Chine 2004-2005 La nouvelle équipe dirigeante en phase de consolidation La transmission du pouvoir de la troisième à la quatrième...
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Chine 2004-2005
La nouvelle équipe dirigeante en phase de consolidation
La transmission du pouvoir de la troisième à la quatrième génération au sommet de la direction chinoise
entamée lors du XVIe congrès du Parti communiste chinois (PCC) en 2002 s’est achevée fin 2004-début
2005.
À la tête du Parti depuis novembre 2002 et de l’État chinois depuis mars 2003, Hu Jintao a succédé
à Jiang Zemin au faîte de la hiérarchie militaire après la démission de ce dernier de la présidence de la
Commission militaire centrale du Parti en septembre 2004 et de l’État en mars 2005.
Il détenait désormais
entre ses mains l’ensemble des fonctions officielles suprêmes.
La phase de direction bicéphale marquée par les tensions internes entre les équipes de Jiang Zemin et de
Hu Jintao a fait place à une consolidation du pouvoir de ce dernier, la transition s’accompagnant de
l’ancrage du style de gouvernement du tandem que le président chinois forme avec son Premier ministre,
Wen Jiabao.
« Proche du peuple », ce style veut contraster avec l’accent élitiste du modèle de
développement socioéconomique promu par Jiang.
L’accélération des renouvellements de personnels à la
tête des provinces et des administrations centrales à compter de septembre 2004 a consolidé l’assise
politique des partisans de cette ligne sans mettre fin à l’influence de Jiang qui était secrétaire général du
Parti depuis 1989.
Le IVe plénum du Comité central du PCC de septembre 2004 a engagé de timides réformes politiques
(expériences locales d’élection directe des chefs de canton ; mesures visant à promouvoir une certaine
démocratisation du fonctionnement interne du Parti).
Hu Jintao a néanmoins indiqué qu’une évolution
vers le modèle de démocratie à l’occidentale serait une impasse pour la Chine.
Par ailleurs, le quasisilence des autorités lors du décès à l’âge de 85 ans de l’ancien secrétaire général du parti, Zhao Ziyang
(17 janvier 2005), maintenu en résidence surveillée depuis qu’il était tombé en disgrâce pour avoir
sympathisé avec les manifestants de la place Tian An Men en 1989, a reflété le consensus de la classe
dirigeante pour prévenir toute déstabilisation du régime.
La nomination d’un gouverneur de la province
du Tibet proche du président chinois (décembre 2004) et la démission forcée du chef de l’exécutif de
Hong Kong, Tung Chee-hwa (12 mars 2005), ont marqué autant la reprise en main de ces dossiers
sensibles par Hu Jintao que la poursuite de la double stratégie des autorités chinoises : promotion de la
croissance économique, immobilisme politique.
Un malaise social plus visible
L’introduction dans la Constitution de la notion de « droits de l’homme » en mars 2004 s’est inscrite dans
le mouvement de progression des libertés dans le domaine privé et d’ouverture croissante de la société
chinoise sur l’extérieur (médias, Internet, développement du tourisme et du nombre d’étudiants chinois à
l’étranger etc.).
Peu de progrès ont cependant été enregistrés dans le domaine des droits civils et
politiques et l’année 2004 a vu un resserrement des contrôles sur les activités des personnes ou des
groupes susceptibles de défier le pouvoir en place : intellectuels, médias, militants pour un syndicalisme
indépendant, soutiens de causes jugées « séparatistes » au Tibet et au Xinjiang, etc.
Le raidissement des
autorités vis-à-vis de toute velléité de dissidence, sensible dès le lendemain du XVIe congrès, a reflété à
la fois une certaine émergence de la société civile et la montée des tensions sociales dont le taux de
chômage officiel, sous-évalué (4,1 %), donne mal la mesure.
Les émeutes rassemblant jusqu’à plusieurs
dizaines de milliers de personnes sur un mode de plus en plus organisé se sont multipliées au sein de
franges importantes de la population : les paysans (400 millions) en proie à une taxation abusive et à la
confiscation mal indemnisée de leurs terres ; les travailleurs migrants (150 millions) démunis face aux cas
non isolés de refus de versement de leur salaire ; les employés des entreprises d’État licenciés en masse
(4 millions par an) ; les jeunes diplômés de plus en plus confrontés au chômage ; les habitants des vieux
quartiers des centre-villes expulsés sans indemnisation suffisante.
L’année 2005 a été placée sous le signe de l’intensification de la lutte contre la corruption.
Celle-ci, sur
fond d’écarts de richesse grandissants (de un à six entre la province la plus riche et la province la plus
pauvre ; de un à trois entre villes et campagnes), cristallise le mécontentement populaire qui oppose
encore bureaucratie locale « au service de ses propres intérêts » et autorités centrales « au service du
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peuple ».
Soucieux de ne pas fragiliser le monopole du PCC, le gouvernement se refuse néanmoins à
mettre en place un système de contrôle par les contrepouvoirs nécessaires.
Il privilégie la réforme de
l’administration à la réforme politique et s’efforce de moraliser l’appareil dirigeant.
À la recherche d’une croissance plus équilibrée
La politique économique de la nouvelle équipe dirigeante a confirmé son inflexion entre 2004 et 2005.
Articulée autour des thèmes de « développement scientifique » et de « société harmonieuse », elle
apparaît comme l’étape suivante de la « théorie des trois représentativités » de Jiang Zemin.
Le Premier
Ministre chinois a présenté, en mars 2005, dans son discours annuel de politique générale, la nouvelle
approche des autorités centrée sur la promotion de la « croissance durable », avec des objectifs plus
faibles en terme de productivité, mais plus respectueux des équilibres sociaux, environnementaux et
géographiques.
La progression rapide du revenu paysan en 2004, après plusieurs années de stagnation, a reflété la
nouvelle priorité accordée au développement du monde rural (60 % de la population totale).
L’effort des
autorités se poursuit en 2005 par une série de mesures : réduction de la taxe agricole en vue de sa
suppression en 2006, compensée par des transferts de crédits centraux aux budgets locaux ; mise en
place de la gratuité de l’éducation pour les enfants pauvres ; développement de l’accès à la santé (seuls
20 % des actifs, essentiellement urbains, bénéficient du système de protection sociale) ; renforcement
des infrastructures.
Dans l’ensemble, l’équipe Hu-Wen a fait la preuve de sa capacité dans le domaine économique en
parvenant à maîtriser les risques de « surchauffe » apparus fin 2003 tout en maintenant un niveau élevé
de croissance.
L’économie chinoise a connu une bonne année 2004, avec une progression du revenu
national de 9,5 % (un record depuis 1996) et une inflation modérée (+3,9 %).
Le commerce extérieur
s’est accru de 35 % et l’excédent commercial s’est maintenu (32 milliards de dollars, soit 2 % du Produit
intérieur brut).
L’investissement étranger (IDE) a atteint le niveau record de 60 milliards de dollars,
plaçant la Chine au deuxième rang mondial des pays destinataires d'IDE.
Parallèlement, la politique....
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