Comment comprendre l’art ? Doit-on penser qu’il n’est qu’une copie de la nature, ou au contraire qu’il est le signe...
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Comment comprendre l’art ? Doit-on penser qu’il n’est qu’une copie de la nature, ou au
contraire qu’il est le signe d’une pure création ? L’art est-il ce par quoi l’homme se lie à la
nature, ne cessant pas de la répéter, ou est-ce ce par quoi il s’en sépare, par un travail de
mise à distance et de transformation ? Nous verrons que le regard des philosophes a
changé sur cette question, à laquelle il semble donc impossible de répondre en ignorant
l’évolution historique du problème.
Cependant il faudra se délivrer d’un relativisme par trop
conciliant.
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I-L’art : une reproduction de la nature ?
Le peintre reproduit-il à proprement parler la
nature ? Il semble qu’il ne la reproduise pas au sens
où il ne la recrée pas telle qu’elle est, avec ses
profondeurs, sa vie, ses odeurs, bref il ne la redouble
pas véritablement.
Il faut davantage dire qu’il la
copie, terme employé par Platon.
Ce dernier
explique, au livre X de La République, que le peintre
ne fait qu’imiter une apparence.
En effet, son modèle
c’est l’objet sensible, lequel n’est déjà qu’une
dégradation, une apparence de l’objet intelligible
correspondant, l’Idée.
Le peintre peut exceller dans
l’imitation, en ignorant tout du sens de l’objet qu’il
reproduit.
L’art est un art de la suggestion, de la
tromperie.
Mais, une fois dégagé de l’idée platonicienne,
métaphysique, d’une hiérarchie des ordre intelligibles
et sensibles, on peut retenir la justesse de la
conception d’un art conçu pour imiter et donc
entièrement dépendant de ses modèles.
Il a fallu
attendre le XXe siècle pour que l’artiste s’émancipe d’une visée figurative ou symbolique
et coupe les ponts avec la nature, par le biais de l’art abstrait.
Mais ce dernier ne serait
tenir lieu de paradigme général pour l’histoire de l’art, il n’en est qu’une région.
L’intérêt de la conception de Platon réside également en ce qu’elle nous montre
qu’il y a une série de décalage : entre l’idée et le sensible puis entre le sensible et l’art.
Cela nous amène à considérer qu’il n’y a jamais d’imitation qu’imparfaite, et cette
imperfection n’est pas un défaut mais le lieu même de la singularité du peintre, de son
style.
L’artiste n’est pas un ouvrier devant produire de la nature une image fidèle, celle-ci
est pour lui un modèle, mais est-elle une fin ? Autrement dit ne faut-il pas concéder qu’il
s’agit davantage, pour l’artiste, de s’inspirer de la nature, plutôt que de la reproduire ?
II-L’art s’appauvrit s’il ne vise qu’à imiter la nature.
Si l’art ne consiste qu’à redoubler la nature, de manière figée, on ne voit pas quel
est l’intérêt de l’art.
Hegel s’exprime en ce sens dans son Esthétique.
L’art doit se défaire
de ce but, médiocre, qui consisterait à reproduire ce qui existe déjà.
La nécessité de l’art
doit être fondée sur autre chose.
Hegel se moque des artistes se félicitant de la
ressemblance de leurs tableaux avec la nature, ceux-ci dégradent l’art en un simple
procédé d’imitation.
La nature se suffit à elle-même, l’art doit dépasser l’imitation et être
investi d’une fonction plus spirituelle.
L’art doit dire autre chose que ce que nous dit déjà
la nature.
Il doit être un point de vue singulier sur celle-ci, ne pas viser à la reproduire
exhaustivement, mais au contraire en souligner les contrastes, les aspects les plus
frappants.
L’artiste ne nous donne pas à voir ce que nous voyons déjà, il nous montre la
nature autrement.
Pensons aux nymphéas de Monet ou à Cézanne parlant de sa « petite
perception », cette faculté qu’il avait d’adopter un autre regard sur la nature lorsqu’il
peignait.
Par sa sensibilité, son style, le peintre nous présente la nature sous un certain
prisme.
Etre artiste, c’est viser au-delà d’une reproduction exhaustive, c’est se frayer un
chemin parmi les singularités du monde.
L’art ne s’enrichit que lorsqu’il dépasse une fonction représentative ;....
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