Cuba 1982-1983 Crise économique sous pression américaine L'année 1982 s'annonçait difficile à Cuba, mais la réalité a dépassé les pronostics...
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Cuba 1982-1983
Crise économique sous pression américaine
L'année 1982 s'annonçait difficile à Cuba, mais la réalité a dépassé les pronostics les plus pessimistes.
L'aggravation de la situation économique peut être imputée, pour l'essentiel, aux difficultés de l'économie
mondiale.
Le gouvernement cubain a tenté de dynamiser les entreprises en faisant appel à des
mécanismes de marché, mais l'évolution du marché international est venue contrecarrer des premiers
résultats prometteurs.
Les taux d'intérêt sur la dette extérieure en monnaie convertible ont diminué pendant l'année 1982, mais
ce "gain" n'a compensé qu'une infime partie des devises perdues en raison de la chute du prix du sucre
(90% des recettes d'exportation) et du non-renouvellement des lignes de crédit à court terme.
Le prix du
sucre sur le marché mondial est tombé à 8,41 cents la livre (moyenne annuelle), contre 16,89 cents en
1981 et 28,66 cents en 1980.
Plus grave encore: cette dépression des cours du sucre a des causes plus
profondes que celles responsables des habituelles oscillations des prix.
Ces dernières étaient dues en
effet aux aléas climatiques qui influençaient le volume des récoltes chez les exportateurs traditionnels
(tous des pays sous-développés).
Mais cette fois, l'excédent apparu sur le marché est le fait d'une
formidable expansion des exportations de la part de pays bénéficiant d'une agriculture moderne (ceux de
la CEE, l'Australie, le Brésil et l'Afrique du Sud), et de l'énorme percée de la fructose de maïs, substitut du
sucre dans l'industrie alimentaire.
Les États-Unis, ont consommé 3 millions de tonnes de fructose en 1982
(25% environ de la consommation d'édulcorants).
Le non-renouvellement des crédits à court terme accordés à Cuba par les banques occidentales avait
commencé fin 1981.
A la fin de 1982, La Havane n'avait pu obtenir que quelque 250 millions de dollars
sur le milliard nécessaire au fonctionnement normal de la trésorerie de son commerce extérieur.
Les
réserves en devises étant tombées, début août 1982, à 132 millions de dollars (moins de deux mois
d'importations en provenance de l'Occident), Cuba a dû cesser le remboursement du principal et
demander un rééchelonnement de sa dette, afin d'assurer son approvisionnement courant.
Les Cubains n'ont pas obtenu le traitement de faveur auquel ils auraient pu prétendre en raison de leur
sérieux en matière financière.
A part l'Argentine, qui a négocié directement avec Cuba tout en lui accordant un crédit supplémentaire,
tous les autres créanciers ont exigé une négociation collective.
Cuba a ainsi dû rédiger une "lettre
d'intention" s'engageant à limiter au maximum ses importations en devises, et à utiliser toute nouvelle
recette pour augmenter ses réserves de changes.
En contrepartie, les créanciers ont accepté de
rééchelonner les versements du principal dus entre septembre 1982 et décembre 1983, et non pas toutes
les échéances jusqu'à fin 1985, comme l'avaient demandé les Cubains.
Celles-ci ne seront renégociées
qu'au fur et à mesure, en fonction du respect des engagements signés.
Cuba a donc obtenu un délai de
grâce de trois ans, mais la période de remboursement demandée (10 ans) a été raccourcie (7 ans).
Les
banques ont en outre augmenté leur marge à 2,5% au-dessus du taux de l'euromarché, et exigé 1/4%
de frais de renégociation.
On peut donc se demander si Cuba n'aurait pas été mieux traitée si, comme la
Hongrie, elle avait pu bénéficier d'un crédit d'urgence de la Banque des règlements internationaux, et des
facilités à faible taux d'intérêt du Fonds monétaire international.
Les Cubains en sont ainsi réduits à gratter les fonds de tiroir pour surmonter le problème du manque de
devises.
Une des mesures les plus intéressantes, révélatrice du nouveau pragmatisme des autorités
cubaines, a été la législation adoptée le 15 février 1982, autorisant les investissements étrangers: les
compagnies étrangères pourront non seulement investir dans des nouvelles capacités productrices
(jusqu'à concurrence de 49% du capital et avec pleine liberté de gestion), mais aussi fonder des sociétés
de gestion, pour prendre en main les entreprises existantes déficitaires.
Le plan pour 1982 prévoyait déjà une chute de 8% dans les investissements.
Le déclin a été de 10%.
Bien que la récolte de sucre ait été excellente (8,2 millions de tonnes), l'ensemble de la production
matérielle ne s'est accru que de 2,5% aux prix courants, ce qui implique probablement une stagnation en
volume.
Le niveau de la consommation s'est en revanche maintenu, mais avec une importante diminution
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des fournitures sociales.
Dans les cantines scolaires par exemple, les réductions ont été de "8% pour les
viandes, 29% pour les oeufs, 22% pour le poisson et 21% pour le lait", a expliqué Humberto Perez,
président de la Junte centrale de planification, dans son rapport sur l'exécution du plan pour 1982.
Ces
diminutions ont....
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