Commentaire d’un extrait de La Leçon d’Eugène Ionesco Introduction : Notre texte est extrait de La Leçon, pièce d’Eugène Ionesco,...
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Commentaire d’un extrait de La Leçon d’Eugène Ionesco
Introduction :
Notre texte est extrait de La Leçon, pièce d’Eugène Ionesco, qui fut créée à Paris
au Théâtre de Poche le 20 février 1951.
Ionesco s’inspira, pour écrire cette pièce, d’un
manuel scolaire (le livre d’arithmétique de sa propre fille, alors âgée de six ans) pour
démonter structures langagières et pédagogie.
Dans une petite ville de province, une élève désireuse de se présenter au «doctorat
total» vient prendre un cours particulier.
La leçon commence, loufoque, mêlant
mathématiques élémentaires et sciences du langage, malgré les objurgations de la bonne
(«La philologie mène au pire»).
Le vieux professeur, d’abord timide et obséquieux, mais
bientôt grisé par l’exercice de son pouvoir et par un discours délirant, réduit peu à peu
son élève à une absolue soumission et la tue.
Après nous avoir appris que, chaque jour,
quarante jeunes filles subissent le même sort, la bonne accueille une nouvelle élève.
Projet de lecture : Ionesco, à travers cette caricature de l'enseignement,
cherche à exposer l'échec de la communication conduisant au néant.
I)
Une scène comique
1)
Des personnages comiques
Les deux personnages favorisent le comique de la scène.
a)
Le ridicule du professeur
Le professeur apparaît comme un personnage totalement ridicule tant dans ses
paroles que dans son attitude.
Pour montrer le ridicule de ce personnage, analysez les
conseils de posture qu’il donne à l’élève :
« Par conséquent, lorsque vous vous décidez d'articuler, il est recommandé, dans
la mesure du possible, de lever très haut le cou et le menton, de vous élever sur la pointe
des pieds, tenez, ainsi, vous voyez »
à conseils totalement incongrus ici ( évoquer ici la clin d’œil à la scène de diction du
Bourgeois Gentilhomme de Molière, scène comique par excellence)
Analysez aussi le lyrisme ridicule teinté de discours scientifique du professeur :
« De cette façon, les sons remplis d'un air chaud plus léger que l'air environnant
voltigeront, voltigeront sans plus risquer de tomber dans les oreilles des sourds qui sont
les véritables gouffres, les tombeaux des sonorités »
à 2 types de discours sont ici mêlés : un discours appartenant au domaine de a
physique ( cf.
les considération sur la légèreté de l’air chaud) et un discours lyrique voire
poétique ( cf.
redondance du verbe « voltigeront », métaphore « les tombeaux des
sonorités »).
Ces deux types de discours ne sont en aucun cas de mise dans une leçon de
diction et de phonétique et leur association au sein d’une même phrase accentue le ridicule
du professeur.
b)
Le comportement de l’élève
Le comportement de l’élève aussi est source de comique.
L’élève semble avoir une
attitude moqueuse face à son professeur : étudier ici la façon dont la jeune fille répète
certaines paroles du professeur :
« LE PROFESSEUR - Toute langue, Mademoiselle, sachez-le, souvenez-vous-en
jusqu'à l'heure de votre mort...
L'ELEVE - Oh ! Oui, Monsieur, jusqu'à l'heure de ma mort...
Oui, Monsieur »
« L'ELEVE - ...
dans les oreilles des sourds.
»
2)
Le comique de situation
La situation présentée est en elle-même comique.
Ce comique de situation est
sensible dans la leçon de sons et de prononciation que délivre le professeur.
Etudier ici le passage où le professeur montre lui-même un exemple pratique de
prononciation à son élève :
« LE PROFESSEUR - Les sons, Mademoiselle, doivent être saisis au vol par les ailes
pour qu'ils ne tombent pas dans les oreilles des sourds.
Par conséquent, lorsque vous vous
décidez d'articuler, il est recommandé, dans la mesure du possible, de lever très haut le
cou et le menton, de vous élever sur la pointe des pieds, tenez, ainsi, vous voyez...
L'ELEVE
- Oui, Monsieur.
LE PROFESSEUR - Taisez-vous.
Restez assise, n'interrompez pas...
Et
d'émettre les sons très haut et de toute la force de vos poumons associée à celle de vos
cordes vocales.
Comme ceci : regardez : "Papillon", "Euréka", "Trafalgar", "papi, papa".
»
à étudier ici les indications de mise en scène contenues dans la réplique : « tenez,
ainsi, vous voyez… » ; « comme ceci : regardez » : elles indiquent que le professeur
montre lui-même l’exemple à la jeune fille dans une mise en scène ridicule qui prête à
rire ; le metteur en scène doit ici accentuer le comique de cette scène par les mimiques et
la gestuelle du personnage.
Etudier aussi la souffrance incongrue de l’élève qui se plaint subitement d’un mal
de dent comme si cette leçon de diction avait un impact concret sur son corps.
La situation en elle-même est comique car l’enseignement délivré par le professeur
est totalement dénué de sens et d’intérêt à situation absurde.
3)
Le comique de langage
a)
Les jeux de mots
Ionesco s’amuse ici à détourner certains proverbes et à jouer sur les mots à le
langage est utilisé à des fins comique.
à analyser le détournement de l’expression proverbiale «ne tomber dans l’oreille
d’un sourd » : « Les sons, Mademoiselle, doivent être saisis au vol par les ailes pour qu'ils
ne tombent pas dans les oreilles des sourds.
»
à analyser la façon dont le professeur prend les mots au pied de la lettre, au premier
degré ce qui crée un comique absurde :
LE PROFESSEUR - Les sons, Mademoiselle, doivent être saisis au vol par les ailes
pour qu'ils ne tombent pas dans les oreilles des sourds.
Par conséquent, lorsque vous vous
décidez d'articuler, il est recommandé, dans la mesure du possible, de lever très haut le
cou et le menton, de vous élever sur la pointe des pieds, tenez, ainsi, vous voyez...
à l’attitude physique d’élévation est directement impliquée....
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