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Convaincre, persuader et délibérer LA DÉCHÉANCE DE LA FEMME PAR LA FAIM Textes 1. Victor HUGO, Les Contemplations (1856) 2....

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« Convaincre, persuader et délibérer LA DÉCHÉANCE DE LA FEMME PAR LA FAIM Textes 1.

Victor HUGO, Les Contemplations (1856) 2.

Victor HuGo, Les Misérables (1862) 3.

Victor HuGo, Les Misérables (1862) Objet d'étude : convaincre, persuader et délibérer � QUESTION (4 points) Vous répondrez d'abord à la question suivante. Quelle est la visée commune à ces trois textes? Vous indiquerez en outr� pour chaque texte le registre dominant. , TRAVAIL D'ÉCRITURE (16 points) Vous traiterez ensuite un de ces trois sujets. 1.

Commentaire Commentez la deuxième strophe du texte 1, de« Cette fille au doux front» _ (v.

13) à« éternels» (v.

41), en établissant des comparaisons ponctuelles avec le texte 2 si vous le souhaitez. 2.

Dissertation Un écrivain peut-il, par ses œuvres, contribuer à l'amélioration de la société? Vous appuierez votre réflexion sur les textes du corpus, ainsi que sur vos connaissances littéraires et vos lectures personnelles. 3.

Écriture d'inventionEn réponse à des critiques qui lui reprocheraient d'avoir engagé la littéra­ ture dans le combat politique, Victor Hugo écrit un article où il défend le choix de tout écrivain de mettre la littérature au service de grandes causes. Vous rédigerez cet article. ,,, è ;', 'l CORPUS ■ Texte 1 : Victor HuGo, Les Contemplations (1856) Melancholia1 Écoutez.

Une femme au profil décharné, Maigre, blême, portant un enfant étonné, Est là qui se lqmente au milieu de la rue. La foule, pour l'entendre, autour d'elle se rue. 5 Elle accùse quelqu'un, une autre femme, ou bien Son mari.

Ses enfants ont faim.

Elle n'a rien; Pas d'argent; pas de pain; à peine un lit de paille. L'homme est au cabaret pendant qu'elle travaille. Elle pleure, et s'en va.

Quand ce spectre a passé, 1 o ô penseurs, au milieu de ce groupe amassé, Qui vient de voir le fond d'un cœur qui se déchire, Qu'entendez-vous toujours? Un long éclat de rire. Cette fille au doux front a cru peut-être, un jour, Avoir droit au bonheur, à la joie, à l'amour. 15 Mais elle est seule, elle est sans parents, pauvre fille! Seule ! - n'importe ! elle a du courage, une aiguille, Elle travaille, et peut gagner dans son réduit, En travaillant le jour, en travaillant la nuit, Un peu de pain, un gîte, une jupe de toile. 20 Le soir, elle regarde en rêvant quelque étoile, Et chante au bord du toit tant que dure l'été. Mais l'hiver vient.

Il fait bien froid, en vérité, Dans ce logis mal clos tout en haut de la rampe; Les jours sont courts, il faut rallumer une lampe; 25 L'huile est chère, le bois est cher, le pain est cher. Ô jeunesse! printemps! aube! en proie à l'hiver! La faim passe bientôt sa griffe sous la porte, Décroche un vieux manteau, saisit la montre, emporte Les meubles, prend enfin quelque humble bague d'or; 30 Tout est vendu! L'enfant travaille et lutte encor, Elle est honnête; mais elle a, quand elle veille, 35 40 La misère, démon, qui lui parle à l'oreille. L'ouvrage manque, hélas! cela se voit souvent. Que devenir? Un jour, ô jour sombre! elle vend La pauvre croix d'honneur de son vieux père, et pleure; Elle tousse, elle a froid.

Il faut donc qu'.elle meure! À dix-sept ans! grand Dieu! mais que faire? ...

- Voilà Ce qui fait qu'un matin la douce fille alla Droit au gouffre, et qu'enfin, à présent, ce qui monte À son front, ce n'est plus la pudeur, c'est la honte. Hélas! et maintenant, deuil et pleurs éternels! 1.

Mot latin : bile noire, censée en.gendrer une forte tristesse, un état d'abattement. ■ Texte 2 : Victor HuGo, Les Misérables (1862) Fantine, la mère de la petite Cosette, a été renvoyée de la fabrique de M.

Madeleine le jour où, à la suite d'une dénonciation, on a découvert qu'elle avait un enfant sans être mariée.

Or elle doit subvenir aux frais de pension de sa fille, que les Thénardier augmentent sans cesse pour des raisons men­ songères.

Fantine a ainsi été réduite à vendre ses cheveux, puis ses dents. Fantine jeta son miroir par la fenêtre.

Depuis longtemps elle avait quitté sa cellule du second pour une mansarde fermée d'un loquet sous le toit; un de ces galetas dont le plafond fait angle avec le plancher et vous heurte à chaque instant la tête.

Le pauvre ne peut aller au fond de sa chambre 5 comme au fond de sa destinée qu'en se courbant de plus en plus.

Elle n'avait plus de lit, il lui restait une loque qu'elle appelait sa couverture, un matelas à terre et une chaise dépaillée.

Un petit rosier qu'elle avait s'était desséché dans un coin, oublié.

Dans l'autre coin, il y avait un pot à beurre à mettre l'eau, qui gelait l'hiver, et où les différents niveaux de l'eau restaient 10 longtemps marqués par des cercles de glace.

Elle avait perdu la honte, elle perdit la coquetterie.

Dernier signe.

Elle sortait avec des bonnets sales. Soit faute de temps, soit indifférence, elle ne raccommodait plus son linge. À mesure que les talons s'usaient, elle tirait ses bas dans ses souliers.

Cela se voyait à de-certains plis perpendiculaires.

Elle rapiéçait son corset, vieux 15 et usé, avec des morceaux de calicot qui se déchiraient au moindre mou­ vement.

Les gens auxquels elle devait, lui faisaient « des scènes » et ne lui laissaient aucun repos.

Elle les trouvait dans la rue, elle les retrouvait dans ·son escalier.

Elle passait des nuits à pleurer et à songer.

Elle avait les yeux très brillants, et elle sentait une douleur fixe dans l'épaule vers le haut de 20 l'omoplate gauche.

Elle toussait beaucoup.

Elle haïssait profondément le père Madeleine, et ne se plaignait pas.

Elle cousait dix-sept heures par jour ; mais un entrepreneur du travail des prisons, qui faisait travailler les prisonnières au rabais, fit tout à coup baisser les prix, ce qui réduisit la jour- née des ouvrières libres à neuf sous.

Dix-sept heures de travail, et neuf sous par jour ! Ses créanciers étaient plus impitoyables que jamais.

Le fri­ pier, ·qui avait repris presque tous les meubles, lui disait sans cesse : Quand me payeras-tu, coquine? Que voulait-on d'elle, bon Dieu! Elle se sentait traquée et il se développait en elle quelque chose de la bête farouche.

Vers le même temps, le Thénardier lui écrivit que décidément il 30 avait attendu avec beaucoup trop de bonté, et qu'il lui fallait cent francs, tout de suite; sinon qu'il mettrait à la porte la petite Cosette, toute conva­ lescente de sa grande maladie, par le froid, par les chemins, et qu'elle deviendrait ce qu'elle pourrait, et qu'elle crèverait, si elle voulait.. - Cent francs, songea Fantine ! Mais où y a-t-il un état à gagner cent 35 sous par jour? - Allons! dit-elle, vendons le reste. L'infortunée se fit fille publique1. 25 1.

Fille publique = prostituée. ■ Texte 3 : Victor HuGo, Les Misérables (1862) Le texte 2 est la fin d'un chapitre.

Le texte 3 est le début du chapitre suivant. Qu'est-ce que c'est que cette histoire de Fantine? C'est la société achetant une esclave. À qui? À la misère. À la faim, au froid, à l'isolement, à l'abandon, au dénuement.

Marché dou5 loureux.

Une âme pour un morceau de pain.

La misère offre, la société accepte..... »

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