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Conjoncture de l'économie mondiale (2005-2006) Avec une croissance globale de 4,8 % en 2005 (contre 5,3 % en 2004), l’économie...

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« Conjoncture de l'économie mondiale (2005-2006) Avec une croissance globale de 4,8 % en 2005 (contre 5,3 % en 2004), l’économie mondiale a agréablement surpris les observateurs, démentant les prévisions qui anticipaient un ralentissement bien plus accentué, voire une crise. Au début de 2006, cette croissance était même un peu mieux répartie qu’auparavant.

Elle incluait désormais la Zone euro, qui semblait enfin se réveiller, tandis que l’économie du Japon enregistrait une accélération, entrant dans sa quatrième année de forte croissance, une nouvelle confirmation que le pays du Soleil-Levant est vraiment sorti de la situation de quasi stagnation dans laquelle il s’était embourbé douze ans durant à partir de 1990.

L’Afrique aussi a connu pour la quatrième année une croissance de l’ordre de 5 %, après plus de vingt ans de stagnation. Le spectre d’un « dénouement désordonné » Les problèmes de l’économie mondiale, qui avaient tant préoccupé les observateurs il y a un an, n’ont pourtant pas disparu.

Les grands déséquilibres mondiaux (déficit énorme et croissant du commerce extérieur américain, endettement excessif des ménages, accompagné d’une bulle spéculative dans le marché immobilier de plusieurs pays développés...) se sont aggravés au point d’atteindre, au milieu de 2006, des niveaux sans précédent, rendant d’autant plus actuelle la thèse d’un « dénouement désordonné » (disorderly unwinding). Malgré leur insistance à rappeler qu’une « correction ordonnée » de ces déséquilibres est le scénario le plus probable, les organisations internationales semblaient encore très inquiètes, à la mi-2006.

Ainsi, Rodrigo de Rato, directeur général du FMI, a-t-il déclaré, en mai 2006, qu’on risquait d’assister à « une chute brutale du taux de croissance de la consommation aux États-Unis, provoquée peut-être par un ralentissement du marché immobilier...

Un ajustement désordonné [pouvait] aussi survenir si, soudain, les investisseurs n’étaient plus disposés à détenir des actifs financiers américains », et de conclure que « ni les variations des taux de change en Asie ni un ajustement budgétaire aux États-Unis ne suffi[raient]...

Un effort international coordonné pour rééquilibrer la croissance [était] nécessaire.

».

Sur un ton similaire, la presque totalité de la conclusion du Rapport annuel de la Banque des règlements internationaux publié fin juin 2006 traite de l’éventualité d’un scénario de crise.

Les rédacteurs de ce rapport s’inquiètent fortement du fait que les grands acteurs de l’économie mondiale n’ont pas vraiment admis l’idée que les mécanismes habituels du marché puissent être insuffisants pour rétablir les équilibres ni qu’une « solution coopérative » soit requise. Les divergences, tant dans l’analyse de la situation que dans les mesures concrètes à prendre, rendent néanmoins très difficile la mise en place de la « solution coopérative » souhaitée par certains.

Ces divergences se nourrissent, entre autres, de l’ignorance avouée dans laquelle les banques centrales et les institutions internationales se trouvent concernant aussi bien l’étendue des nouveaux marchés financiers que leur fonctionnement, notamment ceux qui permettent aux différents acteurs de « se couvrir » (hedge) face aux différents risques.

Ainsi certains considérent-ils que l’importance prise par ces marchés est de nature à atténuer une future crise financière internationale tandis que d’autres pensent, au contraire, qu’elle l’aggraverait considérablement. Les experts sont très divisés aussi sur les effets que produira la politique de hausse des taux d’intérêt directeurs dans laquelle les États-Unis se sont lancés depuis deux ans (et l’Europe plus récemment).

Certains l’estiment indispensable pour éviter que les déséquilibres ne continuent à s’aggraver.

D’autres craignent qu’il ne soit trop tard pour appliquer une telle politique, considérant que ce sont précisément de telles hausses de taux d’intérêt qui, lorsqu’elles commenceront à se faire sentir sur les taux pratiqués pour les crédits hypothécaires et les prêts à long terme – comme cela fut déjà perceptible début 2006 –, déclencheront les « ajustements désordonnés » redoutés.

D’autant plus que le Japon et la Chine entrent aussi dans une période de relèvement de leurs taux d’intérêt. Des « exercices de simulation » de crises internationales (war games) prévoyant différents types d’intervention étatique ont déjà été organisés par plusieurs instances de coopération en Europe.

Malheureusement, comme l’a dénoncé la Banque des règlements internationaux dans son rapport, les décisions concernant « qui doit faire quoi et qui doit payer quoi » en cas de crise, traînent : « Que ce soit l’assurance des dépôts, les mécanismes d’octroi de liquidités d’urgence ou la restructuration d’une banque internationale qui s’effondrerait, les coûts risquent d’être substantiels.

Sans accord préalable sur la répartition de tels coûts, la gestion de la crise pourrait aisément perdre son efficacité.

» L’Un ion européenne, malade imaginaire ? La croissance de l’Union européenne à 15 (UE-15) a ralenti en 2005, tombant à 1,5 % (contre 2,3 % en 2004), mais au premier trimestre 2006 elle a semblé à nouveau s’accélérer.

La décélération a eu lieu tant dans la Zone euro (où la croissance est passée de 2,1 % en 2004 à 1,3 % en 2005) qu’au Royaume-Uni, resté en dehors de l’euro (où elle à chuté de 3,1 % en 2004 à 1,8 % en 2005). Le fait le plus frappant, en Europe, est le contraste existant entre les résultats très honorables de l’économie européenne et le discours pessimiste dominant.

L’image d’une Europe « rigide », distancée par une Amérique « flexible », qui décollerait comme une fusée, est très répandue.

Pourtant, au vu des chiffres les plus récents d’Eurostat et de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), une autre image se dégage. L’opinion selon laquelle l’Europe crée moins d’emplois que les États-Unis, par exemple, n’a plus aucun fondement.

La création d’emplois s’est remarquablement accélérée en Europe au cours de ces dernières années ; ainsi, entre 1996 et 2006, l’emploi dans la Zone euro a-t-il augmenté de 1,2 % par an, soit autant qu’aux États-Unis.

Dans ses Perspectives économiques parues en mai 2006, l’OCDE (souvent réticente à relever de bonnes performances ailleurs qu’aux États-Unis) a reconnu que « sur l’ensemble du cycle, la croissance de l’emploi a été plus soutenue dans la Zone euro qu’aux États-Unis.

»). En matière de chômage, l’avancée a été notoire.

Entre 1996 et 2006, le taux de chômage de la Zone euro est tombé de 10,7 % à 8,2 %, une baisse du même ordre que celle caractérisant le « miracle » américain sous la présidence de Ronald Reagan. Quant à l’idée selon laquelle l’Amérique travaillerait de plus en plus tandis que l’Europe en ferait toujours moins, elle doit aussi être nuancée.

Depuis 1990, le taux d’activité (nombre d’actifs divisé par la population en âge de travailler) décroît lentement aux États-Unis, tandis qu’il augmente de manière régulière dans la Zone euro.

En 2006, ce taux était de 75,5 % aux États-Unis et de 72,1 % dans la Zone euro (contre respectivement 76,5 % et 66,7 % en 1990).

La différence, initialement de 10 points, s’est réduite à 3 points et s’explique facilement par le taux d’activité plus élevé des lycéens et des étudiants aux États-Unis. Une autre idée erronée concerne le niveau de vie européen, qui aurait décroché en comparaison de celui des États-Unis.

La Commission européenne, par exemple, ne cesse de marteler cette idée, notamment dans ses rapports économiques, alors que, dans des encadrés techniques de ces mêmes rapports, ses statisticiens donnent souvent à voir le contraire.

Ainsi peut-on lire dans un encadré de la European Economy, le rapport annuel officiel de la Commission, que « le différentiel apparu depuis 1990 dans les taux de croissance des PIB disparaît lorsqu’on examine les données par habitant.

La performance en matière de croissance, ainsi que la hausse des niveaux de vie, a été approximativement la même dans les deux zones.

». Les dernières statistiques sur les PIB par habitant à parité de pouvoir d’achat (PPA) publiées par l’OCDE confortent d’ailleurs cette opinion. Un discours pessimiste similaire existe lorsque la « rigide » Zone euro est comparée au « flexible » Royaume-Uni, censé avoir « compris ce qu’il faut faire ».

La vérité est qu’entre 1990 et.... »

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