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Congo (-Kinshasa) 1997-1998 Le retour des « chefs de guerre » Depuis le 17 mai 1997, le Congo de Laurent-Désiré...

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« Congo (-Kinshasa) 1997-1998 Le retour des « chefs de guerre » Depuis le 17 mai 1997, le Congo de Laurent-Désiré Kabila s'est substitué au Zaïre de Mobutu Sese Seko. Le paysage politique a-t-il changé ? Le discours officiel l'a affirmé.

Cependant, des nuances s'imposent. Dans le système de pouvoir qui s'installe se trouvent « récapitulées » diverses étapes historiques de l'ensemble Zaïre-Congo.

Les rangs du pouvoir comptent tout autant les héritiers du lumumbisme et du nationalisme des années soixante et du mulelisme des années 1964-1965 que les représentants d'un Katanga revanchard, des « Tutsi congolais » qui avaient dirigé sous le précédent régime et auxquels les laquo; Zaïrois authentiques » créaient des ennuis depuis le début des années quatre-vingt, des membres d'une diaspora zaïroise euro-américaine prétendant représenter l'opposition, et même de grands barons de ce régime, telle grand communicateur de Mobutu, Sakombi Inongo, reconverti en prophète d'un mouvement religieux qui faisait naguère trembler les puissants.

Au total, durant la phase d'installation, il était difficile de savoir, en dehors de Kabïa, où était le pouvoir et qui le détenait véritablement. À dater de début 1998, il semble que le noyau dur du pouvoir politique se soit solidifié quelque peu avec la relative mise en veilleuse de l'influence de la diaspora tutsi et la montée en puissance d'un entourage surtout nord-katangais.

Certains opposants n'hésitaient pas à avancer que ces Nord-Katangais joueraient progressivement le même rôle que les Ngbandi sous Mobutu. Ré-étatisation « à la Kabila » Toutefois, la manière dont le nouveau pouvoir s'est manifesté ne se réduit pas à des luttes factionnelles. A compter de la fin de 1997, le gouvernement s'est efforcé de se redéfinir sur le plan institutionnel.

Trois initiatives majeures ont été prises dans ce domaine : la création d'une commission constitutionnelle, la préparation d'une conférence nationale sur la reconstruction et la tenue d'une conférence sur la redynamisation de l'administration locale. La première initiative a débouché sur un projet de Constitution qui consacre un présidentialisme ne rendant pas de comptes aux organes législatifs traditionnels (Sénat et Chambre des représentants) et où il n'est plus question de fédéralisme.

La décentralisation administrative a été fortement réduite puisque l'État central ne ristourne aux entités décentralisées que 40 % de ses recettes nationales.

Pour ce qui regarde le sujet très délicat de la nationalité, ce projet consacre le principe constitutionnel établi par la loi de 1981 suivant lequel ne peut être congolais que celui dont les ascendants étaient installés au Congo au moment de l'indépendance, tout en encourageant l'acquisition individuelle de la nationalité congolaise « une et indivisible ». La conférence nationale sur la reconstruction a été interrompue après quelques mois parce qu'il était estimé soit qu'elle aurait été une répétition de l'ancienne Conférence nationale souveraine, avec laquelle le pouvoir en place ne souhaitait pas s'identifier, soit qu'elle conférait trop de pouvoir au ministre de la Reconstruction nationale, Étienne Mbaya, soit encore que la manifestation aurait été redondante avec le plan de trois ans présenté à la Conférence des pays amis du Congo tenue à Bruxelles en décembre 1997. Quant à la troisième initiative, elle a consacré un retour évident à la revalorisation de l'ancien service territorial de l'époque coloniale ; il n'est plus question d'un personnel représentant des communautés locales, mais bien de fonctionnaires représentant l'autorité de l'État dans son entité. Ces initiatives n'ont pas suffi à convaincre une large partie des élites civiles et politiques qui, lorsqu'elles ne cherchent pas à s'insérer discrètement dans les structures du pouvoir, manifestent leur mécontentement face à un pouvoir qui leur paraît « étranger » puisque essentiellement habité par des diasporas euro-américaines ou par des « citoyens à nationalité douteuse ». Un pouvoir agressif qui menace la société civile file:///F/Lycée/1/450692.txt[13/09/2020 23:26:50] Est-ce parce qu'il ne parvient pas à poser ses marques en matière de légitimité que, depuis le début 1998, le gouvernement Kabila a fait montre d'une grande agressivité à l'égard de ce qui s'opposait à sa volonté de ré-étatiser le pays à sa manière ? Les arrestations d'opposants - et surtout le renvoi dans son village du refuznik historique, Étienne Tshisekedi - se sont multipliées, de même que la détention prolongée ou les intimidations à l'égard de certains journalistes.

Certains hommes politiques, au nom d'un étatisme suranné, se sont faits menaçants à l'égard des membres d'une société civile qui avait réussi à percer durant la transition ; ont été arrêtés.... »

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