) Comment la pièce concilie-t-elle parole et action? • Ce verbe sous-entend que la parole et l'action sont a prioriincompatibles....
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) Comment la pièce concilie-t-elle parole et action?
• Ce verbe sous-entend que la parole et l'action sont a prioriincompatibles.
• «Concilier» peut en effet signifier« joindre ensemble avec harmonie»
et « résoudre les contradictions ».
• Pourtant, dans une pièce, parole et action sont inextricablement liées
puisque la parole constitue l'essentiel de l'action théâtrale.
Paroles et action
• Mais, dans Lorenzaccio, parole et action semblent incompatibles
puisque s'opposent des personnages qui parlent sans agir (Philippe
Strozzi, Lorenzo pendant une bonne partie de la pièce, le peuple de
Florence, la marquise Cibo) et des personnages qui agissent sans parler
(Lorenzo à la fin de la pièce, Pierre Strozzi, le cardinal Cibo).
• Cette tension entre parole et action se cristallise autour d'un but
commun : se débarrasser d'Alexandre.
• Vous distinguerez parole et action théâtrales et parole et action chez
les personnages.
Organiser ses idées
Problématique : Le sujet invite donc à s'interroger sur la manière
(«comment?») dont Musset montre le lien entre parole et action.
Plan proposé : Vous pourrez traiter d'abord séparément la place et les
enjeux respectifs de la parole et de l'action.
Mais il faudra absolument
vous demander quels rapports Musset établit entre parole et action et
comment il dépasse l'apparente contradiction initiale entre dire et faire.
1- Une œuvre de paroles sur la parole.
Vous montrerez que c'est une
pièce, donc un récit fait de paroles, qui réfléchit sur les pouvoirs et les
limites de la parole.
Il - Le paradoxe du drame sans action.
Vous soulignerez le peu d'actions
dans la pièce en montrant que cela va de pair avec le peu de poids
accordé à l'action par les personnages.
Ill - Les rapports entre le dire et lè faire.
Vous étudierez la manière dont
Musset met en scène les interactions entre la parole et l'action.
Le plan est rappelé pour vous aider, mais il ne doit en aucun cas figu
rer sur votre copie.
À vous de guider le correcteur par l'annonce du
plan dans l'introduction, les phrases d'attaque des paragraphes et des
transitions.
Introduction
Par essence, le genre théâtral interroge le lien entre la parole et l'action.
En effet, une pièce est avant tout un échange verbal et ce sont les paroles
qui font avancer l'action.
Musset, qui n'avait pas l'intention de faire repré
senter son œuvre, aurait très bien pu choisir un autre genre que le théâtre.
S'il a opté pour le dialogue théâtral, c'est peut-être pour rendre encore
plus concrète l'opposition entre parole et action, qui est un enjeu majeur
de l'intrigue.
Entre ceux qui parlent de se débarrasser du duc et celui qui
le fait vraiment, le fossé est grand.
Comment Musset dépasse-t-il cette
simple opposition pour conduire une véritable réflexion sur les enjeux et
les limites de la parole et de l'action et sur les rapports qu'entretiennent
inévitablement le dire et le faire?
I - Une œuvre de paroles sur la parole
1.
Diversité des modes de parole
Musset multiplie les modalités de la parole
des personnages.
Les monologu�� laissent
découvrir les pensées intimes des persan-
'
..
111 Monologue: discours
d'un personnage qui est ou
se croit seul sur scène.
',._
_
_____ _ _
_/
nages (celui de Strozzi, acte Il, se.
1 ; celui du cardinal Cibo, acte Il, se.
3 ;
ceux de Lorenzo, acte IV, se.
2 et 9).
Les apartés soulignent le thème de la
trahison (Giorno, acte Il, se.
6).
Les tiri!fdês
de Lorenzo révèlent à Philippe, au centre
imT irade: longue réplique.
de la pièce (acte Ill, se.
3), ses intentions et
11 Stichomythie : échange
ce qui motive ses actes : elles ont un fort
rapide de répliques brèves.
i
pouvoir informatif.
Les jijchomytoièj de la
scène 1 de l'acte I témoignent d'abord de
l'impatience du duc qui attend de passer la nuit avec une jeune fille puis
de la rapidité de la scène quand le frère de la jeune fille découvre que sa
famille est déshonorée par le duc.
C'est donc une parole vivante, au rythme
varié, dont Musset exploite toutes les facettes.
De plus, la parole est donnée
à tous: des bannis aux détenteurs du pouvoir, des jeunes écoliers au vieux
Philippe Strozzi, des bourgeois aux nobles, tout le monde a son mot à dire
et la parole circule librement d'une scène à l'autre.
2.
Florence, nouvelle Babel
Mais cette parole n'est pas pour autant un moyen de communication
efficace.
La référence à la toüE.de,Babel symbolise les problèmes de com
munication des Florentins.
L'.orfèvre se
plaint à la scène 5 de l'acte I de « Voir tout
mTour de Babel: dans la
d'un coup s'élever sur la ville cette nouvelle
Bible, tous les hommes
tour de Babel, au milieu du plus maudit
parlent la mên:ie langue.
baragouin ».
Historiquement, le bourgeois
Ils décident de construire
fait allusion à l'occupation de Florence par la
une tour qui touche le
garnison allemande.Trois langues se parlent
ciel.
Pour les punir de leur
alors : le toscan, l'allemand mais aussi le
orgueil, Dieu détruit la tour
latin, qu'emploie le cardinal à la scène 1 de
et leur donne des langues
J'acte V.
Mais la tour de Babel évoque égale , différentes.
,/
ment l'impossible communication des habi
tants.
Ainsi, les discours patriotiques de la marquise sont impuissants à
émouvoir le duc qui ne comprend que le langage du libertinage.
De même,
à la scène 7 de l'acte IV, les seigneurs républicains ne comprennent pas les
avertissements de Lorenzo, qui leur annonce qu'il va tuer Alexandre: ils les
prennent pour des paroles d'ivresse.
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3.
Vanité de la parole
Parler, c'est donc perdre son temps.
Les monologues notamment ne servent
pas, comme dans certaines pièces, à préparer l'action.
Ce ne sont pas des
monologues délibératifs dans lesquels les personnages se décident à agir.
Au contraire, ils retardent l'action.
À la scène 3 de l'acte IV, le monologue de
Lorenzaccio ne modifie en rien sa décision de tuer Alexandre : elle est déjà
prise avant même que la pièce, c'est-à-dire la parole, ne commence.
L'.acte V
surtout est rempli de paroles inutiles, qui montrent que personne ne met à
profit le meurtre d'Alexandre.
À la scène 3, deux gentilshommes échangent
des ragots sur le marquis et la marquise Cibo et il est évident que Musset
s'amuse à multiplier le vocabulaire de la parole:
« PREMIER GENTILHOMME - Je sais que cela fait parler, cependant je ne te
conseillerais pas d'aller lui en parler à lui-même; il est de la première force
à toutes les armes, et les faiseurs de calembours craignent l'odeur de son
jardin.
(Ils sortent.)
DEUXIÈME GENTILHOMME - Si c'est un original, il n'y a rien à dire.
))
La scène suivante commence par la réplique de Pierre : « Ce sont ses
propres paroles ? » Et plus les personnages soulignent l'importance de
leur parole, moins elle en a : « Observez bien ce que je dis, faites attention
à mes paroles », dit le marchand, acte V, scène 5, avant de se lancer dans
une démonstration absurde sur l'importance du chiffre 6 dans le meurtre
du duc.
Ce que les spectateurs entendent à l'acte V,....
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