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Comique, ·rire, grotesque à Le comique, le rire et le grotesque spnt l'évidence des notions proches, liées les unes aux...

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« Comique, ·rire, grotesque à Le comique, le rire et le grotesque spnt l'évidence des notions proches, liées les unes aux autres.

Néanmoins, elles ne sont pas exactement identiques.

Il convient de les distinguer, afin de déterminer leur nature etleur rôle caractéristiques dans le drame romantique. IMPORTANCE ET VARIÉTÉ DU CÔMIOUE Voir « Le mélange des genres et des tons» (p.

23-25). LE RIRE DES PERSdNNAGES a, Le 1.,vmique entre autres objectifs, celui de faire rire le spectateur.

Mais on peut également étudier le rire à l'int"é­ rieur même du drame.

Comment rient les personnages? Quel sens et quellé valeur le rire a-t-il dans ces pièces? Le rire interdit Le rire peut être l'expression du bonheur.

Il est alors le signe de la franche gaieté, de la vraie joie, et d'un accord profond, même s'il n'est que momentané, avec le monde. Or ce rire heureux est extrêmement rare dans les drames romantiques.

Et quand il est évoqué, c'est pour dire son impossibilité. Dans Ruy Blas, la reine et sa suivante Casilda cherchent à secouer l'ennui et à rire un moment, comme deux êtres jeunes et simples qu'elles sont.

Quand la reine demande qu'on lui serve à goûter et invite Casilda,-celle-ci se préci­ pite en répondant « Oui, c'est très amusant» (Il, 1, v.

660). Mais elles se heurtent aux règles rigides de l'étiquette 1 royale.

Et ces règles défendent toujours de tèls mornénts de gaieté, pourtant bien innocents.[ Dans cet univers de Ja cour d'Espagne, le rire heureux est interdit, comme le sont l'amour et la liberté. Le rire triste Il est pourtant des personnages qui sont toujours prêts à rire, de leurs bonheurs comme de leurs malheurs.

Ceux-là tournent tout à la plaisanterie:lls semblent animés d'une joie débordante de vie, fondée sur une fraîche insouciance. Octave dans Les Caprices de Marianne, don César dans Ruy Blas, sont de ces personnages.

Pourtant leur rire est au fond un rire triste.

Loin d'être l'expression du bonheur, il est le masque d'une désespérance, d'un vide intérieur.

L'insou­ ciant don César avoue à son ami Ruy Blas qu'il n'est qu'un « pauvre grelot vide où manque ce qui sonne» (1, 3, v.

442), un « cœur éteint, dont l'âme, hélas! s'est retirée» (v.

445). Et Octave, cet heureux fou en apparence (1, 1), révèle que sa « gaieté est comme le masque d'un histrion2» (Il, 6). Le rire est parfois d'une nature telle qu'il est encore plus triste que les larmes.

Lorenzaccio a fait èette amère expé­ rience: « j'aurais pleuré, dit-il, avec la première fille que j'ai séduite, si elle ne s'était mise à rire» (Ill, 3).

Ce rire est si­ nistre, parce qu'il exprime l'acceptation de la dépravation. Les larmes auraient eu la douceur du remords; elles au­ raient peut-être empêché l'endurcissement ·dans la dé­ bauche et le désespoir qui l'accompagne. Le rire cruel Le rire peut donc être lié au mal.

Et il peut être féroce. Il est en effet parfois l'expression de la joie mauvaise qu'éprouve un être cruel à voir souffrir sa victime.

Or, au contraire du rire heureux, ce rire cruel est fréquent dans les drames romantiques.

Dans Lorenzaccio, le duc Alexandre ...,ontr� la noirceur de s,;m caractère en plaisantant aveç: 1.

Ensemble d'usages qui règlent les activités, les relations et les attitudes des souverains et des membres de leur cour. 2.

Un histrion est un mauvais comédien. son homme de main Giorno (Il, 6).

Celui-ci raconte qu'il vient de battre à mort un pauvre garçon, et il ne sait même plus pourquoi.

Le duc vante alors la force de Giorno, qui lui renvoie ,le compliment: «je vous ai vu tuer un homme d'un coup plus d'une fois.

» Et le duc de conclure: « Quand je suis en pointe de gaieté, tous mes moindres coups sont mortels.-» • Dans Ruy Blas, c'est avec un rire sonore que don Salluste dévoile l'étendue de sa vengeance (V, 3).

Le spectacle de la reine aux abois, désespérée, déshonorée, excite en lui une joie dont la cruauté s! exprime par ce rire.

Les didas­ calies insistent là-dessus: « Il éclate de rire», et encore: « Il rit».

Ce rire cruel semble satanique.

Hugo s'est toujours intéressé à ce rire-là.

Dans un autre drame, il fait dire à l'un de ses personnages: « D'une bouche qui rit on voit toutes les dents 1.

» Ce rire est toujours chez Hugo celui des puis­ sants, et il révèle leur nature de bêtes fauves, de dévoreurs. Dans le drame romantique, le rire est donc rarement le signe simple de la vraie joie.

Il peut au contraire exprimer la tristesse profonde, et est souvent lié au mal.

Cette am­ bivalence du rire est liée à un caractère essentiel du drame romantique: le grotesque. LE GROTESQUE Le drame romantique fait alterner le noble et le trivial, le tragique etJe comique.

Mais, parJe grotesque, il va plus loin encore": il tend à superposer, à confondre les registres _ «élevé» et «bas», les genres"tragique et comique. ' La confusion des hiérarchies sociales La distinction esthétique entre style « élevé » et style «bas» est traditionnellement liée aux distinctions sociales. Elle répose ·sur l'idée qu'un paysan ou une servante ne sau­ raient s'exprimer et agir comme un roi ou une princesse. Or le grotesque romantique tend à brouiller cette distinc­ tion.

,On peut en effet parler de grotesque notamment 1.

Le roi s'amuse (1832), 1, 3. lorsqu'une réalité vulgaire .est affublée d'une désignation noble.

Dans Ruy Blas, don César s'exprime souvent ainsi. , Il désigne sa maîtresse d'un terme galant et noble (« une belle»), et lui attribue le prénom de Lucinda, forme hispa, nisée de Lucinde, prénom fréquent des grandes dames dans les romans de chevalerie.

Or cette maîtresse est une fille de « maison borgne», elle porte « un bonnet de six sous »,, elle a « de gros cheveux ébouriffés » et est «'un peu courte» (IV, 3, v ..

1736-1741).

Mais l'effet.... »

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