Commentaire du poème « L’Art » de Théophile Gautier Introduction : Ce poème de Théophile Gautier intitulé « L’Art »...
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Commentaire du poème « L’Art » de Théophile Gautier
Introduction :
Ce poème de Théophile Gautier intitulé « L’Art » clôt le recueil Emaux et Camées
publié en 1852, recueil qui se présente comme le sommet de l’art poétique de ce poète et
écrivain du XIXe siècle.
Avec ce recueil, Théophile Gautier se présente comme le fondateur
d’un nouveau mouvement : Le Parnasse.
Projet de lecture : En quoi ce poème se présente-t-il comme un art poétique
voire un manifeste du mouvement parnassien ?
I)
Le culte du travail
1)
Le poète : sculpteur d’une matière dure
Théophile Gautier compare, dans ce poème, le travail du poète, à celui du sculpteur
devant façonner une matière dure, résistante.
Dès la première strophe, la poésie est
montrée comme « rebelle » (le détachement de ce terme qui occupe à lui seul un vers
entier met en relief la résistance de la matière poétique) : le vers est mis sur le même
plan que certains métaux, matières premières du sculpteur : « Vers, marbre, onyx,
émail ».
La matière poétique est associée aux matières les plus difficiles à sculpter : elle
n’est point de l’« argile que pétrit/ Le pouce » avec aisance.
à relever tous les métaux évoqués auxquels est comparée la matière poétique :
« carrare, paros, bronze, agate »
à le travail du poète est comparé à une « lutte » avec la matière :
« Lutte avec le carrare,
Avec le paros dur »
2)
Un travail rigoureux et contraignant
Dans ce poème, Théophile Gautier, s’adresse directement au poète, qu’il somme de
diverses injonctions à la deuxième personne du singulier.
Le poète, sculpteur des mots,
« statuaire » doit effectuer un travail rigoureux et contraignant et se montrer vainqueur
de la résistance de la matière verbale.
La dernière strophe du poème évoque ce travail de
précision :
Sculpte, lime, cisèle ;
Que ton rêve flottant
Se scelle
Dans le bloc résistant !
à le travail poétique est un travail de forgeron ( il faut casser le « bloc résistant »
pour extraire la quintessence poétique à idée du forgeron comme détenant le secret de
l’alchimie), mais surtout un travail d’orfèvre ( cf.
les verbes limer et ciseler, appelant le
poète à une précision, une minutie rigoureuses)
Le travail du poète se situe entre force et délicatesse selon Théophile Gautier,
équilibre difficile à atteindre.
Relever ici les allusions à la force du poète luttant, tel un
guerrier avec la matière ( le poète est celui qui manie le « Le trait fier et charmant » qui
vient percer la matière verbale) et les mentions de sa délicatesse et de sa finesse (« D'une
main délicate »)
II)
La religion du Beau plastique
1)
Culte de la beauté sculpturale antique
Dans ce poème, Théophile Gautier exprime le culte qu’il voue à la beauté sculpturale
antique.
La référence du Beau est, selon lui, celle de beauté plastique telle qu’elle a été
créée et exaltée par l’art antique.
De nombreux termes évoquent des métaux de la Grèce ou de la Rome antique (cf.
« carrare », « paros », le « bronze » de Syracuse) travaillés par les statuaires de
l’antiquité).
Noter l’évocation d’Apollon, dieu des arts, sur le mode sculptural (cf.
la mention
du « profil », pose statuaire et du « filon d’agate »)
La beauté de l’art est, selon Gautier, la beauté des « blasons » et des « médailles ».
2)
La Beauté comme perfection et rigueur formelle
La beauté est envisagée seulement comme une beauté formelle dans ce poème.
La
beauté vise un équilibre des formes.
La composition du poème témoigne d’une rigueur
formelle révélant une volonté d’atteindre la perfection poétique : étudier ici la versification
rigoureuse du poème (14 quatrains composés chacun de 3 hexasyllabes et d’un dissyllabe,
toujours en quatrième position créant une rupture de rythme forte venant ponctuer chaque
strophe, le même système de rimes croisées se retrouve tout au long du poème), étudier
la composition symétrique ( la première et la dernière strophe font référence à l’idée du
poète sculpteur de la matière verbale) ; montrer que la rigueur formelle se retrouve aussi
dans le choix d’un vocabulaire précis et érudit ( la référence à divers métaux précieux et
rares) : la beauté poétique rime avec la recherche de la rareté et de la pureté comme en
témoigne ce quatrain, mettant en relief l’adjectif « rare » :
Lutte avec le carrare,
Avec le paros dur
Et rare,
Gardiens du contour pur....
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