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Conseils de méthode 1. Sens de l'épreuve La dissertation est en général l'une des épreuves les plus importantes, sinon la...

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« Conseils de méthode 1.

Sens de l'épreuve La dissertation est en général l'une des épreuves les plus importantes, sinon la plus importante, aux examens et concours littéraires.

Qu'il s'agisse en effet des dissertations portant sur un sujet général, sur un auteur et une œuvre ou de la dissertation de littérature comparée, force est de constater leur considérable coefficient.

Il est tout à fait évident que la réussite à ces épreuves conditionne le résultat final.

Pourquoi ont-elles cette prépondé­ rance? Elles sont destinées à tester les qualités intellectuelles ainsi que la personnalité du candidat.

En effet, ce sont les efforts d'analyse et de synthèse dont le devoir témoigne qui déterminent l'apprécia­ tion des correcteurs.

Il faut donc faire preuve de raisonnement, d'organisation et de sens critique.

Ces qualités premières doivent cependant être secondées de discernement, de clarté, d'élégance d'expression et s' appuyer sur une solide culture, car une disserta­ tion littéraire est avant tout une proposition de démonstration honnête, convaincante et nette, fondée sur des connaissances à la fois approfondies et dominées.

Elle doit logiquement aboutir à une prise de position justifiée, sans jamais s'égarer, ou pire, s'enliser dans la confusion, la description et la lourdeur. Pour toutes ces raisons, la maîtrise réfléchie d'une méthode apparaît véritablement essentielle.

C'est en effet la méthode qui, en permettant de structurer efficacement la dissertation, constitue à la fois la preuve de l'intelligence du candidat et le moyen de mettre en valeur sa culture, sa personnalité, de créer un véritable rapport intellectuel avec le lecteur. 2.

Appréhension du sujet Analyser le sujet Dans tous les cas, le sujet proposé doit être lu plusieurs fois très attentivement.

Cette recommandation semble du reste encore plus importante à suivre pour le sujet général dans la mesure où la nature exacte de la réflexion demandée et la base culturelle susceptible de la soutenir ne peuvent faire l'objet d'aucune prépa­ ration spécifique préalable. Par conséquent, il ne faut manquer aucun des mots essentiels du sujet dès le départ et opérer une sélection très sérieuse, synthétique dans tous les sens du terme.

Si le sujet est assez long, ou même long, on le divise en grandes parties dont les expressions essentiel­ les seront sélectionnées dans l'esprit d'une explication de texte linéaire.

S'il est très long, cette sélection doit avoir lieu par regroupements de notions proches, ce qui permettra de cadrer l'énoncé en substance. Ensuite, on veillera surtout à ne laisser échapper aucun des sens possibles de ces mots ou de ces regroupements sémantiques.

En effet, de ce point de vue, rien ne doit être laissé au hasard dans la mesure où des pièges sont souvent tendus.

La perspicacité et la subtilité doivent les déjouer d'emblée, sous peine de laisser inex­ plorée par la suite une partie du sujet ou d'évoquer des éléments déplacés dans un raisonnement déphasé... Pour mener à bien cette analyse de départ, le bon sens est aussi indispensable que la connaissance approfondie des notions fonda­ mentales, de la syntaxe, de la sémantique, de l'étymologie, le seul instrument efficace de préparation étant le dictionnaire Robert ou Littré, auquel il est conseillé de se référer le plus souvent possible. Une fois la sélection des mots essentiels effectuée, il faut s'intéresser aux rapports qu'entretiennent ces mots entre eux, en tenant compte de l'expression dans laquelle ils sont respective­ ment employés. C'est à l'issue de ce processus que le sujet est véritablement cadré, dans la mesure où l'on a pris conscience de son extension et par là même de ses limites. Interroger le sujet, choisir et structurer une problématique A partir de ce moment, on devient capable d'interroger le sujet, c'est-à-dire d'en faire émerger toutes les interrogations qu'il con­ tient.

Il est conseillé pour y parvenir plus efficacement d'utiliser, au brouillon, le tableau suivant : Interrogations Problématique La première colonne regroupe, grâce à un effort d'analyse, toutes les questions explicites et implicites posées par le sujet. Elles ne peuvent arriver cependant, bien entendu, que pêle-mêle. C'est donc dans la seconde colonne que les questions retenues seront choisies et structurées dans un certain ordre.

Sans problé­ matique, il n'y a pas de dissertation.

La problématique correspond à la sélection réfléchie de deux, trois, ou parfois quatre questions synthétiques essentielles posées par le sujet.

Cette sélection peut se fonder sur des questions synthétiques existant en tant que telles parmi les interrogations ou reprendre un certain nombre d'interro­ gations pour forger une question synthétique. Si l'on choisit une structure de trois ou quatre questions, les dernières questions doivent nécessairement représenter un dépas­ sement des questions précédentes.

En d'autres termes, il faut qu'elles marquent obligatoirement le passage à un niveau supé­ rieur du raisonnement. Ces questions dirigeront le raisonnement dans une progression logique.

Elles ne seront donc jamais des questions rhétoriques ou, à plus forte raison encore, de fausses questions.

En outre, elles s'enchaîneront réellement entre elles, puisqu'il ne sera possible de répondre à une question que si l'on dispose des réponses à la question précédente.

Ainsi, ces grandes questions constitueront les pôles articulés d'un raisonnement dynamique. Par conséquent, la problématique n'est nullement un aligne­ ment et un assemblage de deux ou trois niveaux de réflexion stéréotypés qui pourraient permettre d'englober le sujet.

Cela conduirait en effet à un plan artificiel caractérisé par la description, l'immobilisme et même l'inertie.

Pour chaque sujet, il faut trouver des termes de problématique susceptibles de créer un raisonne­ ment spécifique. Bon nombre de questions écartées pour constituer la probléma­ tique étant, quoi qu'il en soit, en situation dans la réflexion d'ensemble peuvent être utilisées en vue de composer ou même d'alimenter les sous-parties de la dissertation.

Il est ainsi assez sou­ vent possible de rentabiliser la plus grande partie du travail d'inter­ rogation. Au fond, une bonne problématique joue, sous une forme ou une autre, sur des questions en elles-mêmes fondamentales.

- En quoi ?ou Dans quelle mesure?Comment?ou par quels moyens ? Pourquoi ou Pour quelles raisons?-, c'est-à-dire des questions qui bannissent la description et dynamisent le raisonnement. Il faut donc retenir que la problématique d'un sujet général, qui a tendance à rayonner, doit constituer une circonscription perti­ nente, et que celle qui concerne un auteur et une œuvre doit toujours permettre, grâce à un prisme bien défini, d'analyser des points particuliers qui se révèlent assez souvent fondamentaux, sauf quand l'œuvre est trop variée ou contradictoire, ce qui est très rare. Quant à la problématique efficace pour un sujet de littérature comparée, elle interroge la plupart du temps explicitement ou implicitement sur le pourquoi des ressemblances et des différen­ ces des œuvres proposées, et cela sur des points précis.

Les questions posées doivent concerner toutes les œuvres du sujet. Dans ce type de dissertation, en effet, il y a de grandes probabilités que le sujet implique une réflexion sur chaque projet littéraire et Mobiliser des connaissances spécifiques Il devient possible, une fois la problématique clairement cons­ tituée, de mobiliser pêle-mêle les points de réponse très divers qui lui correspondent : réflexions, connaissances et leur corollaire, exemples précis analysés, ce qui demande mémoire et concentra­ tion intellectuelles.

Le terme «mobiliser» suggère à la fois l'ur­ gence et le dynamisme nécessaires à l'opération. Quoi qu'il en soit, il faut toujours situer un exemple ou un passage ; plus que l'emplacement dans l'œuvre, c'est avant tout la fonction dans la démonstration qu'il importe de développer, sauf bien entendu si l'emplacement lui-même a un sens particulier à utiliser dans la démonstration. Le champ de cette mobilisation est par définition plus large en ce qui concerne le sujet général que pour ce qui est des deux autres types de dissertations littéraires, où le travail porte sur une ou des œuvres précises dont on ne doit s'éloigner sous aucun prétexte. Ainsi, dans le premier cas, chaque élément mobilisé constitue ipso facto une interprétation du sujet, ce qui est particulièrement dangereux si celui-ci n'a pas été correctement analysé. Dans les trois types de dissertations, il est essentiel de donner au lecteur l'impression d'une bonne connaissance de l'œuvre ou des œuvres en question.

Des citations sont donc absolument à mémoriser.

Il faut en outre les faire à propos pour imposer une crédibilité.

Les références et la fonction des citations qui n' ap par­ tiennent pas à des œuvres imposées par le sujet doivent être d'autant plus précises.

Parmi ces œuvres, la critique littéraire peut être utilisée, par exemple, comme un jalon permettant de faire progresser le raisonnement.

Du reste, en ce qui concerne la critique littéraire, il est conseillé, et cela dans les trois types de . sujets, d'avoir présents à l'esprit non seulement une synthèse des idées intéressantes proposées sur les œuvres, mais aussi et surtout de connaître les instruments et les processus de raisonnement de chaque type important de critique, en vue de les utiliser au moment opportun.

Cette manière de faire apporte une qualité supplémen­ taire aux analyses et contribue à ouvrir l'éventail de la réflexion d'ensemble. Pour rendre la mobilisation plus productive, il convient de procéder par approfondissements successifs.

On obtient ainsi un relevé systématique, mais désordonné, des divers éléments dont on dispose.

Ce désordre correspond en fait à la découverte pro­ gressive de l'ensemble de ce qui peut présenter un intérêt pour traiter le sujet, un sujet dès lors totalement appréhendé. 3.

Développement : construction du plan détaillé Une fois la problématique clairement structurée et les connais­ sances spécifiques mobilisées, on passe au classement des con­ naissances en fonction du raisonnement dessiné.

On constitue donc un plan détaillé du développement proprement dit.

Il peut cependant être précédé par un plan succinct, destiné à tester la solidité du raisonnement construit, avant d'aller plus loin. Chaque grande question de la problématique devient une idée­ force donnant lieu à une grande partie du développement de la dissertation.

Chacune de ces grandes parties est précédée d'une articulation logique explicite de raisonnement («mais» pour l'op­ position, «donc» pour la conséquence, etc.) qui montre la cohé­ rence du passage d'une unité de sens à l'autre.

Si la méthode et le style sont bien maîtrisés, certaines de ces articulations peuvent devenir implicites ; par exemple une négation mise en valeur dans une phrase bien construite suggère l'opposition.

Les enchaîne­ ments du raisonnement général doivent de plus être amenés par des transitions placées à la fin de chaque grande partie, qui sont à soigner particulièrement.

Chaque grande unité de sens sera nour­ rie par les connaissances qui lui sont appropriées.

Ces connaissan­ ces seront eQ.

général utilement séparées en deux sous-parties s'appuyant sur des exemples précis analysés.

Cependant le nom­ bre de sous-parties peut aller jusqu'à quatre, surtout dans une dissertation qui n'aurait que deux grandes parties. On peut ne pas mettre le même nombre de sous parties dans toutes les grandes parties de la dissertation, si l'on définit un équilibre.

Par exemple, deux sous-parties d'une grande partie peuvent être aussi longues que trois sous-parties d'une autre ou de deux autres grandes parties.

En outre, une deuxième grande partie de dissertation peut contenir seulement deux sous-parties si les autres grandes parties en contiennent trois, et être un peu plus courte, pour servir en quelque sorte de charnière du devoir.

Enfin, on envisagera des sous-parties inégales en longueur dans le sein de chaque grande unité de sens seulement si on parvient au bout du compte à maintenir un équilibre d'ensemble entre toutes les grandes unités de sens, en fonction de leur nombre. Tout ce qui est avancé doit être clairement démontré.

C'est en effet une démonstration nette que le plan met en valeur.

Plus une démonstration illustrée semble aller de soi, plus elle a de chances de séduire un lecteur avec lequel se crée un véritable rapport d'intelligence. Les phrases essentielles des grandes parties et des sous-parties, qui peuvent d'ailleurs parfois être des analyses d'exemples précis, ainsi que les transitions dans leur intégralité, sont à rédiger dès le brouillon.

Elles servent en quelque sorte de balises du discours écrit à venir.

Tout le reste apparaîtra sous forme de notes, étoffées directement par la suite sur la copie à rendre.

Cette manière de faire permet d'aborder la phase de rédaction de la dissertation avec plus de tranquillité d'esprit. En procédant ainsi, on ne doit pas oublier, au fur et à mesure de.... »

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