Concentration industrielle et direction des entreprises I. L'évolution des techniques industrielles est étroitement liée à celle des cadres économiques de...
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Concentration industrielle et direction des entreprises
I.
L'évolution des techniques industrielles est étroitement liée à celle des
cadres économiques de la production.
Sans la concentration des capitaux,
la production de masse n'était pas concevable et le progrès technique a
imposé la formation de grandes entreprises.
[...]
.
Au lendemain de la première guerre mondiale, les sociétés par actions
dominent les industries de transformation et les transports.
Déjà se sont
développées les grandes(< Corporations>> dominant leur marché et imposant
leur volonté aux petits entrepreneurs individuels.
[...] Certes, ces sociétés
restent peu nombreuses, mais elles sont les plus importantes.
En France,
en 1954, on compte seulement 21 817 sociétés anonymes ou en comman
dite contre 460 735 entreprises individuelles, mais 6 entreprises individuelles
seulement emploient, dans l'industrie et le commerce, plus de 500 salariés
contre 837 sociétés anonymes ou par commandite.
Dans l'industrie seule,
966 295 salariés sont employés par des entreprises individuelles contre
2 218.224 par des sociétés anonymes ou en commandite.
Les entreprisesimpor-
tantes, disposant plus facilement du marché financier ou des ressources de
l'autofinancement, s'étendent plus rapidement et tendent souvent à devenir
des affaires intégrées, soit verticalement en remontant ou en descendant
la chaîne de production, soit horizontalement en diversifiant leur produc
tion.
Les notions d'entreprise et d'établissement, c'est-à-dire d'unité juri
dique et économique et d'unité de production tendent à se séparer.
Les
grandes entreprises possédent de nombreux établissements.
Les décisions
qui affectent la vie des travailleurs sont prises à des niveaux très éloignés
d'eux, d'une manière sur laquelle ils ne peuvent pas agir directement
sans s'engager dans une action d'envergure, elle-même gênée souvent par
l'absence d'une connaissance exacte de la vie économique de l'entreprise.
II.
Cette concentration du pouvoir économique a entraîné en effet deux
conséquences, étroitement liées l'une à l'autre :
1 ° D'abord la séparation de la direction et de la propriété des entreprises.
La masse des petits actionnaires n'exerce aucun pouvoir de décision.
Celui-ci appartient d'abord à des groupes financiers fort éloignés des
problèmes techniques et sociaux de l'industrie, mus .
par la recherche
du profit maximum ou par la volonté de construire des empires écono
miques.
[...]
2 ° En second lieu, les grands groupes financiers et industriels ne peuvent
plus se comporter comme des organismes strictement privés.
Leur rôle
politique est nécessairement considérable et ils tentent d'instaurer une
sorte de planification capitaliste.
La Société Générale en Belgique,
dominant une fraction importante de l'industrie de ce pays, exerce
une action directe sur l'ensemble de l'économie.
Les hommes politiques
font souvent figure de fondés de pouvoir des grandes affaires; la masse
des travailleurs se sent soumise à une pression à la fois politique et
économique et oriente son action vers une transformation d'ensemble de
la société.
Mais cette image est trop générale et ne rend pas compte des trans
formations intervenues dans le contrôle des entreprises.
On doit en retirer
seulement l'idée [...] que l'entreprise industrielle cesse d'être un simple
organisme économique, soumis aux lois du marché, et qu'elle tend à agir
comme une institution politique dans un champ de forces économiques et
sociales organisées.
Le mouvement par lequel les petits actionnaires sont
écartés du contrôle réel de l'entreprise entraîne des conséquences qui
peuvent atteindre les gestionnaires eux-mêmes.
Les grandes sociétés ten
dent à distribuer une part de plus en plus faible de leurs bénéfices réels.
Par le jeu des réserves et des amortissements, elles gardent à leur disposition
l'essentiel de leurs profits et les réinvestissent soit dans leur propre sein,
soit dans des sociétés dont elles prennent ainsi le contrôle..
La majorité des
_ actionnaires se satisfont de ces faibles distributions de dividendes, à condition
que la valeur boursière de leurs actions s'élève; ils se transforment donc
en spéculateurs, cherchent à tirer parti de la bçmne marche des entreprises,
sans se préoccuper d'agir sur elle.
Les banques, les compagnies d'assurances,
les sociétés d'investissements jouent le même....
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