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Côte-d'Ivoire 1988-1989 La Côte-d'Ivoire après la guerre du cacao A quatre-vingt-trois ans, le vieux président et leader du petit pré-carré...

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« Côte-d'Ivoire 1988-1989 La Côte-d'Ivoire après la guerre du cacao A quatre-vingt-trois ans, le vieux président et leader du petit pré-carré des anciennes colonies françaises, Félix Houphouët-Boigny, a engagé un combat dont l'enjeu a largement dépassé les frontières de son pays: cette bataille inédite dans l'histoire des matières premières s'est livrée entre le 9 juillet 1987 et le 2 janvier 1989 à Abidjan.

Pendant ces dix-huit mois, la Côte-d'Ivoire a défié le marché international du cacao au nom d'un "plus juste équilibre entre le Nord et le Sud". En l'espace de trois campagnes, les cours du cacao se sont littéralement effondrés.

Un état de fait que le premier producteur mondial ne peut supporter: du cacao dépendent 40% de ses ressources budgétaires et 60% de ses recettes d'exportation.

Or, en ce mois de juillet 1987, alors que s'annonce pour la campagne 1987-1988 une nouvelle récolte record de 690 000 tonnes, la Côte-d'Ivoire perd entre 5 et 6 FF sur chaque kilo de fèves exporté.

Pour en finir avec la chute des cours, Félix Houphouët-Boigny déclenche une grève sine die des ventes de cacao ivoirien. Audace ou naïveté? C'est la première fois qu'un pays producteur de cacao déclare ouvertement la guerre aux acteurs du marché mondial.

Pour le vieux président ivoirien, il n'existe pas de surproduction mondiale de cacao, les seuls responsables de la crise que traverse son pays étant les courtiers londoniens qui, sur les marchés à terme, jouent avec du "cacao papier".

Autrement dit, "des spéculateurs sans scrupules qui ne se soucient pas des retombées de leurs actes pour les paysans ivoiriens".

Le monde du cacao va réagir avec force en se liguant contre la Côte-d'Ivoire.

De commercial, le bras de fer devient vite idéologique.

Présentée depuis trois décennies, comme "vitrine de la France en Afrique", la Côte-d'Ivoire semble rompre le pacte libéral qui la lie à l'Occident en remettant en cause les lois du marché. Au fil des mois, la tension ne cesse de monter, la "sainte alliance chocolatière" jouant à plein.

En effet, loin de s'affoler, les négociants, les courtiers, les industriels du chocolat se sont organisés pour résister à la privation subite d'un tiers du cacao mondial disponible.

Les chocolatiers au cours de cette année 1988 ont réduit de moitié - de six à trois mois - leurs stocks garantis.

Les négociants se sont retournés vers d'autres producteurs, heureux de saisir l'aubaine: le Brésil, la Malaisie mais aussi le Ghana et le Cameroun ont profité de l'embargo ivoirien pour augmenter leurs ventes.

Ainsi, loin de remonter, les cours mondiaux du cacao ont-ils poursuivi leur chute tout au long de l'année 1988.

De 1410 livres sterling la tonne, le 9 juillet 1987, ils sont tombés à 925 à la fin de 1988. Financièrement étranglée au moment de déclencher la grève des ventes, la Côte-d'Ivoire a vécu toute l'année 1988 au bord de la faillite.

En mai 1987, Abidjan avait une première fois suspendu les remboursements de sa dette évaluée à près de 10 milliards de dollars.

Ce qui avait immédiatement entraîné le blocage des nouveaux crédits que le FMI destinait à Abidjan et la suspension, par la Banque mondiale, des négociations sur le financement de nouveaux projets.

Aussi, pour ne pas se priver des subsides internationaux - 2 milliards de francs promis en 1988 par la France, la Banque mondiale et le FMI - la Côte-d'Ivoire qui devait affronter pour 1988 un déficit de ses finances publiques de 200 milliards de francs CFA (4 milliards de FF) avait repris langue avec ses créanciers au mois de décembre 1987. Rééchelonnement de la dette Le 29 avril 1988, un accord de rééchelonnement est conclu avec le Club de Londres, reportant en 1993 le remboursement du principal de la dette privée ivoirienne courant sur les années 1985-1995 et son étalement sur quinze ans.

Déjà, à la mi-décembre, la Côte-d'Ivoire avait obtenu du Club de Paris le réaménagement de sa dette publique à partir de 1994 remboursable sur dix ans.

Mais, moins d'un mois plus tard, incapable d'honorer ses échéances, la Côte-d'Ivoire ajourne à nouveau ses paiements.

Pour épargner l'asphyxie à son "meilleur allié en Afrique", la France finit, à contrecoeur, par intervenir.

L'issue file:///F/dissertations_pdf/Nouveau%20dossier/450834.txt[14/09/2020 16:45:06] du bras de fer est négociée par Jean-Christophe Mitterrand, conseiller.... »

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