Corée du Sud 1986-1987 La bataille de la réforme constitutionnelle Climat de crise politique à l'approche de l'échéance du mandat...
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Corée du Sud 1986-1987
La bataille de la réforme constitutionnelle
Climat de crise politique à l'approche de l'échéance du mandat du président Chun Doo Hwan prévue pour
février 1988, expansion économique remarquable dans une conjoncture particulièrement favorable,
frictions commerciales inquiétantes avec les États-Unis et le Japon: ainsi peut se caractériser la situation
de la Corée du Sud pour l'année 1986 et le début de 1987.
Depuis 1984, la vie politique du pays a été dominée par le débat sur la réforme constitutionnelle dont
l'opposition a fait son cheval de bataille pour obtenir l'élection présidentielle au suffrage universel.
Le
président Chun, longtemps intraitable sur cette question, s'est montré plus vulnérable face à la stratégie
de la mobilisation populaire adoptée par l'opposition.
Dans un premier temps, une campagne de
signatures, lancée le 12 février 1986 par le Nouveau parti démocrate de la Corée (NPDC), a pris une
ampleur inattendue en raison d'une répression policière outrancière, obligeant Chun à admettre pour la
première fois la nécessité d'une réforme constitutionnelle.
Dans un deuxième temps, les rassemblements
populaires organisés par le parti d'opposition dans les grandes villes de province à partir du 23 mars ont
contraint le président à accepter le 30 avril le principe d'une réforme constitutionnelle avant la fin de son
mandat.
Toutefois, les négociations qui allaient s'engager entre le Parti de la justice et de la démocratie (PJD),
parti gouvernemental, et le NPDC à la suite de la concession de Chun risquaient de diviser le parti
d'opposition.
En effet, le NPDC, officiellement dirigé par Lee Min Woo, est pratiquement contrôlé par Kim
Dae Jung, intransigeant, et Kim Young Sam, plus modéré.
Or, ce dernier ne cachait pas sa préférence
pour une solution de compromis.
Mais il a très vite compris qu'il ne pourrait pas négocier avec le régime
militaire sans s'attirer les reproches de l'opposition extra-parlementaire très radicalisée.
Composée
d'étudiants, d'ouvriers, d'intellectuels et d'activiste chrétiens, cette dernière a montré sa détermination de
s'opposer à tout compromis avec le régime de Chun: le 3 mai 1986, à Inchon, elle a empêché Kim Young
Sam de prendre la parole, elle a incendié le bureau local du PJD, livrant une véritable bataille rangée
contre les forces de police.
Peu de temps après, un étudiant s'est immolé par le feu dans le campus de
l'université de Séoul en criant des slogans contre la dictature militaire et l'impérialisme américain.
En
1986, on a compté six immolations de ce genre.
Finalement, le PJD a présenté, en août 1986, au Comité spécial de la réforme constitutionnelle du
Parlement, un projet d'amendement constitutionnel préconisant le remplacement du régime présidentiel
en vigueur par un régime parlementaire, de sorte que les pouvoirs réels seraient transférés au Premier
ministre élu à l'Assemblée nationale.
Dès lors, les négociations sont devenues sans objet et l'opposition a
repris la campagne pour faire adopter son projet initial d'élection présidentielle au suffrage universel.
Mais
le NPDC a toujours été fragile non seulement en raison de la rivalité entre les deux Kim, mais aussi à
cause des manoeuvres du régime militaire pour diviser le parti.
Kim Dae Jung, en annonçant en
novembre 1986 qu'il renonçait à sa candidature à la Présidence, a sauvé l'essentiel, son alliance avec Kim
Young Sam.
Début avril 1987, les deux groupes ont quitté le NPDC pour former un nouveau parti, le Parti
démocrate unifié, créé le 1er mai, avec Kim Young Sam comme président et Kim Dae Jung comme
conseiller permanent.
Assigné à résidence pour la cinquante-quatrième fois depuis son retour d'exil aux
États-Unis en février 1985, ce dernier n'a pu être présent à la réunion inaugurale.
Soixante-dix députés
du NPDC sur quatre-vingt-dix se sont joints au nouveau parti.
De son côté, Chun, profitant de la crise du parti d'opposition, a annoncé le 13 avril 1987 qu'il différait la
réforme constitutionnelle pour mener à bien les jeux Olympiques de Séoul de 1988, et que l'élection
présidentielle aurait lieu avant la fin 1987 sans changement du mode de scrutin (élection indirecte par un
collège de 5 000 grands électeurs).
Cette fin brutale mise au processus de réforme constitutionnelle a
provoqué une grande colère de l'opposition déjà exaspérée par la mort sous la torture d'un étudiant, Pak
Chong Chul, en janvier 1987.
En juin 1987, une nouvelle vague de manifestations, durement réprimées, a
été provoquée par la désignation de Roh Tae Woo, président du PJD, comme candidat à la succession de
Chun.
L'agitation populaire s'est calmée début juillet, après l'annonce d'un programme de démocratisation
du régime.
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Bonne conjoncture économique
Dans le domaine économique, la Corée du Sud a su profiter du changement de l'environnement
international pour redresser sa situation:....
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