Commentaire composé du poème « Artémis » de Gérard de Nerval Introduction : « Artémis » est un sonnet de...
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Commentaire composé du poème « Artémis » de Gérard de Nerval
Introduction :
« Artémis » est un sonnet de Gérard de Nerval extrait des Chimères, recueil de
sonnets qui parut en 1853.
Notre sonnet est centré autour du personnage d’Artémis,
déesse grecque de la chasse, fille de Zeus et de Léto, et déesse souvent associée à la
lune.
Artémis se présente comme une divinité marginale et ambiguë : elle a sa place
dans les zones où les frontières sont floues, entre monde sauvage te monde civilisé et
est une déesse vierge qui s’abstient de tout commerce sexuel avec des hommes et punit
sévèrement ceux qui tentent de la séduire.
Projet de lecture : Montrer que ce poème est fondé sur une série d’ambiguïtés
empêchant toute interprétation univoque.
I)
La figure ambiguë et incertaine d’Artémis
1)
Artémis, entre présence et absence
Artémis donne son titre au poème mais n’est curieusement jamais mentionnée au
sein de celui-ci.
Sa présence n’est évoquée que par la mention de certains indices
disséminés dans le poème.
L’association constante de l’amour et de la mort (« Aimez qui
vous aima du berceau dans la bière » ; C’est la mort — ou la morte...
Ô délice ! ô
tourment ! ») renvoie au mythe entourant cette déesse selon lequel elle tuait ses
amants.
La présence d’Artémis est aussi figurée par la référence aux « fantômes blanc »
qui fait écho à sa dimension lunaire.
2)
Artémis : symbole du mystère féminin
La référence à Artémis, en titre de poème, se présente comme une clé
d’interprétation.
La « reine » qu’est l’amante est une Artémis, une déesse mystérieuse et
ambiguë pour le poète amant.
La femme est à la fois une amante et une sainte, à la fois
humaine et déesse dans ce poème : les deux premiers quatrains évoquent l’amante, la
reine de l’amour, figurée par la « Rose Trémière », symbole de beauté ; les deux tercets
présentent la femme comme une sainte ( « Sainte napolitaine…sainte Gudule …La sainte
de l’abîme ») dont l’emblème est désormais la « rose au cœur violet », le violet étant
symbole d’humilité et de générosité.
La femme est à la fois délicieuse et effrayante : les deux quatrains évoquent une
« reine » de l’amour, du plaisir mais constamment liée à la mort : « Ô délice ! ô
tourment ! » : le parallélisme de ces deux termes placés en fin de vers évoque bien cette
ambiguïté féminine essentielle entre plaisir et malheur.
Les deux tercets tissent un lien
étroit entre sainteté et enfer : la « sainte napolitaine » ( Sainte Rosalie) a « les mains
pleines de feux », le feu évoquant les enfers.
La référence à sainte Gudule nourrit cette
ambiguïté puisque Sainte Gudule a eu affaire au diable qu’elle a vaincu, et non à Dieu.
Le
dernier tercet pousse au paroxysme cette association entre sainteté et enfers en
évoquant la « sainte de l’abîme » .
II)
L’amour et la mort
1)
L’amour par delà la mort
On assiste, dans ce sonnet à un amour qui résiste par delà la mort.
La « Treizième »
évoquée au début du poème, évoque la treizième heure qui est celle de la mort.
Nerval la
présente comme « le seul moment possible » pour l’union des amants.
Le poète, dans le
deuxième quatrain propose de mesurer la puissance d’un amour à sa capacité à résister
à la mort : « Aimez qui vous aima du berceau dans la bière », les métonymies
« berceau » et « bière » figurant les moments de la naissance et de la mort.
L’amour
semble être plus fort que le trépas :
Celle que j’aimai seul m’aime encor tendrement :
C’est la mort — ou la morte...
Ô délice ! ô tourment !
La rose qu’elle tient, c’est la Rose trémière.
à le parallélisme de construction du premier vers avec la répétition du verbe aimer
suggère la répétition dans la mort de cet amour indéfectible.
La rime « tendrement »/
« tourment » révèle que les tourments de la morts sont vécus sur un mode doux par
l’amant grâce à la force de l’amour.
2)
L’amour de la mort
A mesure de la progression du poème, on observe la transformation de l’amour
par delà la mort en véritable amour de la mort.
Le deuxième quatrain laisse planer
l’équivoque sur l’objet d’amour de l’amant : « Celle que....
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