Classicisme Le classicisme est une doctrine littéraire et artistique fondée sur le respect du modèle classique: en littérature, elle est...
Extrait du document
«
Classicisme
Le classicisme est une doctrine littéraire et artistique
fondée sur le respect du modèle classique: en littérature,
elle est formée d'un ensemble de principes élaborés à
partir d'une réflexion suscitée par l'antiquité classique.
Les écrivains classiques respectent les anciens et
conviennent de la nécessité, sinon de les imiter, au moins
de s'en inspirer.
Les auteurs du XV/le siècle et principalement ceux qui écri'!ent entre 1660 et 1680 - La Fontaine,
Racine, Molière, Boileau, Bossuet - sont des classiques.
Leur art vise, en observant les principes de la doctrine
classique, à créer une œuvre aussi parfaite que possible.
Belle, l'œuvre sera également morale: l'art des classiques a donc pour but le plaisir, mais surtout l'épanouissement de l'homme.
Dans le domaine des beaux-arts, Raphaël, Le Titien,
l'architecte Palladio, en Italie, sont des classiques.
En
France, le classicisme s'épanouit, en architecture, en
peinture et en sculpture, dans la seconde moitié du
xv11e siècle.
Genèse et prolongements de la doctrine classique
Le prestige de la pensée d'Aristote, grand jusqu'au
début du XVIIIe siècle, explique l'intérêt que l'on a
porté à ses réflexions sur la création littéraire.
Sa Poétique, traduite en latin en 1498, éditée en grec en 1503, a
suscité très tôt, en Italie, de nombreux commentaires :
ce sont les commentateurs italiens du philosophe notamment Vida, Scaliger et Castelvetro - qui serviront de relais à la diffusion de sa pensée esthétique en
France.
La doctrine classique naîtra donc de la réflexion des
Français sur les commentateurs italiens du philosophe
grec, pendant une trentaine d'années, entre 1630 et
1660, environ.
Exemplairement, Chapelain, médiocre
poète mais critique avisé, recommande : « Respect de la
règle, culte des anciens et de la raison, conception utili-
taire de la poésie, principe de la vraisemblance, règle des
unités.»
Les grands écrivains du XVIIe siècle français réaliseront leurs œuvres selon les principes du classicisme.
Mais il n'y aura pas unanimité sur ce qui fait le fondement de la doctrine.
Déjà, un Pascal considère que les
anciens étaient nouveaux pour leur temps.
Il y aura
donc, dès le début du siècle, face à la tradition représentée par le classicisme, une réticence due à l'esprit
moderne et à la notion de progrès artistique, découlant
de la notion de progrès scientifique.
A la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle, la
« Querelle des anciens et des modernes» illustrera la
divergence-des points de vue.
Aux partisans des «anciens» (La Fontaine, Boileau) qui prônent le culte de
l' Antiquité, les tenants des «modernes» (Perrault,
Fontenelle) opposent, notamment, l'idée de progrès et
la critique du principe d'autorité.
Sans entrer dans les détails de cette polémique, on
notera comme ses phases les plus anodines reflètent
l'importance prépondérante qu'avait alors, dans les
deux camps, la culture classique.
Ainsi en 1683, un
érudit, Charpentier, ayant composé en français - et
non en latin - des légendes pour des tableaux à Versailles est pris à partie et se justifie en plaidant pour les
qualités de la langue française.
En 1699, une helléniste,
Madame Dacier, publie une traduction en prose de
l'Iliade.
Houdart de La Motte l'adapte en vers, sans se
référer au texte grec, en 1713.
D'où protestation de
Madame Dacier et justification de l'adaptateur.
Ces
prétextes peuvent aujourd'hui paraître minces: ils n'en
sont pas moins révélateurs de la passion animant les
intellectuels de l'époque et de l'ampleur de leur débat
sur la culture classique.
Mais au fond, comme le montrent les positions conciliantes adoptées pour clore la «querelle» par SaintEvremond (Sur les Poèmes des Anciens, 1685) et par
Fénelon (Lettre à l'Académie, 1714), nul ne contestait
les bienfaits de la culture classique, ni l'admiration due
aux anciens.
Ceux-ci demeuraient les grands initiateurs.
La question était de savoir s'il fallait conserver à leurs
œuvres valeur de référence absolue ou s'il était permis
de proposer aux créations littéraires des ambitions nouvelles, à partir des indiscutables acquis de I' Antiquité.
Les principes de Ja doctrine classique
Le premier de ces principes est évidemment l'imitation des anciens, une imitation non pas aveugle mais
justifiée au nom de la raison: ainsi, le but de l'art étant
d'imiter la nature et celle-ci ayant parfaitement et judicieusement inspiré les auteurs anciens, on la rejoint
plus sûrement en les imitant.
Et dans le vaste champ de
la nature, l'homme, avec ses passions, sa psychologie,
sera le plus intéressant.
Mais il ne faudra point le
peindre avec un réalisme trop choquant.
Il faudra respecter un principe de convenance, c'est-à-dire d'harmonie, à la fois entre les composantes de l'œuvre, qui sera
construite et équilibrée, et entre l'œuvre et le public à
qui elle sera destinée.
Car, à Aristote, les classiques emprunteront encore
la théorie du vraisemblable, qui n'est pas le réel ni le
possible, mais qui est une conception fluctuante parce
que liée à la sensibilité des lecteurs.
L'œuvre, du reste,
s'adressera à tous et l'imagination, la curiosité, l'intérêt
de chacun seront sollicités par le «merveilleux».
Chapelain précise que « la nature du sujet produit le merveilleux lorsque par un enchaînement de causes non
forcées ni appelées du dehors, on voit résulter des événements ou contre l'attente ou contre l'ordinaire».
Pour plaire, l'œuvre doit donc être vraisemblable,
respectueuse des bienséances, universelle dans sa portée comme dans les sujets traités et elle devra susciter
l'intérêt du lecteur.
Ajoutons la règle des trois unités:
l'unité d'action et l'unité de temps sont dans Aristote;
le théoricien italien Maggi a déduit l'unité de lieu de
l'unité de temps, au XVIe siècle.
Enfin, la doctrine
classique impose la distinction des genres.
En tempérant par la raison les excès de la sensibilité
et de l'imagination, on pourra créer une œuvre d'excellence, visant à la fois la perfection esthétique et l'élévation morale.
Ambiguïtés, contradictions
et fortune du classicisme
La notion de classicisme n'est pas exempte d'ambiguïtés.
D'abord, il y a celle de la raison.
Les modernes
s'en réclament pour introduire leurs réserves à l'égard
des anciens, mais les tenants de la tradition également :
ils lui donnent même un rôle prépondérant.
La raison
est chargée, de leur point de vue, de régulariser l'imagination.
Elle introduit le bon sens de l'honnête
homme.
C'est un principe alors relativement nouveau....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓