« Dans le système qui vient de s'éteindre, toute tragédie était une catastrophe et un dénouement d'une action déjà mûre...
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« Dans le système qui vient de s'éteindre, toute tragédie était une catastrophe et
un dénouement d'une action déjà mûre au lever du rideau, qui ne tenait plus qu'à
un fil et n'avait plus qu'à tomber », écrit Alfred de Vigny en 1830, opposant la
tragédie classique au drame romantique.
Discutez cette affirmation en vous
appuyant sur les textes du corpus ainsi que sur ceux que vous avez étudiés en
classe et vos lectures personnelles.
=> il s’agit d’une critique de la tragédie classique par un auteur romantique (et qui préfère
donc le drame romantique).
I- La critique de la tragédie classique - un art artificiel
Le théâtre classique repose sur une classification des genres – une comédie ne
s’écrit pas du tout comme une tragédie… Grand hermétisme.
A- Un genre très codifié
• Vers, diction : pas très naturel.
Dans la vie, on ne parle pas en vers comme les
personnages de Bérénice :
« Je me comptais trop tôt au rang des malheureux !
Si Titus est jaloux, Titus est amoureux.»
• Théâtre : respect des trois unités + vraisemblance et respect des bienséances.
Niveau
de langue soutenu, voire précieux.
• Unité de ton => une pièce tragique ne peut pas être burlesque.
Son ton doit être
essentiellement dramatique, pathétique.
Règles très strictes du théâtre => celui qui écrit
une comédie n’écrit pas une tragédie.
Genres clos et codifiés + vraisemblance et respect
des bienséances.
* Les personnages sont victimes de forces qui les dépassent.
Les personnages sont
prisonniers de leur destin.
Cf.
Phèdre qui, victime de Vénus, aime le fils de son mari.
B- Des personnages types
• La tragédie => personnages hors du commun.
Pas de roturiers, de bourgeois mais des
dieux, demi-dieux, empereurs ; respect des trois unités Niveau de langue soutenu ; son
ton doit être essentiellement dramatique, pathétique.
• Des personnages spécifiques : ex => Corneille, Le Cid : Rodrigue doit choisir entre
l’honneur de la famille et l’amour : la passion amoureuse entre en conflit tendu avec le
devoir du héros envers le pouvoir qu’il doit servir.
• Racine : Le héros est sous l’emprise d’une passion dévastatrice qui le détruit.
Évoquer la
passion de Phèdre et son suicide par exemple.
=> Soumis à des passions, des sentiments extrêmes, exacerbés (parfois, pas loin de la
folie), le héros de tragédie n’est pas vraiment ambivalent.
Il est noble et doit lutter contre
son destin.
∆) Pour Vigny, les tragédies classiques représentent des personnages et des actions trop
éloignées de la vie réelle.
Cf.
Vigny : « Le genre bâtard, c'était la tragédie faux antique de
Racine.
Le drame est vrai, puisque, dans une action tantôt comique, tantôt tragique,
suivant les caractères, il finit avec tristesse comme la vie des hommes puissants de
caractère, énergiques de passion ».
II- Le drame romantique : union de l’artifice et du naturel
Pour Vigny, le drame romantique « est vrai ».
A- La préface de Cromwell et le rejet des règles classiques
• Volonté des dramaturges de s’affranchir des règles traditionnelles, jugées trop
contraignantes.
=> Le jeune Victor Hugo refuse les règles, les carcans du classicisme et prend pour modèle
les pièces de Shakespeare.
Hugo : il faut mêler « le sublime et le grotesque.
Volonté de
saisir l’évolution d’un personnage dans le temps, et non plus nécessairement analyser un
caractère au moment d’une crise, comme le faisaient les classiques.
=> La dramaturgie romantique multiplie les personnages et les lieux, mêle le vers et la
prose, le style haut et le style bas, le sublime et le grotesque, le beau et l’horrible (Préface
de Cromwell).
• Souci réalisme : on délaisse parfois le vers pour la prose et on privilégie le pittoresque
et l’émotion.
Évoquer : Bataille d’Hernani et la victoire des jeunes romantiques (et donc
du drame et des héros dorénavant romantiques).
B- Le héros bon et brigand
« Les personnages de l’ode sont des colosses : Adam, Caïn, Noé ; ceux de
l’épopée sont des géants : Achille, Atrée, Oreste ; ceux du drame sont des hommes :
Hamlet, Macbeth, Othello.
L’ode vit de l’idéal, l’épopée du grandiose, le drame du réel ».
• Drame romantique : héros singuliers remplacent les personnages stéréotypés des XVIIe
et XVIIIe siècles.
Hugo voulait rendre vrais ses personnages (pas que tragiques ou
comiques).
=> Héros romantique : individu original.
Marginalité du héros romantique sociale (Ruy Blas
est un laquais amoureux d’une reine)…
• Le héros romantique est comme le spectateur bon et mauvais : on pense aux orgies de
Lorenzo (qui lui valent le surnom péjoratif de Lorenzaccio), à sa vie malsaine.
Et pourtant,
le fond de son cœur est pur.
Il a un idéal.
Hernani : héros courageux mais jaloux !
∆) Le héros romantique ressemble plus au spectateur car il est plus complexe,
moins stéréotypé, il peut être bon et mauvais : on pense....
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