Corée du Sud 1996-1997 Une grève de pays industrialisé Le 25 février 1997, à l'occasion du quatrième anniversaire de son...
Extrait du document
«
Corée du Sud 1996-1997
Une grève de pays industrialisé
Le 25 février 1997, à l'occasion du quatrième anniversaire de son accession au pouvoir, le président Kim
Young-sam a présenté le programme de sa dernière année de mandat: réduire les inégalités et lutter
contre la corruption, relancer l'économie, renforcer la sécurité nationale et organiser avec impartialité
l'élection présidentielle de décembre 1997.
Or, on pouvait craindre, étant donné le peu qui avait déjà été
fait, de voir arriver cette échéance sans qu'ait été atteint le premier point.
Les inégalités sont demeurées
grandes et se sont même accentuées dans certains cas.
La corruption apparaissait toujours comme un
mal chronique, dont il est difficile de se débarrasser.
Il faut rappeler que deux anciens présidents, Chun Doo-hwan et Roh Tae-woo, furent inculpés, en 1995,
après la découverte d'enrichissements indus au cours de leur mandat, même si, ensuite, une loi spéciale
fut votée permettant également de les juger sur leur rôle lors des massacres de Kwangju, en mai 1980
(répression, sur l'ordre de Chun, d'un soulèvement étudiant, ayant fait officiellement 200 morts et plus de
2000 blessés).
Après le renvoi du procès en cassation, ils furent condamnés par la Cour suprême, le 17
avril 1997, respectivement à la prison à vie et à dix-sept ans de réclusion.
Tout au long de ce procès dont
Kim Young-sam avait permis qu'il ait lieu, la presse n'a pas manqué de s'interroger sur ses relations avec
Roh et, en particulier, sur la façon dont avait été financée sa campagne présidentielle de 1992.
L'affaire Hanbo, qui a éclaté au mois de janvier 1997, illustrait bien l'imbrication profonde entre le monde
des affaires et la classe politique.
Le grand conglomérat et deuxième producteur national d'acier s'était
lancé dans des investissements effrénés et avait obtenu des prêts de plusieurs banques, dont la Korea
First Bank, qui avait donné sa garantie et refusé de voir l'endettement anormal - estimé à près de 6
milliards de dollars - de la société.
Hanbo avait été soutenu, au départ, par les autorités coréennes, qui
voulaient en faire le numéro cinq mondial de l'acier.
Au moment de l'arrestation de Chung Tai-soo,
président fondateur du groupe (condamné le 2 juin 1997 à quinze ans de prison), Kim a d'abord qualifié
l'affaire de simple banqueroute puis a dû admettre qu'il s'agissait d'un cas de corruption.
Qui plus est, la
commission d'enquête a révélé l'implication de certains proches du président: membres de la majorité,
anciens secrétaires et même son fils cadet, Kim Hyun-chul (arrêté le 18 mai et dont le procès a
commencé un mois plus tard).
Les ouvriers contre la flexibilisation
Pour tenter de mettre fin à ces affaires de corruption et aussi de relancer l'économie, Kim a nommé un
nouveau Premier ministre, Koh Kun, le 4 mars 1997 et remanié le gouvernement.
La relance de
l'économie était, en effet, un autre projet important de l'action gouvernementale.
Longtemps protégée,
celle-ci s'est libéralisée et le pays s'est progressivement ouvert à la concurrence étrangère.
En faisant de
la mondialisation l'un de ses chevaux de bataille, Kim avait lancé son pays vers une libéralisation totale,
tout en affichant sa volonté de voir la Corée du Sud prendre une place de plus en plus importante dans
les affaires mondiales.
L'admission de la Corée à l'OCDE (Organisation de coopération et de
développement économiques), le 25 octobre 1996, a incontestablement marqué une étape, même si elle
n'a pas fait l'unanimité dans le pays.
Peu après, la Corée a connu sa première grande grève de pays industrialisé.
A l'origine du conflit social
était un texte réformant le droit syndical, autorisant le pluralisme de représentation syndicale en 2002
(actuellement un seul syndicat dans une même entreprise) et portant l'empreinte du patronat: plus
grande liberté de licenciement, flexibilité des horaires et interdiction de payer les ouvriers grévistes.
Mais
ce qui mit le feu aux poudres fut la façon dont le texte fut voté: les députés membres du parti
majoritaire, le Parti pour une Corée nouvelle, furent convoqués le 26 décembre à 6 heures du matin pour
une session extraordinaire.
Dix minutes plus tard la loi était votée en l'absence de l'opposition.
Le
président reproduisait ainsi les méthodes de ses prédécesseurs qu'il avait dénoncées.
Le conflit s'est envenimé et, durement réprimé, a suscité l'attention des pays étrangers qui ont découvert
à l'occasion que les acteurs économiques asiatiques pouvaient réagir comme leurs homologues
file:///F/Lycée/1/450742.txt[13/09/2020 23:43:54]
occidentaux.
Kim fut ouvertement critiqué, notamment par l'OCDE, où cette loi fut jugée comme ne
répondant pas "pleinement" aux engagements sociaux de Séoul.
Sa révision, votée le 10 mars 1997, a
mécontenté à la fois les patrons, qui y ont vu un....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓