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Commentaire de l’incipit de la Lettre XXV, « Sur les Pensées de M. Pascal » des Lettres Philosophiques de Voltaire...

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« Commentaire de l’incipit de la Lettre XXV, « Sur les Pensées de M.

Pascal » des Lettres Philosophiques de Voltaire Introduction : Les Lettres Philosophiques, dont le premier titre était Lettres Anglaises, publiées pour la première fois en 1934, s’inspirent très largement du voyage effectué par Voltaire en Angleterre quelques années auparavant.

La dernière lettre, « Sur les Pensées de M. Pascal » justifie quelque peut le titre définitif du recueil puisqu’elle est composée de remarques critiques de Voltaire sur certaines Pensées de Pascal.

Le statut de cette lettre pose d’ailleurs problème puisque d’une part, ces remarques ont été faites « depuis longtemps »,sans que Voltaire puisse les dater précisément et, d’autre part, la forme épistolaire est discutable dans ces 18 pages de commentaire philosophique. Projet de lecture : En quoi ce texte est-il emblématique de la critique voltairienne dans les Lettres Philosophiques ? I) Un incipit annonciateur 1) Une forme épistolaire Voltaire, semble donner à ce texte un simulacre de forme épistolaire grâce à l’incipit qui instaure une relation entre Voltaire ( s’exprimant à la première personne du singulier) et un destinataire désigné par la deuxième personne du pluriel – « Je vous envoie »- .

On peut supposer que le référent du pronom « vous » soit vraisemblablement l’éditeur de Voltaire, Thieriot.

Cette relation épistolaire se révèle donc factice puisque la lettre n’est donc en réalité qu’une demande de publication.

Cependant, par cet incipit, Voltaire fait état des liens familiers qui le lient à son destinataire dont il anticipe les critiques et objections : « Ne me comparez point ici, je vous prie, à Ezéchias, qui voulut faire brûler tous les livres de Salomon.

» Voltaire connaît donc bien ce destinataire qu’il laisse finalement libre juge de son travail : « C’est à vous à juger si j’ai tort ou raison » 2) Thèse de Voltaire : la critique de l’idée de l’homme déchu Voltaire, dans ce début de lettre expose la thèse de son analyse des Pensées de Pascal, annonçant ainsi la ligne directrice qui conduira toutes ses remarques.

Il précise sa thèse au fil des paragraphes de cet incipit épistolaire.

Dans le premier paragraphe il informe son destinataire de son hostilité aux Pensées de Pascal en indiquant que les remarques qui vont suivre remettent en cause la philosophie pascalienne : « je combats quelques unes de ses idées.

» Dans la première moitié du deuxième paragraphe il précise les objets de son hostilité en montrant qu’il rejette la théorie pascalienne de l’homme comme fondamentalement malheureux et méchant : « j’ose prendre le parti de l’humanité contre ce misanthrope sublime ».

Voltaire fait ici référence à certaines pensées de Pascale sur la condition humaine, pensées qu’il examinera dans la suite de cette lettre ; nous en citons ici quelques unes pour illustrer ce propos de Voltaire : Mais quand j’y ai regardé de plus près, j’ai trouvé que cet éloignement que les hommes ont du repos, et de demeurer avec eux-même, vient d’une cause bien effective, c’est à-dire du malheur naturel de notre condition faible et mortelle, et si misérable que rien ne nous peut consoler, lorsque rien ne nous empêche d’y penser et que nous ne voyons que nous. Voltaire annonce la critique qu’il opérera de la conception pascalienne de l’homme comme un éternel condamné : Qu’on s’imagine un nombre d’homme dans les chaînes, et tous condamnés à la mort, dont les uns étant chaque jour égorgés à la vue des autres, ceux qui restent voient leur propre condition dans celle de leurs semblables, et, se regardant les uns les autres avec douleur et sans espérance, attendent leur tour.

C’est l’image de la condition des hommes. Derrière la critique de la conception de l’homme comme nécessairement malheureux et méchant, Voltaire fait une critique de la notion de pêché originel, chère à Pascal puisqu’elle explique la condition humaine actuelle, mais que Voltaire refuse. 3) La thèse de Voltaire : la critique du christianisme Voltaire annonce aussi, dans la deuxième moitié du deuxième paragraphe la critique du christianisme à laquelle aboutit son analyse des Pensées de Pascal.

Il évoque dans cet incipit, l’inutilité des livres( parmi lesquels il fait figurer celui de Pascal) ayant pour vocation de prouver la légitimité de la religion chrétienne : « je crois même que tous ces livres qu’on a faits depuis peu pour prouver la religion chrétienne sont plus capables de scandaliser que d’édifier ».

Il annonce ici sa critique de l’affirmation, dans certaines Pensées de Pascal de la supériorité de la religion chrétienne sur les autres religions : « Qu’on examine sur cela toutes les religions du monde et qu’on voie s’il y en a une autre que la chrétienne qui y satisfasse.

» II) Un discours antithétique Voltaire, dans cet incipit de sa dernière « lettre philosophique », présente un discours antithétique, oscillant entre l’éloge et le blâme de Pascal, entre le registre laudatif et le registre polémique. 1) La louange du philosophe des Pensées Voltaire, bien qu’il annonce d’emblée le caractère critique de ses remarques « sur les Pensées de M.

Pascal » ne cesse de louer le génie pascalien.

Le registre laudatif porte surtout sur la forme éloquente du texte pascalien et non véritablement sur son contenu. La référence au « génie » de Pascal apparaît à deux reprises dans notre texte et par trois fois, Voltaire loue son éloquence : « Je respecte le génie et l’éloquence de Pascal… il dit éloquemment des injures au genre humain…paralogismes éloquents ».

Notons aussi qu’en employant le terme de « paralogisme », Voltaire semble faire référence à la bonne foi de Pascal qui se trompe avec honnêteté. 2) Le blâme Le blâme porte essentiellement sur le fond, le contenu du texte pascalien, sur ses « idées » : « je combats quelques unes de ses idées ».

Voltaire reproche à Pascal, comme on l’a évoqué précédemment, sa misanthropie :.... »

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