Devoir de Philosophie

Commenter Brassens c'est, malgré les apparences, très difficile. Parce que, le plus souvent, c'est transparent, et tout simplement aussi parce...

Extrait du document

« Commenter Brassens c'est, malgré les apparences, très difficile.

Parce que, le plus souvent, c'est transparent, et tout simplement aussi parce que c'est trop connu.

Si les élèves (et nous) étaient rompus à l'analyse linguistique, ce problème de la transparence et de la « facilité » tomberait de lui-même, et lire ce serait « lire le travail du sens ». Malheureusement ce n'est pas en une année de première qu'on refait le parcours et il est très difficile de tout reconstruire. Pour le texte présent, le Parapluie, seront proposées d'abord trois introductions possibles, parce qu'il est fréquent que ce problème de l'introduction paralyse quand il s'agit du commentaire.

Ensuite seront repérés quelques-uns des éléments qui peuvent permettre de bâtir le commentaire, puisque, deuxième difficulté, il s'agit d'un commentaire composé, qui inverse la technique de l'explication linéaire. Introduire... 1) Innocente amourette? Tentative de «dragage»? Et qui est-ce, « elle »? Une frimousse entrevue? Une ingénue libertine, qui se laisse prendre aux regards du séducteur professionnel ou d'un soupirant transi? Car « lui » est aussi ambigu qu'elle et que leur aventure, « gentille et fleur bleue » pour les uns, « sensuelle et vulgaire » pour les autres? Si l'introduction est de ce type, elle engage une certaine manière de présenter le commentaire : ce sera la recherche peut-être d'une résolution des contraires, dans la mesure où, chez Brassens, désir et innocence ne sont pas contradictoires.

C'est pourquoi, répétons-le, il faut toujours finir par l'introduction, et non pas commencer par elle! 2) Le parapluie, culturellement, n'a pas de chance.

A l'inverse de son double féminin, l'ombrelle, il est par excellence l'objet sans poésie! Mais qu'importe : l'objet ne fait rien à l'affaire et Brassens aime ces choses quotidiennes, que plus personne ne songe à regarder, mais qui sont chez lui des prétextes ou des moyens pour les aventures amoureuses.

Les sabots d'Hélène et même ces fameux bancs publics où se « bécotent » les amoureux, appartiennent au même univers que ce parapluie, héros impuissant d'un flirt manqué. 3) Au travers de toutes ses chansons, c'est la même chose que Brassens semble poursuivre : une certaine image de la femme, une certaine image de l'amour, une certaine image de la vie.

Non que les femmes soient toutes semblables (« il en est de pires, il en est de meilleures...

»), ou que l'amour soit toujours si facile à attraper.

Ce qui demeure, c'est le refus des contraintes, un certain goût pour l'anarchisme et la bohème et un refus constant de trop se prendre au sérieux... Cette introduction-là envisage plutôt le commentaire comme une exploration du monde idéologique de Brassens.

Ce commentaire fera appel à d'autres poèmes ou chansons, parce qu'il n'est pas déraisonnable de penser que les élèves connaissent bien d'autres Brassens que le Parapluie. Trouver des idées... Chaque fois que se présente un texte de ce genre, moderne ou trop connu ou trop aimé, c'est à la même objection que l'on se heurte : « Brassens, "ça" se lit ou "ça" s'écoute, "ça" ne se commente pas.

» Car le commentaire tue le charme, impose un sens, etc. L'obstacle psychologique au commentaire est si réel qu'il stérilise! D'où une première recherche, qui vise à aider à trouver...

des idées. 1) Etablir le scénario du texte : où se passe la scène? quand? qui est là et qui parle? 2) Si on rapproche ce texte d'autres chansons de Brassens, quels thèmes connus, quelles images peut-on repérer? 3) Pourquoi? Autrement dit, quel univers psychologique, moral, idéologique se trouve ainsi délimité? Le scénario Où? Sur une grand-route (au passage, il faudra faire un sort à l'archaïsme de l'expression).

En tout cas hors du décor urbain.

La notation finale : « les routes vont vers des pays » est assez vague pour qu'il soit impossible de localiser la scène.

Peut-être ce refus de la localisation est-il à interroger. Où? Sous un parapluie.

Le parapluie, c'est un substitut sexuel, le rêve d'un lieu minuscule où l'on se serre.

Dans le texte, il devient : toit, refuge et surtout « coin d'paradis ». Quand? Impossible de le dire avec précision (comme le parapluie a été « volé le matin même », peut-être est-ce l'après-midi).

Mais peu importe : c'est le temps non défini du désir. Qui est là? Un homme et une femme.

Un homme prévenant (pourquoi?).

Une femmeenfant, caractérisée par des mots qui appartiennent au code enfantin (frimousse, cheminer) ou au code romantique (ange).

Celui qui parle, c'est l'homme (parce qu'il mène le jeu, en apparence; la femme — c'est suggestif—est réduite à « oui » et à « grand merci », les mots même.... »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓