Civilisation Le mot " civilisation » ne figure dans le dictionnaire de l'Académie française que depuis 1835: il a été...
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«
Civilisation
Le mot " civilisation » ne figure dans le dictionnaire de
l'Académie française que depuis 1835: il a été employé à
partir du moment où l'histoire s'est affirmée en tant que
science et où l'opinion a pris conscience de son aspect
évolutif.
Dans un sens large, « civilisation » désigne un ensemble complexe: les idées et-les habitudes de l'homme
vivant en société.
Il y a civilisation quand les individus
sont en relation les uns avec les autres.
Et il y a bien
entendu des civilisations, ensembles de caractères propres à la vie d'un pays ou d'une société, aux degrés de
développement très divers.
Car " civilisation » contient également l'idée de progrès
et désigne un état des moeurs avancé, résultant d'une
certaine maÎtrise des arts et des techniques.
La notion
s'oppose à l'idée de barbarie et plus encore à celle de
sauvagerie.
Le mot «civilisation» vient du latin « civis » : citoyen.
Il implique donc d'appartenir à une cité, ce qui fait
écrire à l'auteur de L'Homme et le Sacré (1939), Roger
Caillois, que la civilisation commence avec la construction de la première cabane et qu'elle est le_ contraire du
nomadisme : « Gengis Khan, qui hait la civilisation et
qui, avant Rousseau, l'accuse de tous les maux, se montre conséquent avec lui-même quand il donne pour
consigne à ses hordes la destruction des villes, afin de
rendre par force l'humanité à ce vagabondage ancestral
qui seul, selon lui, la maintient saine et vigoureuse.
Les
cités furent les plus fortes.
»
La civilisation se définit volontiers, pour les Grecs et
pour les Romains, par son contraire: l'errance et la
barbarie.
Inversement, lorsqu'il s'agit de la contester,
on lui oppose un état de nature idyllique, comme le fait
Rousseau, cité par Caillois, avec sa théorie du « bon
sauvage».
On notera d'ailleurs qu'au XVIIIe siècle, les
encyclopédistes sont confiants dans la notion de civilisation, impliquant les progrès de l'intelligence et l'amé-
lioration des techniques, pour faire le bonheur de
l'homme, alors que Rousseau affirme l'inverse.
La
contradiction n'est qu'apparente: l'homme, pensent les
Philosophes, a été détourné par le fanatisme et par le
despotisme de la nature et de la raison.
Ses préjugés,
ses besoins artificiels font son malheur.
On organisera
donc la société à partir d'une connaissance exacte de la
nature humaine pour que celle-ci ne soit pas contrainte
et pour que le progrès s'opère naturellement, dans le
sens qui lui convient.
Qu'elle soit à améliorer ou à repenser, la civilisation
est généralement considérée comme irréversible : un
peuple ne saurait revenir en arrière, estime-t-on.
Ce
n'est pas si évident, et de nombreux exemples historiques témoignent du contraire.
Paul Valéry, méditant
sur la Première Guerre mondiale, évoque Ninive, capitale de l'Assyrie, détruite en 612 avant J.-C., et Babylone: « Nous sentons qu'une civilisation a la même fragilité qu'une vie.» (Variété).
Cela nous permet de formuler quelques réflexions :
de même qu'un individu, vulnérable et mortel, a besoin, pour se rassurer, de se rattacher à un lignage, à
une tradition ou à une culture, un peuple ou un ensemble de peuples peuvent avoir besoin de justifier la civilisation qui est la leur par des références supérieures.
Culturellement, le monde gréco-latin constitue évidemment la référence privilégiée des Occidentaux.
Ils
voient dans une tradition qu'ils acceptent - même si
elle s'est enrichie de nombreux autres apports - et
qu'ils revendiquent, même en période de crise (c'est le
cas actuellement, semble-t-il), une justification de ce
qu'ils sont, mais aussi une hypothèse, souhaitée rassurante, sur l'avenir.
L'antiquité classique est à la fois un reflet délibérément choisi, un modèle, et....
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