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Commentaire
Baudelaire
du
poème «
Le
mort
joyeux »
de
Introduction
« Le mort joyeux » prend place dans la section « Spleen et
Idéal » des Fleurs du Mal, recueil poétique de Charles Baudelaire
publié en 1857.
Le projet de Baudelaire, dans ce recueil est
« d’extraire la beauté du Mal ».
Ce poème inaugure la partie
consacrée au « spleen », terme désignant un mal être, un ennui
profond face à la vie.
« Le mort joyeux » exprime à travers une
tonalité mélancolique l’aspiration du poète fatigué de la vie au repos
et à la paix.
Le titre manifeste la position antithétique et le dualisme propres à Baudelaire.
Projet de lecture : En quoi ce poème illustre-t-il l’esthétique Baudelairienne
dans les Fleurs du Mal, consistant à « extraire la beauté du Mal » ?
I)
Un refus de l’horreur de la mort
Dans ce poème, le poète refuse de prendre au sérieux l’horreur de la mort,
dédramatisant l’angoisse macabre.
1)
La mort comme lieu accueillant
La mort est paradoxalement présenté comme une terre d’accueil dans ce poème,
comme le lieu de repos et de paix espéré par le poète.
Le titre oxymorique du poème
présente d’emblée ce refus de l’angoisse généralement ressentie face à la mort.
Le poète
évoque sa dernière heure avec insouciance, notamment dans le premier quatrain où l’on
perçoit une certaine ironie du poète présentant le cimetière comme un lieu accueillant (la
« terre grasse » évoque une terre fertile, pleine de promesse et les « escargots » se
présentent comme les nouveaux amis du poète), un lieu de plaisir et de liberté ( cf.
les
expressions « à loisir », « dormir dans l’oubli » à idée d’une oisiveté plaisante dans la
mort).
Notons que les « vers » mêmes, symbole de la pourriture de la mort deviennent les
« compagnons » du « mort libre et joyeux ».
(Noter que cette présentation concrète de la
mort n’est nullement morbide car présentée sur une tonalité joyeuse et insouciante)
Ainsi le poète appelle-t-il la mort de tous ses vœux souhaitant quitter une vie
insupportable : « Vivant, j’aimerais mieux inviter les corbeaux/ A saigner tous les bouts de
ma carcasse immonde »
2)
La supériorité de la mort par rapport à la vie
La mort est envisagée, dans tout le poème, dans son opposition à la vie par rapport
à laquelle elle apparaît comme plus agréable et plus appréciable.
La mort permet
paradoxalement d’apaiser le poète et d’oublier les souffrances de la vie.
La vie, en effet,
n’est évoquée que sur le mode de la souffrance, du tourment.
Dès le premier quatrain, le
poète revendique « l’oubli » de la vie qu’il pourra trouver dans la mort.
La vie est associée
à une « torture » dans le deuxième tercet.
Le poète renie la vie jusqu’à en rejeter toutes
les traces, même après sa mort : c’est ainsi, que, dans le deuxième quatrain, il dresse une
critique du monde matériel :
Je hais les testaments et je hais les tombeaux ;
Plutôt que d’implorer une larme du monde,
Vivant, j’aimerais mieux inviter les corbeaux
A saigner tous les bouts de ma carcasse immonde.
à analyser ici le refus de toute trace du poète après la mort, figuré par le refus des
monuments ou documents qu’utilisent les vivants pour rappeler le souvenirs des morts
(testaments et tombeaux)
à analyser ici la rime entre « monde » et « immonde » qui forme une sorte
d’hypallage : le poète fustige et veut fuir le « monde », c’est-à-dire, la société des
hommes.
II)
Une révolte confinant à la provocation
1)
La revendication d’une solitude : le poète seul contre tous
Le poète se présente ici dans sa solitude de poète maudit, rejeté par la société et
rejetant cette société.
Cette apologie de la mort masque une révolte contre une société
n’acceptant pas le poète.
Dès le premier quatrain, le poète revendique sa solitude : le
« je » lyrique se présente comme un être se suffisant à lui-même (cf.
v2 « Je veux creuser
moi-même une fosse profonde » : étudier l’attaque de ce vers par un « je » qui s’affirme....
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