Chine 2003-2004 Priorité à la stabilisation Longtemps en marge du système international, la Chine se normalise, progressant vers l’insertion internationale...
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Chine 2003-2004
Priorité à la stabilisation
Longtemps en marge du système international, la Chine se normalise, progressant vers l’insertion
internationale et adoptant un nombre croissant de normes internationales.
Pourtant, elle conserve sa
spécificité politique, l’évolution de son régime constituant un cas unique.
La Chine communiste n’a en
effet connu ni implosion, ni renversement du parti unique – le Parti communiste chinois (PCC) –, ni même
transition.
Au contraire, le système politique chinois s’est transformé de manière progressive à partir de la
fin de la période maoïste (1978) sans que soient remises en cause l’unicité, la légitimité et la longévité du
Parti.
La mise en place d’une économie socialiste de marché – vaste projet amorcé dans les années 1980
et accéléré par l’ancien «homme fort» de la Chine réformatrice Deng Xiaoping au début des années 1990,
par un décret d’ouverture à l’économie mondiale – se nourrit de plus de vingt ans de tâtonnements et
d’avancées mais aussi de l’expérience douloureuse de la Russie.
En Chine, la consigne est restée de
préserver la «stabilité sociale et politique», et de là, l’«ordre».
Réduire les fractures sociales et géographiques
Poursuivre cette grande entreprise de modernisation et d’insertion internationale a un coût : celui d’une
fracture sociale criante – entre gens de la ville et gens de la campagne, entre une nouvelle classe
moyenne aisée et les millions de chômeurs en ville même (le taux de chômage urbain est estimé à 18
%), entre les élus locaux en campagne, qui deviennent de nouveaux notables, et les citoyens ordinaires.
Celui également d’une fracture géographique à l’intérieur du pays : les autorités parlent de «une Chine et
quatre mondes» pour désigner les disparités régionales et les déséquilibres entre la Chine orientale et
côtière et la Chine centrale, méridionale (la province de Guizhou est la plus pauvre en termes de PIB par
habitant) ou occidentale.
Les tensions sociales qui en résultent se cristallisent autour de mouvements
locaux de protestation, tant dans le monde paysan – celui-ci a pu se soulever contre les équipes
dirigeantes locales – que dans le monde ouvrier, contre le non-paiement, par exemple, de salaires
mensuels par des entreprises publiques en faillite.
De la condamnation ferme des «agitateurs» à
l’obligation de paiement faite aux entreprises, Pékin a opté pour l’ordre social.
Les disparités
extraordinaires de revenus au sein de la population – de source chinoise, 10 % des plus aisés
toucheraient dix fois plus que 10 % des plus démunis – poussent les autorités à réagir.
Contenir l’agitation sociale et les effets d’une «surchauffe» économique est la mission que s’est donnée
l’équipe du président Hu Jintao.
Les phénomènes migratoires, jusqu’alors entravés par l’existence d’un
permis de résidence (hukou) contraignant la personne à l’immobilité au risque de perdre ses droits
sociaux, sont désormais encouragés pour faciliter le travail saisonnier, contribuer au développement des
régions les plus pauvres, mais aussi gonfler les rangs de la main-d’œuvre urbaine et répondre aux
objectifs de croissance.
Les nombreux Chinois sans domicile fixe sont dorénavant pris en charge par le
département des Affaires sociales et non plus par la police.
Cela pourrait augurer d’une meilleure relation
entre le pouvoir politique et la société chinoise, par un assouplissement du contrôle social.
De même,
l’inscription de l’accès à la propriété privée dans la Constitution chinoise, amendée en 2004 à l’issue de la
seconde session de la Xe Assemblée nationale populaire (ANP) qui s’est réunie du 5 au 14 mars, a traduit
la volonté d’accompagner les évolutions socioéconomiques.
Mais le débat sur la Chine «État de lois ou
État de droit» demeurait pertinent : les réformes juridiques de ces dernières années ont avant tout
accompagné et servi la réforme économique.
Avec un objectif de croissance fixé à 7 % en mars 2004 pour l’ensemble de l’année en cours, la
surchauffe économique ne risquait cependant pas de cesser.
La croissance reste portée par la
consommation privée et la demande intérieure.
Souvent qualifiée d’«usine du monde», notamment en
raison de son activité d’assemblage de produits manufacturés, la Chine est par ailleurs confrontée à un
déficit énergétique qui l’oblige à importer du pétrole et à investir dans le nucléaire, de même qu’elle doit
faire face aux critiques de ses partenaires, États-Unis en tête, concernant des échanges jugés trop
excédentaires en sa faveur.
Seul le Japon est parvenu à rééquilibrer ses comptes.
Membre de
l’Organisation mondiale du commerce (OMC) depuis 2001, la Chine doit en outre répondre
progressivement aux critères internationaux : elle a supprimé les taxes douanières sur l’importation
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d’acier en décembre 2003 ; la mise en concurrence avec le système bancaire des autres pays membres
de l’OMC en 2005 l’oblige à assainir au plus vite son système financier (en 2001, ses créances douteuses
étaient estimées à 38 % du PIB).
Mais, originellement conçues pour soutenir les entreprises publiques, en
forte crise aujourd’hui, les banques chinoises ne semblaient plus solvables.
Ce sont la forte épargne des
ménages (42 % du revenu disponible) et les flux croissants d’investissements directs étrangers qui, de
fait, nourrissent la liquidité financière.
Persistance du contrôle politique
En encourageant la stimulation économique et en privilégiant le maintien de l’ordre social, les autorités
politiques apparaissent de plus en plus comme de véritables gestionnaires.
L’assouplissement de la
relation au citoyen ne doit pas occulter la persistance des systèmes de contrôle politique.
Au niveau
économique, l’État conserve un droit de regard sur la gestion des entreprises, sur l’allocation de crédits et
sur les mouvements financiers en provenance de l’étranger ; il est au cœur du processus.
Au niveau
politique, le Parti avait adopté, en 2002, la théorie des «trois représentations» et accueilli formellement
en son sein les entrepreneurs privés et l’élite culturelle.
En rassemblant ainsi l’ensemble des élites du
pays, le Parti réunissait aussi sous sa coupe l’ensemble des forces motrices ou contestataires.
Le régime de Pékin reste exclusif et les partis d’opposition étaient encore déclarés illégaux à la mi-2004.
Certes, huit partis démocratiques ont été autorisés, mais dans un cadre de coopération étroite et formelle
avec l’unique instance politique légale, le PCC.
Ces partis sont décrits comme des contre-pouvoirs
nécessaires et utiles, travaillant de fait avec le Parti.
En aucun cas, ils ne sauraient être des partis
d’opposition.
Cette coopération institutionnalisée réduit considérablement la marge de manœuvre des
rares autres mouvances politiques et confirme la toute-puissance gestionnaire du PCC.
Les événements
politiques de l’année 2003-2004 à Hong Kong ont renforcé l’idée d’un verrouillage du système de contrôle
par Pékin : de façon paradoxale, le parti politique proche de Pékin a perdu beaucoup de son influence lors
des élections du printemps 2004, alors que Pékin a considérablement resserré sa supervision des affaires
locales.
La mise en place d’une zone de libre-échange, la première de ce type pour la Chine, en vigueur
depuis le 1er janvier 2004, a renforcé les relations entre Hong Kong et la Chine continentale.
Par ailleurs,
les élections locales étaient davantage un moyen de mettre en place de nouveaux notables pour les
inviter ensuite à rejoindre les rangs du Parti, lorsqu’ils n’en étaient pas déjà membres, qu’une étape vers
la démocratisation.
À Pékin, celles-ci se sont déroulées le 12 décembre 2003.
L’assouplissement de....
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