Commentaire de la rencontre entre Des Grieux et Manon dans Manon Lescaut de l’Abbé Prévost. Introduction : Manon Lescaut apparaît...
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Commentaire de la rencontre entre Des Grieux et Manon dans Manon
Lescaut de l’Abbé Prévost.
Introduction :
Manon Lescaut apparaît comme le 7° tome des Mémoires d'un Homme de Qualité,
qui parut à Amsterdam en 1731 et fut édité séparément à partir de 1753.
Le récit de cette
aventure est fait par le héros du roman, Des Grieux à la faveur d’une rencontre avec
l’Homme de qualité qui l’avait aidé deux ans auparavant.
Notre extrait se présente comme la scène de rencontre entre les deux protagonistes
du récit : Des Grieux, jeune noble âgé de dix-sept ans, qui, ayant terminé ses études à
Amiens et étant promis à un brillant avenir, s'apprête à regagner la maison paternelle et
Manon dont le nom n’est pas encore précisé.
Projet de lecture : un traitement original du topos romanesque traditionnel
de la scène de rencontre.
I)
Un récit rétrospectif
Le narrateur Des Grieux propose ici un récit rétrospectif de la naissance de sa
passion amoureuse.
Ce récit met en avant une analyse du narrateur a posteriori, qui se
fait au moment de l’énonciation .
1)
Les conditions banales de la rencontre
Des Grieux insiste sur les conditions banales, habituelles dans laquelle a lieu la
rencontre.
Cette rencontre intervient à la faveur d’une simple promenade qu’il fait avec
son ami :
« nous vîmes arriver le coche d'Arras, et nous le suivîmes jusqu'à l'hôtellerie où ces
voitures descendent.
Nous n'avions pas d'autre motif que la curiosité.
»
Le présent du verbe « descendent » apparaît comme un présent d’habitude
montrant que la situation a déjà été vécue par le narrateur.
De plus, cette rencontre est
due à une curiosité présentée comme naturelle.
C’est l’adverbe « mais » qui vient rompre cette situation banale et habituelle pour
Des Grieux qui voit une jeune fille restée seule dans la cour.
2)
L’interprétation de cette rencontre comme une fatalité
Le narrateur, au moment de l’énonciation livre de nombreux commentaire sur cette
rencontre montrant qu’il l’interprète a posteriori comme un coup fatal du destin.
Une
première remarque installe le récit sous le sombre éclairage des dangers irréparables de
la passion et du destin fatal :" J'avais marqué le temps de mon départ d'Amiens.
Hélas !
que ne le marquais-je un jour plus tôt ! J'aurais porté chez mon père toute mon innocence."
à étudier ici les marques montrant la force du destin : la répétition du verbe
« marquer » (montrant que tout était écrit), l’interjection « hélas » préfigurant une suite
tragique pour le narrateur, l’utilisation de l’irréel du passé (« j’aurais porté ») montrant
une innocence révolue.
Cette remarque inaugurale annonce les prolepses que ne cesse de faire le narrateur
tout au long de cet extrait, préfigurant son destin tragique : « son penchant au plaisir, qui
s'était déjà déclaré et qui a causé, dans la suite, tous ses malheurs et les miens » ;
« l'ascendant de ma destinée qui m'entraînait à ma perte, ne me permirent point de
balancer un moment sur ma réponse »
3)
Le bonheur de l’amour
Paradoxalement, le destin fatal que le narrateur semble évoquer dans cet extrait
n’est pas incompatible avec un bonheur amoureux réel.
La dernière phrase du texte conclut
étrangement sur l’intensité, la force de la passion amoureuse pouvant faire des miracles
et générer un intense bonheur : « Je me suis étonné mille fois, en y réfléchissant, d'où me
venait alors tant de hardiesse et de facilité à m'exprimer ; mais on ne ferait pas une divinité
de l'amour, s'il n'opérait souvent des prodiges.
»
à ici la passion naissante a transcendé les difficultés habituelles du jeune homme (
manque de courage et timidité).
L’amour n’est pas un mauvais diable, mais une divinité
prodigieuse ici.
II)
L’immédiateté de la séduction et de l’amour
1)
Le coup de foudre
Cette scène de rencontre se présente comme un véritable coup de foudre qui semble
inédit pour Des Grieux :" moi, qui n'avais jamais pensé à la différence des sexes ni regardé
une fille avec un peu d'attention, moi dis-je, dont tout le monde admirait la sagesse et la
retenue" à sans doute des Grieux exagère-t-il ici sa candeur et sa vertu pour se
déculpabiliser : il a tout de même 17 ans ! Le coup de foudre est d’abord figuré dans le
récit par l’apparition de la jeune femme qui se détache peu à peu des autres.
Le coup de
foudre est mentionné de façon explicite à travers une métaphore ignée : «je me trouvai
enflammé tout d'un coup jusqu'au transport.
» On observe une exagération du narrateur
dans l’évocation de ce coup de foudre sur un mode concret : « L'amour me rendait déjà si
éclairé, depuis un moment qu'il était dans mon coeur, que je regardai ce dessein comme
un coup mortel pour mes désirs.
» les deux composantes du « coup de foudre » (le coup
et le feu) se retrouvent dans cette phrase : le narrateur semble prendre l’expression dans
son sens littérale sans considérer sa valeur métaphorique.
2)
La puissance de l’amour
La puissance de l’amour est figurée dans cet extrait selon deux modes.
D’une part,
à travers la magie du pouvoir de séduction de la jeune fille et d’autre part dans les
commentaires personnels du narrateur sur lui-même et sur ce coup de foudre.
Le pouvoir
séducteur de Manon est présenté comme mystérieux : elle semble exercer une attraction
quasi magique sur Des Grieux en lui faisant surpasser toutes ses faiblesses :" J'avais le....
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