Daniel Defoe : Robinson Crusoé (1719). Dans son roman, l'anglais Daniel Defoe raconte l'histoire d'un de ses compatriotes Robinson Crusoé...
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Daniel Defoe : Robinson Crusoé (1719).
Dans son roman, l'anglais Daniel Defoe raconte l'histoire d'un de ses compatriotes
Robinson Crusoé qu'un naufrage avait jeté sur une île déserte pour de très longues années.
Au bout d'environ dix ou douze jours que j'étais là, il me vint à l'esprit que je perdrais la
connaissance du temps, faute de livres, de plumes et d'encre, et même que je ne pourrais
plus distinguer les dimanches des jours ouvrables.
Pour éviter cette confusion, j'érigeai sur
le rivage où j'avais pris terre pour la première fois, un gros poteau en forme de croix, sur
lequel je gravai avec mon couteau, en lettres capitales, cette inscription :
J'ABORDAI ICI LE 30 SEPTEMBRE 1659
Sur les côtés de ce poteau carré, je faisais tous les jours une hoche[1], chaque septième
hoche avait le double de la longueur des autres, et tous les premiers du mois j'en marquais
une plus longue encore.
Par ce moyen, j'entretins mon calendrier, ou le calcul de mon
temps, divisé par semaines, mois et années.
C'est ici le lieu d'observer que, parmi le grand
nombre de choses que j'enlevai du vaisseau, dans les différents voyages que j'y fis, je me
procurai beaucoup d'articles de moindre valeur, mais non pas d'un moindre usage pour
moi, et que j'ai négligé de mentionner précédemment ; comme, par exemple, des plumes,
de l'encre, du papier et quelques autres objets serrés dans les cabines du capitaine, du
second, du canonnier et du charpentier ; trois ou quatre compas, des instruments de
mathématiques, des cadrans, des lunettes d'approche, des cartes et des livres de
navigation, que j'avais pris pêle-mêle sans savoir si j'en aurais besoin ou non.
Je trouvai
aussi trois fort bonnes bibles que j'avais reçues d'Angleterre avec ma cargaison, et que
j'avais emballées avec mes hardes ; en outre, quelques livres portugais, deux ou trois de
prières catholiques, et divers autres volumes que je conservai soigneusement.
J'entrepris
de me fabriquer les meubles indispensables dont j'avais le plus besoin, spécialement une
chaise et une table.
Sans cela je ne pouvais jouir du peu de bien-être que j'avais en ce
monde ; sans une table, je n'aurai pu écrire ou manger, ni faire quantité de choses avec
tant de plaisir.
Ce fut seulement alors que je me mis à tenir un journal de mon occupation
de chaque jour ; car dans les commencements, j'étais trop embarrassé de travaux et
j'avais l'esprit dans un trop grand trouble ; mon journal n'eut été rempli que de choses
attristantes.
Par exemple, il aurait fallu que je parlasse ainsi : "Le 30 septembre, après
avoir gagné le rivage ; après avoir échappé à la mort, au lieu de remercier Dieu de ma
délivrance, ayant rendu d'abord une grande quantité d'eau salée, et m'étant assez bien
remis, je courus çà et là sur le rivage, tordant mes mains, frappant mon front et ma face,
invectivant contre ma misère, et criant : "Je me suis perdu ! perdu !..." jusqu'à ce qu'affaibli
et harassé, je fusse forcé de m'étendre sur le sol, où je n'osai pas dormir de peur d'être
dévoré." Ayant surmonté ces faiblesses, mon domicile et mon ameublement étant établis
aussi bien que possible, je commençai mon journal dont je vais ici vous donner la copie
(encore qu'il comporte la répétition de tous les détails précédents) aussi loin que je pus le
poursuivre ; car mon encre une fois usée, je fus dans la nécessité de l'interrompre.
Robinson Crusoé : roman de la solitude, roman de héros isolé par punition.
NB :....
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