Commentez cette déclaration de Ionesco : « Tout est langage au théâtre : les mots, les gestes, les objets. Il...
Extrait du document
«
Commentez cette déclaration de Ionesco : « Tout est langage au théâtre : les
mots, les gestes, les objets.
Il n'y a pas que la parole.
» ?
Analyse du sujet et problématisation
Le terme de théâtre doit toujours être envisagé sous un triple aspect : il s’agit à la fois du
genre littéraire théâtral reposant sur un texte écrit, de la représentation sur scène du texte
écrit et du lieu de la représentation.
Le langage peut être défini comme la faculté de mettre en œuvre un système de signes
linguistiques (qui constituent la langue) permettant la communication et l'expression de la
pensée (ce qui est privatif des humains), et des sentiments (ce qui est commun aux
animaux).
Le mode de langage par excellence s’avère la parole, qui est un langage incarné
par un sujet, par un corps qui parle.
Selon Ionesco, la parole, au théâtre n’est pas le seul moyen de communication et de
signifiance ( au sens d’émission de signes) car « tout est langage eu théâtre : les mots,
les gestes, les objets.
»
-
Ionesco distingue ici « parole » et « mots » : c’est que le « mot » doit être
considéré pour lui seul au théâtre, il doit être envisagé dans son individualité à
chaque mot est un signe auquel on doit porter attention.
Le terme de « gestes » désigne l’ensemble des déplacements, des mimiques et
des attitudes corporelles des personnages.
Le terme d’ « objets » rassemble les éléments du décor et les costumes.
NB : Dans le texte théâtral, les « gestes » et les « objets » appartiennent aux didascalies
ou aux indications scéniques : le sujet invite à ne pas sous-estimer le rôle signifiant des
didascalies.
Problématique : Au théâtre, peut-on dire que seules les répliques échangées
entre les personnages sont signifiantes ?
I)
1)
Si le théâtre est considéré comme le genre de la parole…
Les indications scéniques conçues comme « texte secondaire »
On connaît aujourd’hui avec le théâtre du XXe siècle l’abondance des indications
scéniques et des didascalies dans le texte théâtral, certains dramaturges allant même
jusqu’à produire des textes ou des préfaces expliquant la mise en scène de leur pièce.
Cependant, cette abondance d’indications et cet intérêt minutieux pour le jeu des acteurs
( gestes, mimiques, tons, etc…) et pour le décor est relativement récent.
Jusqu’au XIXe
siècle, le théâtre en est relativement dépourvu : les indications, quand elles sont
présentes révèlent davantage une finalité pratique et informative qu’un réel rôle
signifiant.
Elle sont souvent conçues comme un « texte secondaire » par rapport au
« texte primordial » que constitueraient les répliques.
2)
Le règne de la parole
Le théâtre étant un genre littéraire fondé sur la communication, la parole y a
nécessairement un rôle très important.
Il est peut-être le genre littéraire par excellence
où règne la parole puisqu’il n’est constitué que de dialogues.
à évoquer ici les différents modes de prises de parole au théâtre, comme la tirade ou le
monologue, qui exaltent la parole en lui donnant une ampleur qu’elle n’a pas dans la vie
réelle.
(cf.
monologues des pièces de Racine ou les stances de Rodrigue dans Le Cid de
Corneille à rôle délibératif de la parole qui aide les personnages à clarifier leur situation)
à montrer que la parole fonde l’intrigue théâtrale.
à Un exemple contemporain d’un usage incantatoire de la parole : le théâtre de la parole
de Valère Novarina
II)
1)
… Le pouvoir signifiant des gestes, des objets et des mots ne doit
pas être sous- estimé.
Les gestes permettent souvent une meilleure compréhension des
répliques
Au théâtre, le geste accompagne souvent une réplique qu’il illustre ou à laquelle il donne
un sens particulier.
Les rapports entre geste et parole peuvent être de différents types :
soit le geste ne signifie pas, est sans lien avec la parole et trahit simplement
l’exubérance du sujet
les gestes peuvent avoir un rôle d’accompagnement : l’interlocuteur prête
attention à leur message et les comprend.
( cf.
le mouvement de tête horizontal
pour signifier une négation)
Ex : Fanny de Marcel Pagnol, passage où le facteur, refusant de donner certains
renseignements à Honorine par conscience professionnelle trouve un stratagème en
choisissant de ne pas les dire pour avoir sa conscience en repos :
« Honorine – Est-ce que Fanny reçoit des lettres de Marius
Facteur – Attention au mouvement.
( De la tête il dit non)
à ici le geste remplace la parole
les gestes peuvent avoir un rôle d’achèvement des paroles : lorsqu’une phrase
n’est pas terminée, ils peuvent prendre le relais.
Le geste peut aussi signifier seul ( cf.
dans des types de théâtre où la parole
est absente à pantomime)
2)
Les objets et en général, le décor, donnent un cadre à la pièce et font
souvent office de symboles
Les objets qui constituent le décor au théâtre crée le cadre spatial dans lequel les
personnages vont évoluer et l’intrigue va se dérouler.
Il permet d’ancrer d’emblée le
spectateur dans une ambiance particulière ( cf.
la reconstitution tape à l’œil d’un bordel
dans Le Balcon de Genet) Il arrive parfois que l’action dramatique soit centrée autour
d’un objet soit que cet objet soit le centre de convoitise, (cf.
L’avare de Molière et la
cassette d’Harpagon à l’objet est le moteur de l’intrigue) soit qu’il ait une véritable
importance dramaturgique ( cf.
le fauteuil dans le Mariage de Figaro à lieu de cachette
pour de nombreux personnages)
Les objets et le décor ont souvent une valeur symbolique non négligeable :
Ex :
·
Huis Clos de Sartre :
àle décor est celui d’un salon second empire de mauvais goût qui symbolise la mauvaise
fois des personnages ( en résonance avec une réplique de Garçin à laquelle répond le
garçon :
Après tout je vivais toujours dans des meubles que je n’aimais pas et des
situations fausses ; j’adorais ça.
Une situation fausse dans une salle à manger
Louis-Philippe, ça ne vous dit rien ?
Vous verrez, dans un salon second empire, ça n’est pas mal non plus.)
·....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓