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Cité " Cité,, peut être pris aujourd'hui dans le sens de " ville». Le mot ajoute toutefois à l'idée d'agglomération...

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« Cité " Cité,, peut être pris aujourd'hui dans le sens de " ville».

Le mot ajoute toutefois à l'idée d'agglomération relativement importante : il sous-entend la ville comme personne politique, ayant des droits, des devoirs, des fonctions. C'est que, autrefois, le mot "cité» désignait un territoire dont les habitants se gouvernaient par leurs propres lois: l'unité politique constituée par la ville et par ses environs.

Nous sommes ainsi renvoyés aux premières organisations de la vie citadine que les anciens voulurent harmonieuse et exemplaire.

Dans son Histoire de Rome, Tite-Live écrit du successeur de Romulus, le fondateur de la ville: "Devenu roi d'une ville naissante, fondée par la force des armes, Numa se met en devoir de l'établir sur des fondements nouveaux: le droit, la loi, les bonnes mœurs.

,, Déjà, les cités grecques avaient été les creusets de la vie sociale et politique, et elles demeurent, aux yeux des historiens, de véritables modèles pour la qualité de leurs institutions et, souvent, pour la démocratie de leurs mœurs. les cités antiques Les premiers habitants de la Grèce, ceux qu'on appelle les Achéens, étaient des pasteurs à demi nomades.

Chaque groupe constituait un clan patriarcal ou « génos » dont les membres descendaient du même aïeul et adoraient le même dieu.

Ces clans s'associèrent en fraternités ou phratries lorsqu'ils eurent à faire des expéditions guerrières.

Quand l'entreprise était d'envergure, les phratries elles-mêmes se groupaient en tribus, chaque tribu reconnaissant l'autorité d'un même chef, le basileus.

Puis les clans se sédentarisèrent. Aristote distingue donc, dans sa Politique, trois stades: d'abord la famille, première communauté naturelle (mari et femme; maître et esclave), groupée autour du même autel; puis le village, dirigé par un roi qui a les attributs de l'aïeul dans la famille; enfin l'Etat, la «polis», constituée par l'association de plusieurs villages, qui se suffit à elle-même.

L'homme évolue au sein de sa famille et l'aboutissement naturel de cette évolution est la polis : il est un être «politique» et la cité est un phénomène naturel. Les cités (les polis) s'implantèrent puis se développèrent, évidemment en fonction du milieu, de la position géographique, des circonstances historiques.

Elles rassemblèrent, furent des lieux de rencontres et d'échanges.

« Dans presque toutes les cités, dit encore Aristote, il y a nécessité de vendre ou d'acheter pour la satisfaction de mutuels besoins, et c'est pour elles le moyen le plus expéditif de se suffire, objet qui semble avoir déterminé les hommes à s'unir en communauté.

» Autonome, autosuffisante, lien symbolique autant que réel, par ses édifices et par ses institutions, entre le passé, le présent et l'avenir de ses habitants, la cité est tout cela, mais son développement reste étroitement associé au sentiment religieux.

La patrie, c'est avant tout ce qui unit les hommes ayant un ancêtre commun, un même père.

Le culte des morts est donc la base de la cohésion et de la continuité de la famille.

Et la croyance commune dans les mêmes dieux protecteurs, les mêmes pratiques religieuses, a été le ciment de la cité, après avoir été celui du noyau familial.

Ainsi n'y a-t-il pas eu de progrès social sans une progression correspondante de la pensée et de la pratique religieuses.

Les anciens aimaient leur patrie parce qu'ils aimaient les dieux qui la protégeaient avant de l'apprécier pour ses lois et pour ses institutions. On en déduira que l'isolement était la règle : chacun avait ses dieux.

Toute tentative de fédération, à plus forte raison d'union des cités entre elles, impliquait que l'on y renonçât, et signifiait un abandon de souveraineté.

Des bornes sacrées déterminaient le territoire: lois, monnaies, poids et mesures, le système entier était cohérent, mais autonome.

Par contre, hors de sa cité, le Grec se trouvait aussitôt en pays étranger.

Aussi les rivalités entre Etats étaient-elles brutales et cruelles: on ne faisait pas seulement la guerre aux hommes, mais à leurs dieux et il n'y avait pas de merci.

Le fort particularisme des cités grecques ne céda finalement que devant une unité imposée de l'extérieur, par la Macédoine, puis par Rome. Il ne faut pas, au demeurant, s'exagérer l'importance matérielle des cités antiques.

Si l'on excepte Athènes et Sparte, dont le territoire était assez vaste, il s'agissait de tout petits Etats dont la population excédait rarement dix mille personnes.

Et même, Rome distinguera entre les territoires conquis (ager publicus) et le noyau initial du territoire romain (ager romanus) qui demeurera fixé aux limites que ses rois avaient tracées. II apparaît bien que la cité antique jouissait, à l'intérieur de ses limites, d'une liberté collective qui était une condition même de son autonomie.

Sur la liberté des citoyens dans ce cadre collectif, les opinions divergent.

Dans 50 Mots clés de la culture générale contemporaine, Ph.

Forest cite, à l'entrée Individualisme, l'ouvrage de Benjamin Constant, De la Liberté des Anciens comparée à celle des Modernes (1819): « Le but des Anciens était le partage du pouvoir social entre tous les citoyens d'une même patrie.

C'était là ce qu'ils nommaient liberté.

» Fustel de Coulanges, lui aussi, souligne en 1864 que la cité antique exclut la notion de liberté individuelle. Et il voit, au nombre des raisons de sa dissolution, l'action conjuguée du christianisme et de la philosophie grecque faisant prévaloir une conception de la valeur et des buts individuels distincte de la notion d'Etat : comme le stoïcisme avait fondé la liberté de l'individu, le christianisme harmonise les croyances et « sépare la religion du gouvernement.

La religion, n'étant plus terrestre, ne se mêle plus que le moins qu'elle peut aux choses de la terre».

Alors que la religion, le droit et le gouvernement avaient été si longtemps indissociables, Dieu désormais se distingue de l'Etat. Mais, au XXe siècle, Gustave Glotz, tout en rendant hommage à son illustre devancier, ne partage pas le sentiment de Fustel de Coulanges: pour lui, la cité grecque et la liberté individuelle ont progressé de concert.

Il n'y a pas eu antinomie entre liberté collective et liberté du citoyen : le génos, indispensable au développement de la cité, n'a cessé, paradoxalement, de s'éroder au fur et à mesure de ce même développement.

La liberté du citoyen s'est lentement imposée, parallèlement à la disparition des servitudes patriarcales. Par-delà les divergences d'écoles et de convictions, on retiendra que les habitants de la cité antique étaient inégalement concernés par cet aspect des choses. Les citoyens Si la polis (la cité) est un fait naturel et l'homme un. politique» pour Aristote, l'humanité ne se divise pas moins, à ses yeux, en deux catégories : ceux qui vivent dans les cités, destinés à se.... »

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