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Corrigé disponible Francis Ponge, Le Savon, « Le savon », 1967. Si je m'en frotte les mains, le savon écume,...

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« Corrigé disponible Francis Ponge, Le Savon, « Le savon », 1967. Si je m'en frotte les mains, le savon écume, jubile... Plus il les rend complaisantes, souples, liantes, ductiles, plus il bave, plus sa rage devient volumineuse et nacrée... Pierre magique ! Plus il forme avec l'air et l'eau des grappes explosives de raisins parfumés... L'eau, l'air et le savon se chevauchent, jouent à saute-mouton, forment des combinaisons moins chimiques que physiques, gymnastiques, acrobatiques... Rhétoriques ? Il y a beaucoup à dire à propos du savon.

Exactement tout ce qu'il raconte de lui-même jusqu'à la disparition complète, épuisement du sujet.

Voilà l'objet même qui me convient. * Le savon a beaucoup à dire.

Qu'il le dise avec volubilité, enthousiasme.

Quand il a fini de le dire, il n'existe plus. * Une sorte de pierre, mais qui ne se laisse pas rouler par la nature : elle vous glisse entre les doigts et fond à vue d'oeil plutôt que d'être roulée par les eaux. Le jeu consiste justement alors à la maintenir entre vos doigts et l'y agacer avec la dose d'eau convenable, afin d'obtenir d'elle une réaction volumineuse et nacrée... Qu'on l'y laisse séjourner, au contraire, elle y meurt de confusion. * Une sorte de pierre, mais (oui ! une-sorte-de-pierre-mais) qui ne se laisse pas tripoter unilatéralement par les forces de la nature : elle leur glisse entre les doigts, y fond à vue d'oeil. Elle fond à vue d'oeil, plutôt que de se laisser rouler par les eaux. * Il n'est, dans la nature rien de comparable au savon.

Point de galet (palet), de pierre aussi glissante, et dont la réaction entre vos doigts, si vous avez réussi à l'y maintenir en l'agaçant avec la dose d'eau convenable, soit une bave aussi volumineuse et nacrée, consiste en tant de grappes de pléthoriques bulles. Les raisins creux, les raisins parfumés du savon. Agglomérations. Il gobe l'air, gobe l'eau tout autour de vos doigts. Bien qu'il repose d'abord, inerte et amorphe dans une soucoupe, le pouvoir est aux mains du savon de rendre consentantes, complaisantes les nôtres à se servir de l'eau, à abuser de l'eau dans ses moindres détails. Et nous glissons ainsi des mots aux significations, avec une ivresse lucide, ou plutôt une effervescence, une irisée quoique lucide ébullition à froid, d'où nous sortons d'ailleurs les mains plus pures qu'avant le commencement de cet exercice. * Le savon est une sorte de pierre, mais pas naturelle : sensible, susceptible, compliquée. Elle a une sorte de dignité particulière. Loin de prendre plaisir (ou du moins de passer son temps) à se faire rouler par les forces de la nature, elle leur glisse entre les doigts : y fond à vue d'oeil, plutôt que de se laisser rouler unilatéralement par les eaux. **** Francis Ponge (1899-1988) : poète qui depuis son jeune âge éprouve une violente révolte contre le parler ordinaire : « N'en déplaise aux paroles elles-mêmes, étant donné les habitudes que dans tant de bouches infectes elles ont contractées, il faut un certain courage pour se décider non seulement à écrire, mais même à parler » (Proêmes, « Des Raisons d'écrire »).

Poète qui écrira principalement des poèmes en prose. Ponge => Volonté d’être le poète du quotidien, du matériel, des objets et des choses. Le Savon : recueil de poèmes dont la rédaction fut commencée pendant l’Occupation, période où les produits indispensables manquaient, mais qui fut publié seulement en 1967. Composé de dialogues, de conférences, de notes éparses, de textes en vers ou en prose, Le Savon est un recueil original. « Le savon » : long poème, en vers et en prose. Disposition dans l’espace qui fait suggérer le savon moussant => poète qui parvient à faire mousser le texte. Le plan du commentaire se focalise sur le début du poème jusqu’à « Elle fond à vue d'oeil, plutôt que de se laisser rouler par les eaux ». I- Un étonnant poème A- Une forme originale • Structure originale du poème : succession de 4 fragments de longueur variable séparés par des étoiles et des blancs. • La présence de ces « * » crée une rupture dans le déroulement du texte > cela donne l’impression que les fragments sont autonomes. • Mais à l’intérieur même des fragments, il n’y a pas d’unité. Ex : fragment 1, il y a deux sortes de paragraphes que l’on peut appeler strophes, séparés par un blanc + 2 lignes. Ex : fragment 2 : très court, 3 phrases, 1 ligne ½.

Très court VS fragment 1. Δ) Ruptures dans la forme du poème qui donne l’impression d’être, à la manière du savon, manipulé, pris, repris… B- Prose ou vers ? • Fragment 1 : hésitation du poète entre les vers et la prose. • Poème qui débute par 14 « vers » répartis en deux strophes. • Les « vers » sont courts mais de grandeur variable.

Aucune régularité.

Aucune rime. Aucune coupe régulière.

Au vers 14, après l’interrogation et le mot « Rhétoriques » (=> renvoie à la tradition, aux règles de la versification, à l’art du discours…), le poète passe à la prose. • Les 14 vers sont suivis de 3 phrases en prose. Δ) Sorte d’hésitation du poète ou plutôt mélange des formes, jeux avec les formes => poème qui donne l’impression d’être comme un savon, malléable et multiforme : mouillé, mousseux, sec… Jeu sur la forme du poème qui devient multiplie, comme le savon est luimême souvent différent.

Cf.

« « complaisantes, souples » ; « volumineuse et nacrée...

». Cf.

« le savon écume, jubile » > comme le style du poète. C- Répétitions et variations • Poème qui est constitué de plusieurs variations autour du thème du savon. Ex : « Il y a beaucoup à dire à propos du savon » > « Le savon a beaucoup à dire » : reprend la formule mais la modifie un petit peu.

Le savon devient sujet : personnification du savon qui a des choses à dire. => Montrez que le 2e fragment reprend ce qui a été dit dans les 3 phrases, le petit paragraphe, du 1e fragment. • Le savon est présenté comme une pierre.

Idée de la pierre qui est reprise dans ce poème. Variation sur cette idée.... »

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