Congo (-Kinshasa) 1996-1997 L'implosion du Zaïre "légal" Avec l'autorisation du multipartisme en 1990, le Zaïre entra dans une phase de...
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Congo (-Kinshasa) 1996-1997
L'implosion du Zaïre "légal"
Avec l'autorisation du multipartisme en 1990, le Zaïre entra dans une phase de transition politique qui
évolua progressivement vers une situation d'implosion du pays "légal".
Dans un premier temps, on put
penser que cette transition allait pouvoir réussir à travers la tenue d'une Conférence nationale souveraine
(CNS), à l'instar de ce qui se passait à l'époque dans un certain nombre de pays d'Afrique francophone
(Congo, Bénin, Togo, Madagascar ).
Commencés en août 1991, puis interrompus à la suite des pillages
populaires de septembre et de diverses péripéties politiciennes, les travaux de la CNS reprirent en mars
1992.
En décembre, en dépit de multiples tergiversations, la conférence nationale accouchait d'un Haut
Conseil de la République (HCR), composé de 453 membres.
Toutefois, cet organe législatif de la
transition fut dissout par le président Mobutu Sese Seko en janvier 1993 et remplacé par un organe géant
de 734 membres, résultat d'une fusion entre l'ancien Conseil législatif et le HCR.
Le Haut Conseil de la
République-Parlement de transition, comme on l'appelait désormais, fut toutefois incapable d'exercer le
mandat d'apaisement de la classe politique qui lui avait été confié: ses actes législatifs les plus significatifs
furent, d'une part, l'approbation d'une Commission nationale pour des élections (CNE), qui échoua à faire
avancer significativement le processus électoral, et, d'autre part, le vote d'une Constitution prônant le
fédéralisme et confirmant le principe du "partage du pouvoir" entre le gouvernement et la présidence de
la République.
L'armée, second pilier de l'État, détenant le monopole effectif de la violence légitime, s'effondra dès
septembre-octobre 1991, lorsque les forces armées zaïroises, fortes d'environ 60000 hommes, se
mutinèrent et mirent à sac pratiquement toutes les agglomérations zaïroises.
De nouveaux pillages se
produisirent en janvier 1993 puis en 1996-1997 dans le contexte de la rébellion conduite par LaurentDésiré Kabila.
Le troisième pilier du système, les finances publiques, se désintégra dès 1991, après l'implosion brutale
de la société de production minière Gécamines, principale pourvoyeuse de devises du Trésor public.
Dès
lors, une spirale d'hyperinflation se déclencha, liée à des recours intempestifs à la planche à billets.
A
partir de là, les seules ressources du pays furent limitées au versement des royalties du pétrole, ainsi
qu'aux maigres recettes publiques qu'un État délabré parvenait encore à extraire de la MIBA (diamant),
des sociétés semi-publiques exploitant l'or dans l'est du Zaïre (Kilo-Moto et Sominki) et de quelques
comptoirs privés d'achat d'or et de diamants.
Au total, les recettes de l'État ont plafonné autour de 150 à
200 millions de dollars, alors qu'elles dépassaient le milliard à la fin des années quatre-vingt.
La "rébellion" des Tutsi banyamulenge
Dans ce contexte d'un État qui n'était plus que virtuel, deux scénarios paraissaient possibles: l'éclatement
plus ou moins pacifique du pays à partir de mouvements centrifuges régionaux ou une explosion partie
de n'importe où et emportant tout sur son passage.
Le premier scénario paraissait vouloir s'actualiser
dans la prolifération de micro-régionalismes qui s'emparaient de certaines parties "économiquement
utiles" du pays: le Bas-Zaïre, où s'opérait un retour offensif du nationalisme kongo; le Kasaï-Oriental, et
en particulier la partie luba de la province, devenu l'un des principaux pourvoyeurs de devises pour le
pays grâce au diamant; le Shaba, dont la classe politique locale entretenait à nouveau les souvenirs de la
sécession des années soixante, et le
Nord-Kivu, désormais orienté vers l'Afrique de l'Est, le Moyen-Orient et même le Sud-Est asiatique via de
puissants réseaux de commerce à longue distance.
Le vote par le Haut Conseil de la République d'un
nouveau projet de Constitution pour la IIIe république traduisait, en quelque sorte, cette volonté de partir
des dynamismes régionaux en instaurant un système de gouvernement fédéral et un démembrement du
pays en 26 nouvelles provinces.
La réalisation effective du second scénario ne fut pas tout de suite perceptible.
Elle débuta avec la
réactivation de "débordements" ethniques toujours latents au Kivu où, la perspective des élections aidant,
des "mutuelles tribales" zaïroises se liguèrent, au nord comme au sud de la province, contre les
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ressortissants de langue kinyarwanda, à savoir les anciens réfugiés, les "irréguliers" et les "transplantés"
installés au Zaïre depuis les années trente et qui, dans certains territoires, formaient la majorité de la
population locale.
Avec la victoire militaire en 1994 du FPR (Front patriotique rwandais) au Rwanda, ceux
que l'on appelait les "Tutsi banyamulenge" et qui avaient été recrutés à partir des années quatre-vingtdix pour combattre aux côtés des "rebelles" rwandais, revinrent au Zaïre à la rescousse de leurs familles
menacées d'être chassées du Kivu par un pouvoir local se mobilisant pour la promotion des "Zaïrois
authentiques".
Telle fut l'étincelle qui provoqua en définitive un processus de "surfusion" dans tout le
pays.
On vit alors soudainement revenir à....
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