a débouché sur aucune...
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Chine 1996-1997
Le retour de Hong Kong
La mort de Deng Xiaoping, le 19 février 1997, n'a débouché sur aucune crise de régime.
Les problèmes
de succession politique et d'orientation économique sont cependant restés entiers.
Si la croissance s'est
maintenue, la situation économique et sociale est apparue de plus en plus préoccupante.
Quant aux
relations extérieures, elles ont été marquées par un net dégel et un redéploiement diplomatique,
notamment vers la Russie et la France.
La mort de Deng n'a finalement été qu'un non-événement.
Depuis quelques années déjà le "petit
timonier" n'occupait plus qu'un rôle marginal dans la gestion quotidienne des affaires.
Sa disparition n'a
donc pas ébranlé le pouvoir du chef de l'État, Jiang Zemin qui, au contraire, a réussi à maintenir sa
position.
Il a largement investi le champ idéologique en insistant sur le rôle premier de la politique et sur
l'importance de la culture.
Cette offensive idéologique a culminé lors du 6e plénum du 14e Comité central
(7-10 octobre 1996) dont la principale contribution a consisté en l'adoption d'une "Résolution sur le
renforcement de la civilisation spirituelle socialiste", Jiang Zemin tentant manifestement de se donner une
image de penseur à l'instar de Mao et de Deng.
Certains hauts dirigeants, et notamment le président du Parlement Qiao Shi, ont dénoncé, à mots plus ou
moins couverts, ce retour au "culte de la personnalité".
Campagne anticriminalité
Parallèlement, le gouvernement a pris de nombreuses mesures en vue d'assainir la situation sociale et de
protéger la "stabilité du pays", obsession du régime.
La lutte contre la corruption a touché de hauts
dirigeants de l'armée, de la police armée et de la police.
Jamais depuis le début des réformes un aussi
grand nombre de fonctionnaires municipaux et provinciaux n'avaient été arrêtés et condamnés pour
corruption.
Des fils de hauts dirigeants un peu trop impliqués dans les affaires ont été sanctionnés.
Après
l'élimination politique du maire de Pékin, par ailleurs membre du Bureau politique, Chen Xitong, en avril
1995, le "nettoyage" de la bureaucratie de la municipalité de la capitale s'est poursuivi.
Un début de
remise en ordre a eu lieu dans les secteurs boursiers et immobiliers.
Un nouveau mouvement
anticriminalité a été lancé en avril 1996.
Il ne devait durer que 100 jours mais, devant l'ampleur du
problème, il est devenu permanent.
Le rythme des exécutions capitales et des arrestations est devenu
comparable à celui du mouvement anticriminalité de 1983-1984.
Cette fois-ci, les trafiquants de drogue
ont été particulièrement visés.
De nombreux textes visant à limiter l'immigration des paysans dans les
grandes villes ont été adoptés pour contenir l'insécurité publique.
Les résultats de cette tentative de reprise en main sont néanmoins restés modestes, notamment parce
que les autorités ont craint qu'une brutale remise au pas décrédibilise totalement le pouvoir
bureaucratique et casse la croissance.
Ainsi a-t-il été annoncé que le jugement de Chen Xitong aurait lieu
avant la fin de l'année 1996, mais on attendait toujours six mois plus tard De même, les grandes
campagnes d'assainissement de l'administration, ponctuelles, ne remettent pas en cause l'affairisme
bureaucratique.
Parallèlement, le manque d'unité de la classe politique dirigeante affaiblit la portée des
décisions du Centre.
Les déclarations contradictoires des leaders sur le rôle de l'Assemblée nationale, la
réforme des entreprises publiques ou l'orientation idéologique ont démontré, à compter de l'été 1996,
l'existence d'une collégialité de fait dans la gestion des affaires.
Ainsi, à plusieurs reprises et notamment
lors de la session annuelle du Parlement (début mars 1997), Qiao Shi s'est fait une nouvelle fois le héraut
d'un accroissement du rôle du pouvoir législatif et d'une plus grande institutionnalisation du régime,
orientations s'opposant aux thèses plus "politiques" de Jiang Zemin.
Les résultats macroéconomiques sont restés bons.
En 1996, le taux de croissance du PIB a atteint 9,7 %.
Un nouveau record de production a été battu pour les céréales (427,1 millions de tonnes), la valeur de la
production industrielle a crû de 12,7 % (6,4 % pour l'industrie d'État et 17,4 % pour le secteur collectif).
Les prix de détail n'ont augmenté que de 7 %.
L'économie chinoise a donc semblé avoir réussi son
"atterrissage en douceur" après la période de croissance débridée de la première moitié des années
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quatre-vingt-dix, cet atterrissage tenant aussi du "tassement" en raison de l'absence de véritables
réformes (secteur public, agriculture ) et des insuffisances de la politique macroéconomique, notamment
dans le domaine financier.
Les difficultés du secteur public
La grande réforme des entreprises publiques a marqué le pas.
Les signaux envoyés par les dirigeants
sont apparus contradictoires.
Environ 5 000 entreprises ont été mises en liquidation en 1996 contre 2 200
en 1995 et 32 en 1990, et, au début de 1997, 10 millions d'ouvriers se trouvaient écartés de la
production (sans être tous formellement mis au chômage).
Officiellement, 1997 a été considérée comme
une année d'approfondissement et d'extension de la politique de "modernisation des entreprises
publiques".
Les entreprises continuent à être largement aidées par l'État, mais en échange de la
réalisation d'objectifs précis.
Néanmoins, si de nombreux forums nationaux et provinciaux ont insisté sur
l'absolue nécessité de régler le problème du fardeau que représente l'industrie d'État pour les finances
publiques, Wu Bangguo, le vice-ministre en charge de ce délicat dossier, a lui-même insisté sur le fait
qu'il ne fallait pas fermer trop d'entreprises.
Au début de l'année 1997, la presse officielle (et notamment
le Quotidien du peuple) a publié plusieurs articles insistant sur une indispensable prudence à respecter en
la matière.
Selon elle, les fermetures d'usines doivent être limitées et surtout les pertes d'emploi
systématiquement compensées, soit par le maintien d'un salaire minimum soit par des subventions
exceptionnelles, notamment au moment du nouvel an chinois - le développement d'une assurance
chômage généralisée (dans les zones urbaines) et la création d'emplois dans le secteur privé étant
souvent perçus comme des moyens d'empêcher un embrasement social dans le milieu ouvrier.
Quoi qu'il en soit, ces multiples initiatives n'ont pas débouché sur une amélioration de l'état du secteur
public, bien au contraire.
Il a terminé l'année 1996 avec un déficit de 54 milliards de yuans, en
augmentation de 38 % par rapport à 1995.
Certains rapports plus ou moins confidentiels ont fait état
d'une situation catastrophique dans certaines branches comme le charbon ou la sidérurgie.
La majorité
des entreprises seraient incapables de payer normalement les salaires.
Dans la base industrielle du nordest du pays, les mouvements de protestation se sont multipliés, obligeant souvent les autorités à
débloquer des fonds d'urgence.
En fin de compte, à force de subventions et d'aides diverses, la
liquidation du secteur public coûterait au moins aussi cher au budget de l'État que sa "préservation".
La détérioration de la situation financière de l'administration centrale est précisément le deuxième
problème auquel ont dû faire face les dirigeants chinois.
Depuis....
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